Sous l’ordre du président Abdel-Fattah Al-Sissi, un budget de 100 milliards de L.E. a été débloqué pour la création d’un nouveau réseau routier conforme aux normes techniques internationales. Le projet, entamé en 2015, prévoit la création de 39 nouvelles routes qui seront réalisées sur deux phases. Le budget de ce projet national compte aussi 3 milliards de L.E. pour les travaux d’entretien et de rénovation de quelque 1 724 ponts. Accordant une priorité à ce projet, le président Sissi a exigé que les instances concernées achèvent le projet dans les plus courts délais.
L’une des principales avancées de ce projet est le premier pont flottant d’Al-Nasr qui relie la ville de Port-Saïd à celle de Port-Fouad, inauguré par le président Sissi le 28 décembre dernier. Celui-ci, d’une longueur de 420 mètres au-dessus du Canal de Suez, a coûté 100 millions de L.E. Le 15 décembre dernier, le président a également inauguré les deux premières phases de l’axe routier Rod Al-Farag/Al-Dabaa, un tronçon de 345 km. Réalisé sur 4 phases, cet axe reliera Le Caire au gouvernorat de Marsa Matrouh, sur les frontières ouest avec la Libye. La route devra ensuite passer par les villes de la Côte-Nord de la Méditerranée jusqu’à Dabaa, au nord-est de Matrouh. Les travaux ont commencé en octobre 2015 et devraient s’achever fin 2017. Cette artère est d’autant plus nécessaire qu’il est prévu que la première centrale nucléaire soit installée dans la région de Dabaa.
Ce même mois, d’autres avancées ont pu être observées, comme l’aboutissement des deux premières phases de la route de Qéna/Safaga d’une longueur de 120 km. Cette route relie les ports de Safaga et d’Hurghada, au bord de la mer Rouge, aux villes de la Haute-Egypte. L’objectif est de faciliter les déplacements de la main-d’oeuvre qui vient de Haute-Egypte pour travailler à la mer Rouge.
Autre progrès sur le plan technique, la première autoroute en béton d’Egypte a été achevée mi-avril 2016. Cette voie d’environ 35 km fait la liaison entre Le Caire et la ville portuaire maritime de Suez, connectant ainsi deux des plus importants centres économiques d’Egypte. Ihab Al-Dawi, ingénieur routier, explique que ce revêtement en béton présente de nombreux avantages en comparaison avec les routes en asphalte classique : « Le béton permet plus de durabilité, il offre une tolérance supérieure et une meilleure visibilité (surtout la nuit), il résiste mieux aux conditions climatiques, exige moins d’entretien régulier et améliore ainsi la sécurité routière. Il s’agit d’une des solutions durables et respectueuses de l’environnement ».
Un nouveau réseau de 4 800 km
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’un projet national lancé en 2014 visant à créer un nouveau réseau routier de 4 800 km, et qui représenterait alors 20,4 % de l’ensemble du réseau routier égyptien. En parallèle, le projet oeuvre à améliorer et à renforcer la qualité des routes existantes. Parmi les objectifs affichés de ce projet figurent la réduction du taux d’accidents sur les routes, une amélioration de la circulation, le renforcement des infrastructures et la liaison entre les différentes provinces du pays. Pour les spécialistes, ces démarches favorisent l’ouverture vers plus d’investissements, la création de nouvelles agglomérations urbaines, ainsi que l’augmentation du revenu national.
L’exécution de ce projet national a été confiée à l’Organisme Général des Ponts et des Chaussées (OGPC) en coopération avec l’administration d’ingénierie des forces armées. Un travail qui porte ses fruits puisque l’OGPC a déjà terminé 14 routes et ponts, d’un total de 1 200 km de long et d’un coût de 13 milliards de L.E. Entre autres, l’autoroute régionale Ismaïliya/Banha de 33 km, la route de Suez de 70 km, et la route de Choubra/Banha de 40 km. L’organisme a également achevé les rénovations de l’autoroute de Wadi Al-Natroun/Al-Alamein. Le ministère du Logement est, quant à lui, chargé d’exécuter trois autoroutes de 632 km dans le cadre de ce projet national avec un budget de 2,3 milliards de L.E. Parmi ces autoroutes, celle du « 30 juin », d’une longueur de 102 km, sera construite parallèlement au Canal de Suez. Elle reliera le port de Suez à celui de Damiette, au nord de l’Egypte.
