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Affaires : L’accord avec le FMI nourrit des espoirs mesurés

Marwa Hussein, Mercredi, 28 septembre 2016

Lors de la conférence Euromoney, les investisseurs ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis du taux de change en espérant que le récent accord avec le FMI améliorera la situation économique égyptienne.

Affaires : L’accord avec le FMI nourrit des espoirs mesurés
Chris Jarvis, chef de la mission du FMI (à gauche), avec le ministre égyptien des Finances, Amr Al-Garhi, lors de la signature de l'accord le 11 août. (Photo : AFP)

A l’ouverture de la 21e édition de la conférence Euromoney au Caire la semaine passée, un sondage sur le récent accord entre l’Egypte et le FMI a été conduit. 80 % des personnes interrogées, dont la majorité provient du secteur privé, d’institutions internationales et des organismes gouvernementaux ont affirmé que l’accord est positif pour l’économie égyptienne. Cependant, seuls 29 % pensent qu’il sera profitable à tous les Egyptiens. L’effet social de l’accord semble un point controversé même parmi ses supporteurs les plus ardents. L’accord avec le FMI et les réformes économiques qui l’accompagnent ont été au centre du débat lors de la conférence à laquelle trois ministres ont assisté. Selon l’accord, l’Egypte va emprunter 12 milliards de dollars au FMI sur trois ans, il devra également assurer un financement supplémentaire de 9 milliards de dollars, provenant d’autres sources, au cours de la même période. Les ministres comme les investisseurs ont accueilli avec optimisme l’accord estimant qu’il représente un témoignage de confiance dans l’économie égyptienne qui encouragera les investisseurs étrangers.

« L’activité économique a été ralentie pendant quatre années consécutives, avec une croissance entre seulement 1 et 2 %, accompagnée par une hausse des dépenses étatiques qui a mené à une hausse du déficit budgétaire. Une situation insoutenable sans activité économique conséquente », résume Amr Al-Garhi, ministre des Finances, ajoutant qu’un déficit budgétaire de plus de 10 % pendant une longue période affaiblit la posture économique du pays et encourage l’inflation. Cette dernière a atteint 15,5 % en août. Selon le ministre, le déficit budgétaire aurait dû atteindre 16 % en 2013/14, sans la baisse des subventions qui a eu lieu à l’époque. L’accord avec le FMI est accompagné par des réformes économiques douloureuses et impopulaires dont l’application de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), en octobre prochain, ainsi qu’une dévaluation de la livre égyptienne prévue avant la fin de l’année. La régression du tourisme et l’absence d’investissements étrangers ont affecté le flux des devises étrangères, facteur-clé de la crise actuelle selon les différents interlocuteurs lors de la conférence. « Les investisseurs sont préoccupés par le taux de change mais ils ont aussi perdu confiance dans l’économie égyptienne à cause de diverses constatations ces cinq dernières années, comme le déficit budgétaire et les aides d’autres pays. L’accord avec le FMI signifie que nous avons reconnu nos problèmes et que nous avons trouvé une méthode pour leur faire face. Je crois que cela va soulager les investisseurs », dit Tareq Tantawy, directeur général adjoint de CI Capital.

Reprise peu probable

Avec une dévaluation dans l’air et un marché noir florissant pour les devises étrangères, une reprise de l’activité économique est peu probable. Les investisseurs ne veulent pas voir la valeur de leurs investissements baisser au lendemain de la dévaluation, ils veulent aussi être rassurés de pouvoir rapatrier leurs profits. « La situation est difficile pour tous les investisseurs, y compris nos partenaires, le taux de change actuel ne permet pas aux milieux d’affaires d’assurer les liquidités nécessaires pour fonctionner. La dévaluation de la livre est indispensable », dit Ashraf Ghazali, chef exécutif de NI Capital, lors de la session sur l’environnement macro-économique. Ahmad Badr, Senior Executive Officer Moyen-Orient et Afrique du Nord chez Renaissance Capital, prévoit un taux de change officiel entre 11 et 12 livres le dollar alors que Patrique Werr, journaliste financier indépendant résidant en Egypte, prévoit 13 livres pour un dollar. D’autres se sont abstenus de donner des estimations.

Le taux de change officiel est à moins de 9 livres le dollar alors que sur le marché noir, il a atteint 12,8 L.E. Sans mentionner son indisponibilité. « Une dévaluation soudaine de la livre pourrait avoir des effets négatifs mais la Banque Centrale d’Egypte (BCE) doit aller dans cette direction. Comment pouvons-nous réduire les dépenses tout en augmentant les recettes fiscales avec le taux de change actuel ? C’est une affaire compliquée », ajoute Angus Downie, économiste en chef auprès de la Banque africaine de développement. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Tareq Qabil, a dit qu’un flottement de la livre est nécessaire sur le long terme. « C’est une décision qui relève de la BCE, j’espère qu’elle aura lieu au maximum dans un an ». Les ministres ont essayé de rassurer, affirmant que l’effet social des réformes ne sera pas néfaste avec l’exemption des produits de base de la TVA ainsi qu’un plan pour élargir la base des bénéficiaires des aides financières de 2 à 3 millions de personnes. Des mesures limitées par rapport à l’ampleur des réformes entreprises dans d’autres pays et qui ont touché des millions de personnes.

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