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3 questions à Ramzy Roumeh : Daech n’a pas d’autre choix que de quitter ce pays ou d’y périr

Ahmad Eleiba, Jeudi, 06 octobre 2016

Ramzy Roumeh, ancien conseiller auprès de l’armée libyenne sur la guerre contre Daech.

Ramzy Roumeh : Daech n’a pas d’autre choix que de quitter ce pays ou d’y périr
Ramzy Roumeh

Al-Ahram Hebdo : Certains observateurs estiment que la Libye est sur le point de tourner la page de Daech, et que ce groupe terroriste est désormais en déroute. Etes-vous d’accord ?

Ramzy Roumeh : La situation a commencé à changer et l’on se dirige vers une expulsion de ces milices djihadistes. Les groupes islamistes armés en Libye ont pris plusieurs dénominations depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, comme Al-Mouqatila, Al-Qaëda et Daech, etc. Ils se sont basés dans la région de Barqa qui s’étend de la frontière avec l’Egypte jusqu’à Syrte et ont trouvé dans le chaos un terreau propice à leur prolifération. La lutte contre Daech se fait à deux niveaux. Au niveau social, on peut dire que la société libyenne a rejeté ces groupes et milices considérés comme faisant partie d’un complot ourdi contre le pays. Le deuxième niveau de lutte concerne le réveil sécuritaire qui a accompagné le lancement de l’opération « Dignité » par le général Khalifa Haftar. En ce mois d’octobre, la plus importante communauté tribale dans cette région, dirigée par les Jbarnas, a signé un document de soutien à l’armée et au général Haftar pour l’élimination totale de ces groupuscules. Ce qui a été suivi par une série de réunions avec Haftar et des responsables égyptiens et tchadiens en vue de la sécurisation des frontières contre l’infiltration de ces éléments vers les pays voisins. Actuellement, la tendance générale en Libye s’oriente vers la formation d’une coalition militaire tribale pour la reprise du contrôle des régions dominées par les milices armées. La Libye n’est pas un terreau propice au terrorisme, et par conséquent, Daech n’a pas d’autre choix que de quitter ce pays ou d’y périr.

— Pensez-vous que l’offensive contre Daech à Syrte constitue un tournant dans la guerre contre ce groupe ?

— Cette offensive a été l’oeuvre d’une ingérence militaire étrangère menée par les Etats-Unis. C’est donc une tentative pour redorer le blason dudit Conseil présidentiel. Si les Etats-Unis étaient sérieux dans la lutte contre le terrorisme, pourquoi n’ont-ils pas intervenu plus tôt au lieu de laisser Daech progresser à Syrte et au-delà ? Ceci nous ramène aux déclarations des présidents russe, Vladimir Poutine, et égyptien, Abdel-Fattah Al-Sissi, sur la dualité de la politique antiterroriste de la communauté internationale.

— La rivalité politique entre Tobrouk et Tripoli risque-t-elle de favoriser la reconstruction de Daech ?

— En attendant les élections, nous allons accepter, à contrecoeur, le Conseil présidentiel pour sauver la Libye. Parce que nous ne voulons pas d’un gouvernement de tutelle imposé par l’Occident, comme celui de Karzai en Afghanistan. On se prépare déjà pour les prochaines élections, et dans 5 ans, de nouvelles et jeunes figures apparaîtront sur la scène et amèneront le changement.

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