Le ministère travaille également sur un axe routier de 310 km, reliant l’oasis de Farafra, dans la Nouvelle Vallée, au gouvernorat d’Assiout en Haute-Egypte. L’établissement de cette route vise à créer de nouvelles agglomérations urbaines en attirant les habitants de la Nouvelle Vallée. Pour servir ce même objectif, d’autres travaux sont en cours pour la création d’une autoroute de 196 km reliant la ville de Béni-Mazar, dans le gouvernorat de Minya, à la ville de Bawiti dans les oasis de Bahariya. Ce nouvel axe routier permettra ainsi de relier les villes de la mer Rouge à l’oasis de Siwa située sur la frontière avec la Libye.
Au service du développement
Alors qu’aujourd’hui un grand nombre de routes souffrent de détérioration et d’un manque de services, la réforme du réseau routier constitue une avancée importante, selon les spécialistes. D’après un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé, l’Egypte compte parmi les 10 pays au monde dont le taux d’accidents de circulation est le plus élevé. Les routes mal entretenues, l’absence de systèmes de surveillance sur les autoroutes, ainsi que le non-respect du code de la route sont parmi les principales causes d’accidents. « Il existe une véritable défaillance dans le système de l’entretien des routes. Au moins, 12 000 km de routes ont besoin de travaux d’entretien. D’où l’importance de ce projet qui va certainement contribuer à réduire le taux d’accidents de la route. Pour la première fois, certaines routes construites ont été réservées aux camions souvent à l’origine des accidents de la route », indique Ossama Okeil, professeur en ingénierie routière à l’Université de Aïn-Chams. Il affirme que ce réseau de routes sert directement la réforme économique. Une raison expliquant, selon lui, la priorité accordée à ce projet national dont les premières étapes ont été achevées en un temps record. « La mise en place d’un réseau de routes, reliant entre les différentes régions et différents gouvernorats, facilite le transport commercial et encourage l’investissement. Avoir un réseau routier reliant les quatre coins du pays encouragera les investisseurs à établir des projets touristiques, agricoles et industriels dans des zones qui visent à être développées, comme la Nouvelle Vallée, Dabaa et Tochka », explique-t-il. Okeil rajoute que l’objectif de l’Etat est de sortir certaines régions de l’isolation dans laquelle elles sont plongées faute d’accès routiers. Il donne l’exemple du Nord-Sinaï où l’isolation et l’absence d’infrastructures routières rendent les projets de développement difficiles. « Aujourd’hui, une nouvelle autoroute a été créée pour relier les villes du Canal de Suez au Sinaï. Une telle mesure serait très rentable et permettra de développer le Nord-Sinaï et d’y développer des projets agricoles et industriels », souhaite-t-il.
Cette vision est partagée par un autre professeur en ingénierie routière à l’Université de Aïn-Chams, Diaaeddine Al-Nacharti, pour qui il est évident que la mise en place de projets de développement dans les régions concernées améliorera la rentabilité de ces nouvelles routes. « Cela favorisera l’exploitation des régions désertiques pour créer de nouvelles agglomérations urbaines et ainsi développer des activités industrielles et agricoles. Des facteurs d’attraction pour les investisseurs », explique Al-Nacharti. Toutefois, il souligne la nécessité d’une étude préalable globale et complémentaire sur la nature, les richesses et les besoins de chaque région. Al-Nacharti appelle à désigner une instance chargée de vérifier la conformité des routes créées ou rénovées aux normes techniques internationales. « Les instances concernées surveillent strictement la conformité des travaux effectués aux normes de qualité », rassure Okeil. Le général Adel Turc, président de l’Organisme des routes et des ponts, explique que la rénovation du réseau routier actuel s’établit en parallèle à la création du nouveau réseau. « Les travaux d’entretien et de rénovation des infrastructures de l’ancien réseau routier visent à augmenter sa performance. Une priorité aussi importante que l’installation d’un nouveau réseau », souligne-t-il.
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