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Activités économiques: Automobiles, légère reprise d'élan

Marwa Hussein, Lundi, 25 février 2013

Malgré un contexte particulièrement difficile, la croissance reste légèrement positive. Le point sur quatre secteurs-clés de l'économie. Dossier.

Entre la hausse du dollar et l’instabilité politique, l’appétit des Egyptiens pour les voitures reste réduit. Une hausse des ventes de 43 % en janvier dernier par rapport au même mois de 2012 n’a pas été suffisante pour satisfaire les principaux acteurs du marché des voitures : les niveaux sont toujours inférieurs à ceux de l’avant-révolution.

Selon le rapport de janvier du Conseil d’information du marché de l’automobile (AMIC), 17 463 véhicules ont été vendus en janvier dernier dont plus de 12 000 à des particuliers. Le boom relatif en janvier dernier s’ex­plique simplement par une baisse excessive des ventes pendant le même mois en 2012. « Janvier 2012 était spectaculairement bas car les troubles politiques étaient plus vifs qu’aujourd’hui. Les gens s’attendaient à des affrontements encore meurtriers alors qu’aujourd’hui cela commence à devenir habituel », relate Menna Sadeq, responsable chez le numéro un du marché, Ghabbour Auto, rappelant les clashs meurtriers entre militaires et manifestants devant le Conseil des ministres en décembre 2011.

Dans un marché hautement dépendant des importa­tions, la hausse du dollar de 10 % depuis fin décembre dernier a affecté le marché de l’automobile, menant les ventes à un niveau inférieur que prévu. « Le marché a à peine commencé à se redresser que la baisse de la livre face au dollar a frappé le marché », dit Mohamad Gamal, directeur d’une branche d’Al-Qerch Auto au Caire.

« La précarité de la livre a sans doute affecté les ventes. Cela est devenu difficile pour tout le monde de prévoir les prix : importateur, producteur, distributeur et consommateur », explique Effat Abdel-Atti, président du département des automobiles à la Chambre de com­merce du Caire.

Il est devenu difficile aux producteurs et aux importa­teurs de se procurer leurs besoins en dollars auprès des banques et même des bureaux de change. La solution serait alors d’aller sur le marché noir qui n’arrête pas de prospérer depuis décembre dernier. Au marché parallèle, le dollar a dépassé les 7 L.E. contre 6,7 officiellement. Ce qui se répercute sur les prix de vente. « Les prix de vente ont augmenté entre 5 000 et 20 000 L.E. par voi­ture suite à la hausse du dollar. Cela a bien sûr affecté le marché », dit Mohamad Gamal. Chérif Abdo, direc­teur des ventes dans une filiale d’Al-Masriya pour les automobiles, l’un des plus grands distributeurs du pays, révèle que le prix de certaines voitures haut de gamme a grimpé de 60 000 L.E. ces dernières semaines. Il prévoit donc une détérioration des ventes en février.

Un marché imprévisible

L’instabilité politique et la récession économique incitent les acheteurs potentiels de véhicules à recon­sidérer ou au moins repousser la décision d’acquérir une voiture. L’instabilité du taux de change, accompa­gnée des turbulences politiques et macroéconomiques, rend alors le marché imprévisible. « Je n’ai pas fait de prévision pour cette année contrairement aux années précédentes. Au pire des cas, le marché peut chuter de 20 ou 30 %, mais on espère qu’il gardera les niveaux de l’année passée », dit Menna Sadeq. « Notre meilleur moment depuis la révolution était juste après l’élection présidentielle et l’arrivée d’un président élu. Mais l’inexistence de projet politique et écono­mique a aussitôt affecté le marché », rappelle Mohamad Gamal. Comme Chérif Abdo, il espère que l’été pourra comme d’habitude relancer le marché de l’automobile.

Selon les différents producteurs interrogés par l’Heb­do, les voitures bon marché ont néanmoins pu tenir le coup. « Vu l’insécurité et la hausse des prix de voitures, plusieurs clients ont préféré acheter une voiture pas trop chère en reportant leur décision de payer plus pour une BMW par exemple », explique Mohamad Gamal.

Les promotions qui permettaient d’habitude de rafraî­chir le marché sont devenues peu utiles. « Comment faire des promotions alors que les prix sont instables à cause de l’instabilité du marché des changes », se demande Menna Sadeq. Khaled Hosni, porte-parole d’AMIC, reste cependant optimiste quant à l’ensemble de l’année en cours. « J’espère qu’on pourra vendre 220 000 véhicules comme l’année passée car les banques octroient de nouveau des crédits pour l’achat de voitures. Je crois que les ventes à crédit seront un facteur-clé », prévoit-il. Hosni estime que la dévaluation de la livre poussera les gens à s’acheter des biens durables au lieu de subir une érosion continue du pou­voir d’achat. « L’achat à crédit est une bonne option dans ces conditions », ajoute-t-il.

En 2011, les ventes de voitures avaient baissé de 30 % par rapport à l’année d’avant. L’année dernière, le mar­ché a repris son souffle avec une hausse de ventes de 14 %, soit 200 252 véhicules vendus. Cependant, les niveaux d’avant janvier 2011 n’ont jamais été atteints .

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