Après de longs débats et de nombreux obstacles, un accord a été conclu entre le ministère de la Culture et celui des Antiquités, afin de consacrer le bâtiment de Wékalet Mohamad bey Aboul-Dahab, situé au Caire fatimide, à la création d’un musée Mahfouz, attendu depuis 10 ans. Wékalet Mohamad bey Aboul-Dahab est l’endroit où vivait Mahfouz avant que sa famille ne se déplace à Abbassiya. Le choix de ce bâtiment, construit en 1783 ap. J.-C., est significatif. Il s’agit en fait d’un centre commercial qui remonte à l’époque des Mamelouks et qui donne sur la place de la mosquée Al-Hussein, le quartier préféré de Mahfouz. C’est là où Naguib Mahfouz guettait les facettes d’une société égyptienne en pleine évolution et les décrivait dans ses romans. Il a toujours plongé ses lecteurs dans les détails les plus infimes de ces quartiers anciens, ainsi que dans la vie quotidienne de leurs habitants. Ses romans portaient parfois même les noms des rues de la région.
« Le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités nous a autorisés à prendre deux étages de ce bâtiment pour y créer un musée au nom de Mahfouz. Nous avons pris le bâtiment du point de vue administratif, mais jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas pris possession de la wékala pour commencer les travaux de restauration afin d’inaugurer le musée », assure Nevine Al-Kilani, directrice du Fonds du développement culturel, qui dépend du ministère de la Culture, et qui se charge de la création de ce musée. Elle ajoute que les employés du ministère des Antiquités, qui ont des bureaux à la wékala, n’ont pas encore déménagé. En fait, la décision ministérielle de créer le musée impliquait aussi que les employés n’occupaient que le troisième étage du bâtiment historique, afin de céder les deux premiers au musée Mahfouz. « Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas libéré les locaux jusqu’à maintenant », s’indigne la directrice du Fonds du développement culturel. Mais Mohamad Abdel-Aziz, directeur des antiquités islamiques au ministère des Antiquités, assure que toutes les études concernant la transformation de la wékala en un musée sont achevées et que « les employés sont en train de déménager ». En revanche, un des employés travaillant à la wékala assure qu’il existe une forte résistance de la part des employés qui ne veulent pas quitter leur place. « Le troisième étage est trop étroit pour loger plus de 150 employés avec leurs bureaux et leurs placards. On a envoyé plusieurs pétitions au premier ministre mais pas de réponse jusqu’à présent », se lamente un employé qui a requis l’anonymat.
Le projet du musée Mahfouz a été entravé à maintes fois, depuis que le grand écrivain a quitté notre monde le 30 août 2006. A l’époque, un comité avait été formé sous la houlette du ministre de la Culture de l’époque, Farouk Hosni, et présidé par l’un des harafiche (le groupe des intellectuels et des artistes qui se réunissaient autour de Mahfouz). Ce comité était chargé de choisir l’endroit pour fonder un musée au nom du grand romancier et de prendre les procédures nécessaires à cette fin. Le projet avait pris beaucoup de retard pour des raisons notamment liées à un manque de financement et d’absence de locaux.
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