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Ankara et le conflit syrien

Lundi, 29 août 2016

Le conflit en Syrie ne cesse de se compliquer. Tandis qu’une réunion entre le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, se tenait à Genève pour « relancer les espoirs d’une avancée pour parvenir à un règlement en Syrie », la bataille continuait à faire rage entre régime syrien et rebelles dans la région d’Alep. Mais un nouveau développement est venu apporter une nouvelle dimension au conflit. Il s’agit de l’intervention militaire turque au nord de la Syrie. L’armée turque a pour la première fois fait incursion le 24 août sur le territoire syrien en direction de Jarablus, ville frontalière contrôlée par l’Etat islamique. Officiellement, il s’agit pour Ankara « d’éradiquer le groupe extrémiste de cette région ».

En réalité, l’intervention turque est dirigée contre les Kurdes au nord de la Syrie et non pas contre l’Etat islamique qu’Ankara a longtemps soutenu en laissant passer à travers ses frontières des combattants djihadistes venus d’Europe. L’Etat islamique est pris en tenaille au nord de la Syrie entre deux régions kurdes, à savoir Kobané et Afrin. Les Kurdes ont obtenu récemment plusieurs victoires contre Daech en prenant au groupe extrémiste, notamment la ville de Minbej. Ils veulent à présent faire la jonction entre Afrin et Kobané et former une grande région kurde au nord de la Syrie. Or, il n’est pas question pour Ankara d’autoriser un tel scénario. L’intervention turque a été rendue possible par le récent rapprochement entre Ankara et Moscou. Les deux pays dont les relations s’étaient tendues, après l’incident de l’avion russe abattu au-dessus de la Syrie par l’armée turque, se sont finalement réconciliés au terme d’une visite du président Recep Tayyip Erdogan à Moscou.

La Russie, présente militairement sur le sol syrien au côté du régime de Bachar Al-Assad, a autorisé Ankara à intervenir au nord de la Syrie en échange d’un assouplissement de la position turque à l’égard du régime syrien. D’où les insinuations turques sur un possible maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir, du moins provisoirement. La Turquie était farouchement opposée au régime d’Assad depuis le début du conflit syrien en 2011 et avait de tout temps exigé son départ. En échange de cet assouplissement à l’égard de Bachar, le régime syrien accepte de bombarder les régions kurdes au nord de la Syrie. Ainsi, la semaine dernière et suite à l’accord russo-turc, l’aviation du régime syrien a bombardé, pour la première fois depuis 2011, des quartiers détenus par les forces kurdes dans la ville d’Hassaké. Après 5 ans de guerre meurtrière, la Syrie reste le théâtre d’une confrontation impliquant une multitude de forces régionales et internationales aux intérêts souvent opposés.

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