Lors de sa première tournée internationale, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est rendu vendredi 1er à Ankara — cinquième étape de sa tournée en Europe et dans les pays arabes — pour y parler notamment du conflit en Syrie. Cependant, son séjour a pris une autre tournure avec la polémique créée par le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, assimilant sionisme aux crimes contre l’humanité.
Ainsi, la dégradation des relations entre la Turquie et Israël, deux alliés américains, s’est invitée au menu des discussions de l’étape turque. « Non seulement nous ne sommes pas d’accord avec ce discours, mais nous le trouvons contestable », a dénoncé M. Kerry, inquiet des dégâts que pourrait provoquer ce discours sur les relations compliquées entre ses deux alliés. Le responsable américain a insisté sur la nécessité de raviver la coopération historique entre les deux pays. Lors de la réunion de l’Onu à Vienne la semaine dernière, M. Erdogan avait lancé des propos acerbes contre le sionisme. « Comme c’est le cas pour le sionisme, l’antisémitisme et le fascisme, il devient inévitable de considérer l’islamophobie comme un crime contre l’Humanité », avait-il affirmé.
Le fait de définir le sionisme comme un crime contre l’humanité, au même titre que le fascisme, a suscité la polémique. « C’est une déclaration sombre et mensongère d’un genre qu’on pensait révolu dans ce monde », a réagi pour sa part le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Cette déclaration a été accueillie avec consternation par le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, qui l’a jugée « maladroite » et « blessante ».
Se levant contre cette vague de protestation, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a estimé que la Turquie avait le droit de critiquer Israël :« Nous n’avons jamais eu aucune déclaration hostile contre aucun pays ou nation. Mais si on veut parler d’attitude hostile, on peut qualifier d’attitude hostile le massacre sanguinaire en haute mer de neuf de nos concitoyens civils qui n’avaient commis aucune infraction ».
L’assaut d’un commando israélien en 2010 contre un navire humanitaire à destination de Gaza, qui s’était soldé par la mort de neuf ressortissants turcs, a entraîné une rupture diplomatique entre les deux pays, autrefois alliés stratégiques.
Israël est devenu, depuis quelques années, l’une des cibles privilégiées des colères d’Erdogan. En tentant d’atténuer toute divergence entre ses alliés turcs et israéliens, Washington s’efforce de garantir la sécurité de son enfant gâté — Israël — au milieu des graves bouleversements politiques qui secouent le Moyen-Orient depuis deux ans l
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