4 000 civils et 700 rebelles ont été évacués de Daraya.
(Photo : AFP)
L’évacuation de la ville de Daraya marque une nouvelle phase dans la guerre qui sévit depuis des années en Syrie.
Le régime syrien a repris samedi le contrôle de Daraya, ex-fief rebelle près de Damas, après la sortie de l’ensemble des habitants, insurgés et civils, de la ville soumise à un siège depuis 4 ans.
« L’armée syrienne contrôle totalement Daraya et est entrée dans toute la ville. Il n’y a plus un seul homme armé », a affirmé une source militaire sous couvert de l’anonymat. « Le deuxième et dernier convoi de rebelles et de civils est sorti aujourd’hui de Daraya », a indiqué de son côté Rami Abdel-Rahmane, directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Le nombre total des personnes évacuées n’est pas connu.
Un responsable rebelle dans la ville a confirmé qu’il y avait un accord « pour vider la ville en faisant sortir les civils et les combattants dès vendredi ». « Les civils iront dans des régions sous contrôle du régime autour de Damas, alors que les rebelles devront se rendre dans la province d’Idleb ou trouver un arrangement avec le régime », a-t-il ajouté. Outre les 700 rebelles qui ont déjà quitté, d’autres devront quitter la ville dans les prochains jours, selon ce responsable.
Les rebelles qui contrôlaient la ville appartenaient à deux groupes islamistes locaux : Ajnad Al-Sham et les Martyrs de l’islam.
Fief rebelle très symbolique, Daraya a été l’une des premières villes à se soulever contre le régime en 2012, et l’une des premières aussi à être assiégée.
L’OSDH et des militants anti-régime ont dénoncé un « déplacement forcé » des habitants de cette ville située à une dizaine de km au sud-ouest de la capitale, souffrant de faim et soumis presque quotidiennement à un bombardement des forces du régime.
Il s’agit de la deuxième évacuation du genre après celle de Homs, la « capitale de la révolution », où le régime a utilisé la même tactique de siège et de bombardements intenses avant que les insurgés ne se voient obligés d’accepter de quitter leur fief dans la vieille ville en 2014.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations en faveur de la démocratie, le conflit en Syrie est devenu complexe avec les interventions étrangères et la montée en puissance des djihadistes. La guerre a fait plus de 290 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.
« Toutes les parties impliquées dans la guerre en Syrie ont vraisemblablement opté pour des arrangements isolés sans attendre une solution globale. Ceci a été le cas à Daraya où le régime et l’opposition ont conclu un accord qui a permis la levée du siège et l’évacuation des combattants », explique un diplomate égyptien qui a requis l’anonymat. « Depuis le début de la guerre, le régime a toujours préféré conclure des accords et des arrangements locaux qui lui permettent la récupération de territoires en échange de l’amnistie des combattants », estime le diplomate. Selon lui, ce type d’arrangements assure au régime de contrôler certains territoires en envoyant les combattants islamistes vers d’autres zones considérées moins stratégiques. « A mon avis, ce genre d’arrangement ouvre la voie à un partage de la Syrie sur le long terme », craint-il.
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