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Crise humanitaire à grande échelle

Amira Samir, Mardi, 16 août 2016

Avec près de la moitié de la population syrienne déplacée et plus de 70 % dépendant de l'aide humanitaire, le peuple syrien endure l'une des plus graves crises des temps modernes.

Crise humanitaire à grande échelle
11,5 millions de Syriens ont quitté leurs foyers. (Photo : AFP)

Jour après jour, la Syrie qui comptait environ 23 millions d’habitants avant mars 2011, s’enfonce dans la crise humanitaire. Bilan : au moins 250 000 morts selon l’Onu, plus d’un demi-million selon d’autres organismes. Cinq ans après le début de la crise en Syrie, plus d’un million et demi de civils sont pris au piège dans les villes assiégées. Presque la moitié de la population syrienne a été déplacée, selon l’agence de l’Onu chargée des réfugiés : 7,6 millions à l’intérieur du pays, et 4,2 millions à l’extérieur. Cela fait plus de 11,5 millions de Syriens poussés à quitter leurs foyers. Les Syriens constituent ainsi la population de réfugiés la plus nombreuse au monde. Il s’agit de l’une des plus grandes crises de déplacement de population des temps modernes. « C’est la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale », indique Safinaz Ahmad, chercheuse au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. C’est en effet surtout la plus grave crise des réfugiés en Europe, même si la grande majorité des réfugiés est accueillie dans les pays voisins. « La crise humanitaire syrienne est très forte. Elle a dépassé les frontières de ce pays pour ravager plusieurs pays de la région, citons notamment la Turquie, le Liban, l’Egypte et la Jordanie. La Turquie accueille seule plus de la moitié du nombre des réfugiés syriens, soit 2,7 millions, selon l’Onu. Et, la crise touche aussi l’Europe », indique Ahmad Qandil, chercheur au CEPS.

Pourtant, c’est chez les voisins de la Syrie que la situation est la plus grave. Selon Amnesty International, 86 % des réfugiés syriens en Jordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté local. Leur situation en Iraq et au Liban n’est pas meilleure. Jusqu’à présent, le flux des migrants syriens continue de rejoindre les côtes européennes. Ailleurs, leur situation diffère aussi d’un pays européen à l’autre. Ils sont les bienvenus dans certains pays et sont chassés par d’autres. « La crise syrienne est effectivement unique et a créé une crise humanitaire à une échelle que l’Europe n’a pas connue depuis la Seconde Guerre mondiale », indique l’ESI, un think tank créé, en 2015, à Berlin, pour répondre à la nouvelle situation des réfugiés.

Trois Syriens sur 4 en dessous du seuil de pauvreté

Environ 70 % de la population dépend aujourd’hui de l’aide humanitaire en termes d’eau, de nourriture, de logement et de services de santé. Et, plus de 3 Syriens sur 4 vivent à présent en dessous du seuil de pauvreté. Six millions d’enfants syriens ont besoin d’aide humanitaire nécessaire à leur survie. « Le niveau de violence en Syrie rend cet environnement extrêmement dangereux pour tous, y compris pour les organisations d’aide. Les hôpitaux ne sont pas des lieux sûrs, ni pour les blessés, ni pour les soignants. Nous ne constatons aucun engagement de la part des parties au conflit d’assurer des conditions sécuritaires adéquates », indique-t-on dans un récent communiqué de l’organisation internationale Médecins Sans Frontières (MSF).

Depuis 2012, l’aviation syrienne largue des barils d’explosifs sur les villes et les quartiers contrôlés par l’opposition. Les frappes russes touchent, à leur tour, les hôpitaux, les marchés, les écoles et les boulangeries. Les attaques menées par les forces du régime d’Al-Assad et par les Russes contre les habitations et les établissements médicaux ont été intensifiées ces derniers jours après les tentatives de l’opposition locale à Alep de débloquer les quartiers assiégés. En dix jours, sept établissements médicaux ont été la cible de frappes aériennes. Trois hôpitaux seulement de la ville fonctionnent encore.

Ces villes assiégées sont encerclées par les forces du régime de Bachar qui utilise l’arme de la famine pour faire délibérément souffrir les civils qui vivent dans des zones contrôlées par l’opposition. Plus d’un million et demi de civils vivent dans des conditions de plus en plus précaires. « Le régime de Bachar adopte une politique atroce contre son peuple. Dans les zones contrôlées par ses forces, il tue, torture et emprisonne. Et dans les zones contrôlées par les rebelles, il largue les barils d’explosifs. C’est une politique de l’isolement, qui utilise l’arme de la famine », conclut Safinaz Ahmad.

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