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L’impossible réconciliation

Aliaa Al-Korachi, Mercredi, 12 octobre 2016

De La Mecque à Doha en passant par Le Caire et Sanaa, la réconciliation interpalestinienne cumule les échecs. Retour sur les principales étapes d'un processus qui n'a toujours pas porté de fruits.

L’impossible réconciliation

Accord de La Mecque 2007

Les affrontements armés entre les partisans des deux factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas, causant la mort de plus de 100 personnes en Cisjordanie et à Gaza, notamment après l’annonce par Mahmoud Abbas de la tenue d’élections anticipées fin décembre 2006, poussent l’Arabie saoudite à appeler les principaux dirigeants palestiniens au dialogue dans la monarchie saoudienne. Après deux jours de négociations, Mahmoud Abbas et Mohamad Dahlan, représentants du Fatah, et Ismaïl Haniyeh et Khaled Mechaal, représentants du Hamas, concluent un accord le 8 février 2007 à La Mecque. Celui-ci est censé mettre fin à la violence et mettre immédiatement en place un gouvernement d’union nationale. Neuf ministères sont attribués au Hamas dont ceux de l’Economie, du Travail et de la Justice, six au Fatah, qui garde le pouvoir exécutif, le siège de vice-premier ministre et les ministères de la Santé, des Affaires sociales, des Travaux publics, du Transport, des Affaires des prisonniers et des Affaires étrangères. La sécurité, grand point de discorde, n’a été mentionnée que vaguement et sans détail dans l’accord qui stipule la formation d’un conseil national de sécurité. Le 17 mars, un gouvernement d’union dirigé par Ismaïl Haniyeh est formé. Toutefois, il n’a duré que trois mois. Les hostilités entre les deux mouvements reprennent et le Hamas contrôle totalement la ville de Gaza en juin 2007, séparant de facto les territoires palestiniens en deux blocs, la Cisjordanie sous le contrôle du Fatah et Gaza contrôlée par le Hamas. Le gouvernement Haniyeh est immédiatement dissous par Mahmoud Abbas, qui le remplace par un nouveau gouvernement d’urgence, dirigé par Salam Fayyad.

Déclaration de Sanaa 2008

Un an après la tentative avortée de La Mecque, à l’initiative du Yémen, les deux partis rivaux acceptent de reprendre le dialogue bloqué. Un nouvel accord de réconciliation entre les deux factions est signé en février 2008 dans la capitale yéménite. Le document, intitulé « Déclaration de Sanaa », a été signé par Azzam Al-Ahmad, chef du groupe parlementaire du Fatah, et le numéro deux du bureau politique du Hamas, Moussa Abou-Marzouk, en présence du président yéménite Ali Abdallah Saleh. L’initiative réclame le retour au statu quo d’avant juin 2007, la formation d’une commission régionale pour superviser les efforts d’unité nationale et la nécessité pour les institutions politiques palestiniennes d’inclure toutes les factions. Cette initiative a échoué comme la précédente puisque les disputes ont éclaté à peine quelques heures après son annonce autour de quand et comment les négociations entre les groupes auraient lieu. Alors que les tensions faisaient rage, Israël a lancé une attaque dévastatrice de trois semaines sur Gaza appelée l’opération Plomb durci provoquant la mort de 1 400 Palestiniens et démolissant une grande partie de l’infrastructure de Gaza.

Accord de consensus national au Caire 2011

Quelques mois après la chute de Moubarak, un autre accord est scellé au Caire, entre le Fatah et le Hamas, le 4 mai 2011 sous l’égide des services de renseignements égyptiens. Celui-ci a été signé par le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Khaled Mechaal. Il s’agissait d’une première rencontre entre ces deux dirigeants depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le mouvement islamiste. L’accord du Caire prévoyait la formation d’un gouvernement d’indépendance pour préparer des élections présidentielles et législatives dans un délai d’un an, ainsi que la réintégration des forces du Fatah à Gaza et des membres du Hamas en Cisjordanie. Ce plan est resté lettre morte en raison des divergences notamment sur les modalités d’application, ainsi que le désaccord sur la direction du gouvernement de transition. La candidature de Salam Fayyad avancée par le Fatah est refusée par le Hamas.

La Déclaration de Doha 2012

Dans la capitale du Qatar, Doha, Khaled Mechaal et Mahmoud Abbas signent en février 2012 un accord en présence de l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, lors d’une cérémonie retransmise en direct à la télévision. La « Déclaration de Doha » prévoit la formation d’un gouvernement d’entente nationale dirigé par le président Abbas et formé de technocrates indépendants, pour faciliter la tenue des élections, afin de mettre un terme à des mois de discussions stériles sur le choix du premier ministre, et entamer la reconstruction de la bande de Gaza. La Déclaration de Doha ne précise pas de date pour la tenue de ces élections, initialement prévues en mai 2012 selon l’accord de réconciliation conclu au Caire en avril 2011.

L’opposition d’une partie des dirigeants du Hamas fait échouer cette tentative. Mahmoud Zahar, dirigeant du mouvement islamiste critique l’accord conclu entre son mouvement et son rival du Fatah en le qualifiant « d’erreur » ayant provoqué une crise au sein de sa formation. La répression des membres du Hamas en Cisjordanie et des membres du Fatah à Gaza continue.

L’Accord de Gaza, avril 2014

Signé à Gaza-ville, un accord d’unité nationale est annoncé par le Hamas et l’OLP le 24 avril 2014, cette fois-ci sans médiation arabe. La chute du régime des Frères musulmans a été parmi les facteurs qui ont poussé le Hamas à prendre une telle démarche. Le Fatah, pour sa part, désespéré par le blocage des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne et la colonisation accrue en Cisjordanie, n’hésite pas à signer l’accord. Cet accord prévoit la formation d’un gouvernement de technocrates en cinq semaines, et la tenue d’élections législatives et de l’exécutif en six mois, au lieu d’un an, comme indiqué précédemment. L’Accord de Gaza avait réclamé une réforme immédiate de l’OLP afin d’inclure le Hamas et ses alliés au processus formel de prise de décision. Deux ans après, cette réconciliation est toujours dans l’impasse et rien n’a changé sur le terrain. Le gouvernement formé d’indépendants et approuvé par le Hamas et le Fatah, en 2 juin 2014, n’a effectué que de rares visites à Gaza, alors que les élections promises dans un délai de six mois après la formation du gouvernement n’ont jamais vu le jour.

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