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Un verdict qui fait du bruit

May Atta, Lundi, 21 novembre 2016

Le président du syndicat des Journalistes, Yéhia Qallache, et deux membres du conseil du syndicat ont été condamnés cette semaine à deux ans de prison avec sursis pour avoir donné refuge en mai dernier à deux journalistes recherchés par la police.

Yéhia Qallache, président du syndicat des Journalistes, et les deux membres du conseil d’administration, Khaled Al-Balchi, chef de la commission des libertés au syndicat, et Gamal Abdel-Réhim ont été condamnés samedi 19 novembre à deux ans de prison chacun avec sursis, pour avoir abrité deux journalistes recherchés par la justice. Le tribunal a par ailleurs fixé à 10000 L.E. le montant de la caution qu’ils devront payer chacun pour rester en liberté avant un éventuel appel. La condamnation à la prison du président du syndicat des Journalistes est sans précédent en Egypte depuis la fondation du syndicat en 1941.

En réaction à ce verdict, le conseil d’administration du syndicat a décidé de convoquer une réunion urgente ce mercredi pour examiner les mesures à prendre face à ce que certains membres qualifient « d’agression contre la liberté de la presse et des médias ».

En outre, des dizaines de journalistes ont protesté samedi devant le syndicat afin d’exprimer leur refus du verdict.

L’histoire remonte au 1er mai lorsque des policiers avaient forcé l’entrée du bâtiment du syndicat des Journalistes pour y arrêter les journalistes Amr Badr et Mahmoud Al-Saqqa, qui s’étaient réfugiés au syndicat après les manifestations du 25 avril contre la rétrocession par l’Egypte des deux îles de Tiran et Sanafir à l’Arabie saoudite. Une quarantaine de policiers avaient alors fait irruption au sein du syndicat pour arrêter les deux journalistes. Les deux journalistes libérés en août dernier étaient accusés d’avoir publié de fausses informations, de comploter et d’inciter à la violence contre l’Etat, dans le contexte des manifestations contre la rétrocession des îles de Tiran et Sanafir à l’Arabie saoudite, alors qu’une loi interdit depuis novembre 2013 tout rassemblement non autorisé par le ministère de l’Intérieur.

La condamnation de Qallache et des deux membres du conseil soulève différentes réactions dans les rangs des journalistes. Salah Eissa, secrétaire général du Conseil Suprême de la Presse (CSP), pense que : « Cette condamnation n’est pas normale. Le Parquet général n’a pas examiné jusqu’à présent la plainte présentée par le syndicat des journalistes contre le ministre de l’Intérieur, mais il a examiné celle du ministère contre le syndicat ».

Khaled Al-Balchi, un des condamnés, assure qu’il n’existe aucune preuve que le président du syndicat a abrité les deux journalistes recherchés. « Qallache, lorsqu’il a su que les deux journalistes s’étaient réfugiés au syndicat, a essayé de contacter le procureur général et le Parquet général plusieurs fois afin de délivrer Amr Badr et Mahmoud Al-Saqqa », assure Al-Balchi. Et d’affirmer qu’il entendait, lui et les deux autres condamnés, faire appel du verdict.

Nachwa Al-Dib, députée et vice-présidente de la commission des médias au parlement, a un autre avis. « Le président du syndicat et le conseil d’administration ont agi contre la loi en donnant refuge à deux personnes recherchées. La plupart des journalistes n’acceptent pas cet agissement. Nous sommes tous égaux devant la justice même si on est président du syndicat. Qallache aurait dû livrer les accusés à la police et parce qu’il ne l’a pas fait, il doit être condamné ».

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