Al-ahram hebdo : Vous avez annoncé récemment la tenue, à partir de septembre prochain, d’une série d’ateliers qui seront animés par des critiques et cinéastes de renom, dans votre résidence secondaire à Dahchour. Qu’en est-il de ce nouveau projet ?
Marianne Khouri : Depuis 2011, j’ai commencé à organiser des rencontres et des ateliers de recherche et de création, dans cette maison que ma famille a construite il y a plus de 20 ans, sur un feddan (1 feddan équivaut à 0,42 ha), au pied de la pyramide de Dahchour, à 35 km au sud du Caire. Elle a été conçue dans un style campagnard, ce qui permet d’héberger un grand nombre d’invités. L’énergie positive des lieux aide à la création et à la contemplation. D’où l’idée d’y tenir des ateliers de formation cinématographique, de manière plus régulière.
Au lendemain de la révolution de 2011, la société de production Misr International, créée par mon oncle, le réalisateur Youssef Chahine, a lancé une initiative : Misr Film Focus, qui consistait à aider les jeunes talents à développer l’écriture de leurs scénarios. J’ai compris, en assistant aux diverses rencontres et en me rendant à différents festivals étrangers, que la phase la plus difficile est celle de fignolage du scénario, qui sert à présenter son film aux fonds chargés de le financer. Dans le cadre de cette initiative, nous avons sélectionné 6 scénarios, sur 120 présentés, afin de les aider sur ce plan. Nous essayons aussi de mettre les participants en contact avec des entités qui peuvent être intéressées par leur travail, de les aider à se créer un réseau, comme cela se fait dans les festivals internationaux pour soutenir les films en développement. Nous avons eu recours à un expert en la matière, à savoir le scénariste Jacques Akchoti qui s’est entretenu avec les six candidats sélectionnés, à Dahchour. Ils sont ensuite restés en contact à travers Skype, pendant un an et demi environ, pour le suivi de leur projet. Notre société de production a même réalisé trois de ces projets.
— Les nouveaux ateliers sont-ils donc parrainés par Misr International ?
— Le succès de l’atelier d’Akchoti nous a incités à créer une société indépendante MK Production, laquelle est censée tenir régulièrement des ateliers cinématographiques et artistiques variés, tout en continuant à travailler sur le développement des scénarios. J’avoue que je m’intéresse particulièrement à ces projets de développement, bien qu’ils soient assez difficiles, car je trouve que c’est une phase importante du travail que nous devons soutenir. Nous en avons besoin, même si les résultats ne sont pas pour demain.
— Vous venez d’annoncer un prochain atelier, en présence du critique français Michel Frodon ...
— Nous avons ouvert les candidatures à deux ateliers en cours de préparation. Le premier est prévu pour la mi-septembre et sera en effet animé par le critique Michel Frodon, qui sélectionne actuellement douze participants parmi ceux qui ont présenté leur candidature. L’exercice des candidats était de rédiger des articles sur une liste de films proposés par Frodon. Le deuxième atelier sera animé par Ayman Al-Amir, un spécialiste de la réécriture et du développement des scénarios. Il est membre des comités de lecture de plusieurs festivals, et collabore avec le Torino Lab et le Doha Film Institute. Avec lui, on travaillera sur cinq scénarios en trois temps, à travers des ateliers tenus en octobre, février et juin prochains. Le but est de perfectionner l’écriture de ces scénarios, pour qu’ils puissent obtenir un financement, notamment de l’étranger. Le troisième atelier, en préparation, sera tenu par l’un des experts de la fondation Robert Bosch, afin de former les producteurs.
— Comment est financé le projet Dahchour Résidences ?
— Jusque-là nous comptons essentiellement sur nos propres moyens, car il est de notre devoir en tant que maison de production de soutenir ce genre d’initiatives, afin de faire avancer le métier. Pour le moment, l’Institut Français d’Egypte (IFE) couvre les frais de déplacements de Michel Frodon. Et je suis actuellement à la recherche d’autres sources de financement.
— Votre projet est-il aussi un moyen de faire revenir Misr International sur la scène artistique, alors que la société avait un peu perdu de sa visibilité ces derniers temps ?
— C’est simplement un moyen de développer des projets qui ont besoin d’être mis en place. Je me trouve, personnellement, très impliquée dans ce travail de développement qui me semble primordial. Si je parviens à aider ces jeunes créateurs dans leur travail, on pourra peut-être attirer des coproducteurs étrangers.
— Ces ateliers peuvent-ils engendrer une nouvelle vague dans le cinéma égyptien ?
— Pourquoi pas ? Même si je n’y ai pas pensé. Le cinéma égyptien ne cesse de nous surprendre. Les recettes des films comme Hepta ou Clash, projetés récemment, révèlent que le public a envie de voir un cinéma différent. C’est bon signe l
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