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Le rêve du musée Mahfouz verra-t-il enfin le jour ?

Dalia Farouq, Lundi, 29 août 2016

La décision du ministère de la Culture de consacrer un musée à Naguib Mahfouz se heurte à de nombreux obstacles depuis la mort du Nobel. Etat des lieux.

Après de longs débats et de nom­breux obstacles, un accord a été conclu entre le ministère de la Culture et celui des Antiquités, afin de consa­crer le bâtiment de Wékalet Mohamad bey Aboul-Dahab, situé au Caire fati­mide, à la création d’un musée Mahfouz, attendu depuis 10 ans. Wékalet Mohamad bey Aboul-Dahab est l’endroit où vivait Mahfouz avant que sa famille ne se déplace à Abbassiya. Le choix de ce bâtiment, construit en 1783 ap. J.-C., est signifi­catif. Il s’agit en fait d’un centre com­mercial qui remonte à l’époque des Mamelouks et qui donne sur la place de la mosquée Al-Hussein, le quartier préféré de Mahfouz. C’est là où Naguib Mahfouz guettait les facettes d’une société égyptienne en pleine évolution et les décrivait dans ses romans. Il a toujours plongé ses lec­teurs dans les détails les plus infimes de ces quartiers anciens, ainsi que dans la vie quotidienne de leurs habi­tants. Ses romans portaient parfois même les noms des rues de la région.

« Le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités nous a autori­sés à prendre deux étages de ce bâti­ment pour y créer un musée au nom de Mahfouz. Nous avons pris le bâti­ment du point de vue administratif, mais jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas pris possession de la wékala pour commencer les travaux de restauration afin d’inaugurer le musée », assure Nevine Al-Kilani, directrice du Fonds du développement culturel, qui dépend du ministère de la Culture, et qui se charge de la création de ce musée. Elle ajoute que les employés du ministère des Antiquités, qui ont des bureaux à la wékala, n’ont pas encore déménagé. En fait, la déci­sion ministérielle de créer le musée impliquait aussi que les employés n’occupaient que le troisième étage du bâtiment historique, afin de céder les deux premiers au musée Mahfouz. « Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas libéré les locaux jusqu’à mainte­nant », s’indigne la directrice du Fonds du développement culturel. Mais Mohamad Abdel-Aziz, directeur des antiquités islamiques au ministère des Antiquités, assure que toutes les études concernant la transformation de la wékala en un musée sont ache­vées et que « les employés sont en train de déménager ». En revanche, un des employés travaillant à la wéka­la assure qu’il existe une forte résis­tance de la part des employés qui ne veulent pas quitter leur place. « Le troisième étage est trop étroit pour loger plus de 150 employés avec leurs bureaux et leurs placards. On a envoyé plusieurs pétitions au premier ministre mais pas de réponse jusqu’à présent », se lamente un employé qui a requis l’anonymat.

Le projet du musée Mahfouz a été entravé à maintes fois, depuis que le grand écrivain a quitté notre monde le 30 août 2006. A l’époque, un comité avait été formé sous la houlette du ministre de la Culture de l’époque, Farouk Hosni, et présidé par l’un des harafiche (le groupe des intellectuels et des artistes qui se réunissaient autour de Mahfouz). Ce comité était chargé de choisir l’endroit pour fon­der un musée au nom du grand roman­cier et de prendre les procédures nécessaires à cette fin. Le projet avait pris beaucoup de retard pour des rai­sons notamment liées à un manque de financement et d’absence de locaux.

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