Sous la forte pression de la communautéinternationale, le régime du président syrien, Bachar Al-Assad, a annoncépour la première fois qu’il était prêt au dialogue avec les rebelles armés. En visite àMoscou, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Al- Mouallem, a expliquéêtre prêt «au dialogue avec tous ceux qui le veulent, y compris les groupes armés »après ses entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères, SergueïLavrov, en référence aux rebelles en Syrie. «Nous restons favorables à un règlement pacifique du problème syrien. Une commission gouvernementale a été créée pour mener des pourparlers avec l’opposition dans le pays et même avec l’opposition à l’extérieur de la Syrie », a ajouté Mouallem.
De son côté, Lavrov a déclaréqu’il n’y avait en Syrie aucune alternative acceptable au règlement politique par un dialogue entre le gouvernement et l’opposition, mettant en garde contre les conséquences d’une poursuite du bain de sang. «Nous sommes à la croisée des chemins. Il y a ceux qui sont pour la poursuite du bain de sang, ce qui risque d’entraîner l’effondrement de l’Etat et de la société.
Il y a des forces qui ont du bon sens et qui comprennent la nécessité d’entamer des négociations le plus vite possible pour trouver un règlement politique. Le nombre de ceux qui soutiennent cette ligne ne cesse d’augmenter », a soulignéM. Lavrov. La position du régime coïncide avec plusieurs décisions prises par l’opposition. En effet, pour protester contre le silence mondial sur la crise syrienne, le chef de la Coalition de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz Al-Khatib, avait annoncéla suspension de la participation de l’opposition àplusieurs rencontres àl’étranger. «Nous avons pris cette décision pour dénoncer le silence international sur les crimes commis par le régime de Damas », a affirméle communiqué de l’opposition. Khatib a affirméque le retrait de l’opposition des réunions internationales était un message de protestation adresséàtous les gouvernements du monde «qui voient comment le peuple syrien est en train d’être tué et ne font que regarder ».
Ce cri est lancéalors qu’aucune issue n’est en vue dans ce conflit qui a fait, selon l’Onu, plus de 70 000 morts en près de deux ans. Assimilant le silence international àune participation àla tuerie, l’opposition a affirméqu’elle allait suspendre sa participation àla prochaine réunion des Amis du peuple syrien, prévue le 28 février àRome, de même que ses visites en Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, et aux Etats-Unis. Elle a affirmétenir en particulier les dirigeants russes pour responsables éthiquement et politiquement, car ils continuent à soutenir le régime par les armes. M. Khatib était attendu dans les prochaines semaines àMoscou pour commencer un dialogue national avec des responsables du régime syrien. Khatib avait aussi étéinvitéàWashington par le sous-secrétaire d’Etat William Burns. «Nous ne pouvons visiter aucun pays s’il n’y a pas de décision claire concernant ce régime sauvage et barbare », a affirméKhatib, en référence au régime de M. Assad. La décision de l’opposition syrienne a choquéla communautéinternationale. Pour sa part, Londres a appelé l’opposition àreconsidérer sa décision, affirmant préparer une nouvelle offre de soutien àla Coalition àRome. Quant aux Etats-Unis, leur diplomatie a tenté dimanche de convaincre l’opposition syrienne de ne pas boycotter la réunion de Rome.
«Nous essayons d’insister, et nos alliés et partenaires insistent également auprès d’eux, sur l’occasion qui leur est offerte à Rome de voir les pays qui les soutiennent le plus et de venir nous présenter la situation sur le terrain », a exprimé Robert Ford, responsable américain et ancien ambassadeur en Syrie. Répondant àces appels internationaux, l’opposition a expliqué: «Si vous êtes nos vrais amis, aidez-nous à arrêter les massacres qui sont en train d’être commis contre notre peuple », a affirméle porte-parole de la Coalition, Walid Al-Bounni. Le Conseil de sécuritéest profondément diviséentre les Occidentaux qui veulent faire pression sur Damas et la Russie et la Chine qui protègent leur alliésyrien.
Gérer les territoires rebelles
Tentant d’acquérir le soutien de la communautéinternationale, la Coalition, reconnue par plusieurs pays occidentaux comme le représentant légitime du peuple syrien, a aussi annoncéson intention de former un gouvernement chargéde gérer les territoires rebelles. Elle se réunit le 2 mars àIstanbul pour décider de la composition de ce cabinet «provisoire »et choisir son chef. Souvent accusée d’être déconnectée du terrain, l’opposition veut établir une présence en Syrie qui lui donnerait plus de crédibilité.
Ce gouvernement devrait lui permettre de rattraper son retard sur les groupes islamistes implantés sur le terrain et pousser àl’action une communauté internationale récalcitrante. Cette décision annoncée, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a saluédimanche la création d’un futur gouvernement par l’opposition syrienne, l’invitant à«continuer son action positive ». «Nous sommes aux côtés de la Coalition nationale syrienne et nous espérons que la main qu’elle a proposée va être saisie et qu’elle-même va continuer son action positive », a assuréM. Fabius.
Le chef de la diplomatie française a par ailleurs souligné«le courage dont a fait preuve Ahmed Moaz Al-Khatib », en notant que ce dernier était «prêt à rencontrer des membres du régime à condition que ce ne soit pas Bachar Al- Assad ». «Nous avons été les premiers à soutenir la coalition. Nous pensons qu’elle joue un rôle absolument majeur », a-t-il encore insisté.
L’opposition syrienne a demandé àplusieurs reprises àla communauté internationale de fournir des armes aux rebelles combattant le régime. La Coalition a également réclamé dans un communiquédes garanties internationales du Conseil de sécurité (de l’Onu), surtout de la Russie et des Etats-Unis, pour faire réussir un règlement politique. Mais l’Union Européenne (UE) a décidéde prolonger de trois mois le régime de sanctions contre la Syrie et d’autoriser un soutien plus important àl’opposition, sans se prononcer sur une levée de l’embargo sur les armes réclamée par Londres.
La décision prise par les ministres des Affaires étrangères des 27 représente un «compromis », selon le Britannique William Hague, sur fond de profondes divergences entre les capitales visà- vis de l’opportunitéd’assouplir l’embargo sur les armes àdestination des rebelles. Le paquet de sanctions prises depuis deux ans par l’UE vise des personnalités du régime de Bachar Al-Assad et des entités et comprend également des embargos sur les armes et le pétrole, ainsi qu’une série de sanctions commerciales et financières .
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