Dimanche, 16 février 2025
Al-Ahram Hebdo > Arts >

Cinéma : Sur grand écran, la francophonie se débat

Houda Belabd, Mardi, 19 mars 2013

Avec seulement 3,2 % de francophones, l’Egypte arrive à se faire, malgré tout, une place parmi les pays de l’Organisation internationale de la francophonie.

Cinema
Hiver nomade a été projeté lors des dernières journées du film francophone.

L’Institut Français d’Egypte de Mounira a organisé la semaine der­nière des journées du film franco­phone (du 17 au 21 mars). Une occasion pour revisiter quelques films tournés au Mali, en France, en Egypte et ailleurs.

D’après des spécialistes, le pays des pharaons qui regorge de mer­veilles cinématographiques n’a pourtant emprunté à l’Hexagone que le savoir-faire en la matière. Les documentaires, courts et longs métrages francophones, eux, préfè­rent briller sous les feux des projec­teurs des grands festivals français, canadiens, maghrébins ou panafri­cains.

Tamer Samy, un réalisateur fran­cophone, admet que l’anglais occupe une place nettement plus importante que la langue française. Cependant, selon ses dires, « les deux siècles derniers, les tendances françaises du septième art ont occupé une place prépondérante en Egypte. A titre d’exemple, le mouvement fran­çais dit nouveau réalisme s’est emparé des écrans lors des années 1970 et 1980. Parmi les cinéastes qui ont développé ce courant, on relève Mohamed Khan, Khairy Béchara et Atef Al-Tayeb ».

Les réalisateurs égyptiens sont de plus en plus éblouis par le cinéma américain, aspect esthético-commer­cial oblige. Ce qui n’est pas sans déteindre sur leurs oeuvres. « L’anglophilie des cinéastes et du public est telle que les salles ont beaucoup du mal à ouvrir leurs portes aux oeuvres francophones. Plusieurs paramètres socioculturels en sont responsables, dont le finan­cement de la distribution dicté par l’intérêt des masses, condition sine qua non de la réussite de l’oeuvre au niveau local », ajoute-t-il.

Pour Ashraf El-Bayoumi, critique de cinéma, tant que l’Egypte ne pos­sédera pas au moins trois festivals nationaux dédiés à la francopho­nie — comme d’autres sont dédiés au cinéma européen ou internatio­nal — l’avenir et l’expansion du film francophone à l’échelle locale restent incertains.

Si l’Institut Français d’Egypte mène à bien ses festivals en la matière, ils restent, comme le constatent les observateurs, sélectifs et préférentiels sans oublier que les films égyptiens qui y sont exposés lors des festivités francophones ne sont pas tous tournés en langue fran­çaise. Des films typiquement fran­çais et d’autres tournés en arabe — mais sous-titrés en fran­çais — s’ajoutent souvent aux listes proposées. Les ambassades des pays d’expression française, telles la Belgique ou la Suisse, ainsi que les autres ambassades dont les pays sont membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) devraient redoubler d’efforts dans l’optique de donner un coup de pouce au film francophone. El-Bayoumi ajoute qu’il croit dur comme fer en l’existence de la fran­cophonie dans son pays, sans oublier que la France et le français ont beau­coup offert au cinéma local.

Quoi qu’il en soit, les réalisateurs égyptiens francophones et franco­philes persistent et signent. Pour eux, le seul défi à relever reste l’ou­verture au cinéma des pays membres de l’OIF. Mais le financement demeure souvent problématique ...

Pour Ashraf El-Bayoumi, spécia­liste du cinéma euro-maghrébin, le Fonds francophone de production audiovisuelle des pays francophones du Sud assure, depuis 1988, la ges­tion des projets cinématographiques et télévisuels, tout en assurant les promotions dans les festivals et mar­chés. En 2012, le fonds est doté de 1,3 million d’euros répartis à parts égales entre les pays francophones. Les films tournés en langues locales sont aussi soutenus par ledit fonds, à condition d’être sous-titrés en lan­gue française. Ce fut, à titre d’exemple, le cas du film « 2 filles d’Egypte ». Une oeuvre qui en a séduit plus, il y a deux ans, lors de la 17e édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. « C’est parce qu’il est le premier film à participer à une manifestation cinématographique internationale depuis la révolution du 25 janvier », indique son réalisa­teur Mohamed Amin. Ce dernier a fait face à des avalanches d’admo­nestations dans son pays à cause de l’épineuse question du célibat des femmes, exposée dans le film, pro­jeté justement dans le cadre des dernières journées du film franco­phone.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique