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Ahmad Qandil : L’Egypte ne doit pas dépendre d’une seule source

Amira Samir, Mercredi, 30 novembre 2016

Ahmad Qandil, directeur du programme des études énergétiques au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, explique les problèmes énergétiques qu’affronte l’Egypte. Entretien.

Ahmad Qandil : L’Egypte ne doit pas dépendre d’une seule source
Ahmad Qandil

Al-Ahram Hebdo : La suspension des livraisons d’hydrocarbures saoudiens a-t-elle eu de lourdes conséquences sur le marché égyp­tien ?

Ahmad Qandil : Les hydrocarbures livrés par la compagnie nationale pétrolière saoudienne, Aramco, (700 000 tonnes de produits pétroliers par mois) étaient payés à des taux préférentiels. Autrement dit, l’Egypte payait ces produits à long terme avec un taux d’intérêt d’environ 1,5 % seu­lement. Des conditions d’achat très favorables pour le pays, puisque l’ac­quisition de ces hydrocarbures n’avait pas de grand impact sur le budget annuel. C’est pourquoi la décision inattendue d’Aramco de suspendre la livraison de ces produits a été pertur­bante pour le pays. Mais de façon générale, l’Egypte a les capacités de combler ce déficit sans que cela vienne déséquilibrer le marché.

— Quelles sont les alternatives dont dispose Le Caire ?

— L’Egypte a lancé des appels d’offres sur les marchés internatio­naux pour importer la quantité de pétrole dont le pays a besoin. De hauts responsables égyptiens se sont égale­ment entretenus avec d’autres pays arabes « frères » comme le Koweït, les Emirats arabes unis, l’Iraq et la Libye. Plusieurs accords ont déjà été signés et sont sur le point d’être appli­qués.

— Pensez-vous que ces nouveaux accords permettent de subvenir aux besoins pétroliers du pays ?

— N’importe quelle démarche per­mettant d’acquérir de nouveaux parte­naires est un pas en avant pour notre sécurité énergique, et celle-ci passe avant tout par la diversification des partenaires. L’Egypte ne doit pas dépendre d’une seule source pour subvenir à ses besoins en hydrocar­bures, et nous travaillons actuellement à cette diversification.

— A votre avis, qui sera le grand gagnant de ces accords, l’Egypte ou ses partenaires étrangers ?

— Cela dépendra de chaque contrat. Dans le passé, le domaine pétrolier était extrêmement corrompu, ce qui influençait les bénéfices réels du pays. Aujourd’hui, nous connaissons les erreurs à ne pas répéter et nos négo­ciateurs font tout leur possible pour réussir à obtenir des clauses favo­rables à l’Egypte. A noter que les députés étudient également les articles de ces contrats avant qu’ils ne soient signés.

— Qu’en est-il des récentes découvertes dans le secteur ?

— Ces dernières années, plusieurs champs pétroliers et gaziers ont été découverts, et leur production parti­cipe déjà à combler une partie des besoins en hydrocarbures du pays. Le gouvernement égyptien prévoit l’arri­vée à une autosuffisance en gaz natu­rel d’ici 2020. Et les investissements effectués dans les énergies renouve­lables, notamment l’énergie solaire, devraient jouer un grand rôle dans les prochaines années également.

— Pensez-vous que ce projet d’autosuffisance soit réalisable ?

— Je suis optimiste concernant la période à venir. Le gouvernement égyptien travaille très dur sur ce dos­sier. Cependant, nous avons un pro­blème de transparence et de commu­nication interne. Les différents appa­reils de l’Etat cachent beaucoup d’in­formations concernant les capacités de production ou les clauses des contrats aux experts et aux députés, ce qui pose de réels problèmes.

— Comment évaluez-vous le plan de réforme des subventions des pro­duits pétroliers ?

— Au départ, le gouvernement vou­lait appliquer le système de la carte intelligente pour rationaliser les sub­ventions avec l’objectif qu’elles soient destinées à ceux qui en ont vraiment besoin. Mais en fait, ce système n’est pas du tout « intelligent ». Il a déjà été appliqué dans le domaine du pain et il a totalement échoué, notamment à cause des problèmes de corruption.

— Quelle solution reste-t-il alors ?

— D’après moi, la solution qui sera d’ailleurs rejetée par beaucoup d’ex­perts est d’annuler les subventions à l’énergie et d’utiliser l’argent ainsi économisé dans la lutte contre la cor­ruption qui touche ce domaine. Mais pour le moment, la réforme des sub­ventions des produits pétroliers est toujours en train d’être étudiée.

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