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Moscou dans le collimateur des Occidentaux

Inès Eissa avec agences, Mercredi, 28 septembre 2016

Le bras de fer entre la Russie et l'Occident a pris de nouvelles proportions suite à la reprise des bombardements intensifs d'Alep par Damas et Moscou, éloignant davantage tout espoir de règlement de la crise syrienne.

Moscou dans le collimateur des Occidentaux
A la fin de la trêve en Syrie, d'intenses combats ont repris à Alep. (Photo : Reuters)

Après l’effondrement de la trêve, Alep est redevenue le champ de bataille principal de l’armée syrienne soutenue par l’aviation russe. La guerre a repris de plus belle, à tel point que la ville martyre a vraisemblablement réveillé la conscience mondiale sans pour autant aboutir à l’arrêt des atrocités commises. En effet, les pays occidentaux ont mis Moscou en accusation, dimanche, au Conseil de sécurité de l’Onu, réuni d’urgence à New York, alors qu’Alep continuait d’être bombardée sans relâche par les avions du régime syrien et de son allié russe. Le Conseil se réunissait à la demande des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Ces pays veulent stopper l’offensive aérienne lancée vendredi dernier par le régime et la Russie, pour faire tomber les quartiers insurgés d’Alep, ce qui marquerait un coup d’éclat pour Damas dans le conflit. Car la Russie a clairement été désignée comme la responsable de la reprise des combats, et ce, dans un communiqué commun publié par l’Union Européenne (UE), les Etats-Unis et les ministres des Affaires étrangères de quatre pays de l’UE (France, Italie, Allemagne et Grande-Bretagne). « Il appartient à la Russie de prouver qu’elle est disposée et qu’elle est capable de prendre des mesures exceptionnelles pour sauver les efforts diplomatiques », avertissent les signataires.

L’ambassadrice américaine à l’Onu, Samantha Power, a elle aussi eu des mots très durs pour Moscou, parrain avec Washington du processus diplomatique en Syrie actuellement dans l’impasse. « Ce que la Russie soutient et fait (à Alep), ce n’est pas de la lutte anti-terroriste, c’est de la barbarie », a-t-elle lancé, rejetant ainsi le principal argument russe, selon lequel Moscou frappe des groupes terroristes. Moscou « abuse du privilège historique » d’être membre permanent du Conseil avec droit de veto, a-t-elle affirmé. En ajoutant : « L’Histoire ne sera pas tendre avec les pays du Conseil qui restent silencieux face à ce carnage ».

En guise de réponse, son homologue russe, Vitali Tchourkine, a répété les conditions posées par Moscou, notamment la nécessité de séparer opposition modérée et groupes extrémistes comme le Front Al-Nosra. Tchourkine a rejeté la responsabilité de l’impasse sur la coalition internationale conduite par Washington. « Des centaines de groupes ont été armés, le pays a été bombardé sans discernement », a-t-il dit. « Dans ces conditions, ramener la paix est désormais une tâche presque impossible ».

En fait, la fragile trêve négociée par Washington et Moscou n’a tenu qu’une semaine avant de prendre fin lundi, 19 septembre. Depuis, les efforts diplomatiques menés en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, qui commençaient le même jour, ont échoué. D’abord, les désaccords entre Américains et Russes, notamment sur la désignation des extrémistes, rend l’aboutissement à un accord très difficile. « Aux yeux des Russes, il est très difficile de distinguer les forces de l’opposition modérée des combattants terroristes, dont ceux du Front Al-Nosra, surtout à Alep. D’ailleurs, ceci explique la violence des frappes contre cette ville », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, « dans une perspective de trêve permanente, Alep revêt une importance stratégique pour l’opposition et pour le régime, d’où la violence inouïe des combats dans cette ville ». Et, « tant que les Américains et les Russes n’arrivent pas à s’accorder sur des critères bien définis pour distinguer les forces considérées par les Russes comme terroristes, il n’y aura pas beaucoup de chances de conclure une trêve viable et durable ».

L’Onu impuissante

Toutefois, malgré l’intensification des combats, la Russie n’a pas fermé la porte à un rétablissement de la trêve. « C’est l’objectif que nous aimerions avoir, de même que la reprise de négociations », a déclaré Vitali Tchourkine. Mais à condition, a-t-il ajouté, qu’il s’agisse d’un effort « collectif » et pas seulement de la part de Moscou. Autant d’accusations et de contre-accusations qui ne risquent pas d’arranger les choses, d’autant plus que la situation s’est transformée en un conflit entre Washington, l’Union européenne et Moscou. L’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a évoqué une saisine de la Cour pénale internationale, compétente pour les crimes de guerre. La dernière tentative du Conseil pour le faire s’était soldée par un veto russe. « Des crimes de guerre sont commis » à Alep et ils « ne peuvent pas rester impunis », a affirmé l’ambassadeur français François Delattre. Il a accusé Damas et Moscou de poursuivre une solution militaire en Syrie et de se servir des négociations comme d’un « écran de fumée ».

Face à ces accusations et contre-accusations entre Moscou et les capitales occidentales, l’Onu reste, comme de coutume, impuissante. Le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, a simplement exhorté les grandes puissances à redoubler d’efforts pour « mettre fin au cauchemar » en Syrie, dénonçant « de nouveaux niveaux de barbarie ».

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