Comme c’est le cas régulièrement depuis plusieurs mois, le «
Rassemblement », qui regroupe une partie de l’opposition autour de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi, a appelé à une manifestation samedi dernier, près du parlement de la République démocratique du Congo, pour réclamer le départ du président congolais Joseph Kabila le 20 décembre, date de la fin de son mandat. Mais contrairement aux précédents appels, aucun manifestant ou dirigeant d’opposition n’était au rendez-vous, alors que la police bouclait les accès à la résidence de Tshisekedi et au quartier général de son parti, l’UDPS. S’agit-il là d’un affaiblissement de l’opposition ou d’une amorce de sortie de crise? Rien n’est sûr pour l’instant, sinon que le régime tente d’apaiser le climat politique général. En effet, l’échec de la manifestation de samedi est intervenu 48 heures après la décision du président Joseph Kabila, de nommer Samy Badibanga, député issu du premier groupe parlementaire de l’opposition, au poste de premier ministre. Agé de 54 ans et élu de Kinshasa, M. Badibanga était l’adjoint de Vital Kamerhe, modérateur de l’opposition au «
dialogue national » et initialement donné favori à ce poste de premier ministre. A l’issue de ce dialogue, un accord politique avait été signé le 18 octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l’opposition. Les signataires avaient alors convenu du report des élections à une date indéterminée et de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par un premier ministre de l’opposition.
Or, cet accord n’inclut pas la totalité de l’opposition, ce qui n’annonce pas une réelle sortie de crise. Faisant fi de cette vérité, Kabila, a assigné au gouvernement dirigé par ce nouveau premier ministre la mission d’organiser les prochaines élections. Il a affiché sa détermination, refusant de s’écarter de « l’accord politique » qu’il considère comme « la seule feuille de route mise au point par les Congolais eux-mêmes » pour résoudre la crise née du report de la présidentielle. Mais cet accord est rejeté par le « Rassemblement », qui représente la majeure partie de l’opposition réunie autour du parti de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi.
La nomination du nouveau premier ministre peut donc apaiser le taux de tension entre le pouvoir et une partie de l’opposition seulement, alors que la RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011. Une crise qui s’est envenimée ces derniers mois à l’approche de la fin du mandat de Kabila, le 20 décembre, et par des accusations lancées contre ce dernier par l’opposition de vouloir se maintenir au pouvoir.
Cité par l’AFP, le politologue congolais, Justin Kankwenda Mbaya, a estimé que « Samy Badibanga est une solution cosmétique » et que son choix vise « à diviser l’UDPS ». En plus, selon une source proche de la direction de l’UDPS, également citée par l’AFP, la nomination de M. Badibanga « est un non-événement » pour ce parti d’opposition. « Cela fait longtemps que Badibanga ne fait plus partie de l’UDPS ».
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