Un plan précis pour la dévaluation de la monnaie égyptienne, la restructuration des subventions à l’énergie, la mise en application de la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) et l’introduction des entreprises publiques en Bourse. Ce sont les points principaux sur la table des négociations entre le gouvernement égyptien et le Fonds Monétaire International (FMI). «
Une fois le consensus atteint, l’Egypte recevra le prêt du FMI », confirme un responsable au ministère des Finances, proche du dossier des négociations. «
Il s’agit en fait de créer une plateforme solide pour la relance de l’économie égyptienne et cela ne se réalisera qu’avec un plan de réforme valide et un calendrier strict pour sa mise en oeuvre », ajoute-t-il.
Le ministre égyptien des Finances, Amr Al-Garhi, a, de son côté, annoncé dans un communiqué, le 28 juillet, que l’Egypte cherchait à emprunter 12 milliards de dollars au Fonds Monétaire International (FMI) sur une période de trois ans. La demande officielle envoyée au fonds, une mission regroupant 7 de ses experts économiques s’est rendue en Egypte pour examiner le plan de la réforme du gouvernement et discuter de ses composantes.
« Il faut en premier lieu améliorer les indices économiques du pays, combler le déficit budgétaire et réduire la facture de la dette intérieure. Cela nécessite une restructuration des articles des dépenses et des recettes dans le budget », dit ce responsable au ministère des Finances pour expliquer la nécessité de créer un environnement favorable à l’investissement. C’est ainsi que le gouvernement s’évertue à finaliser la loi sur la TVA, « avant même le départ de la mission du FMI, afin d’accroître ses ressources financières », confie le même responsable à l’Hebdo. Il révèle les réserves émises par la mission du FMI sur le faible pourcentage de la taxe. « Mais l’affaire a été réglée », dit-il.
Selon les chiffres du ministère des Finances, le déficit budgétaire doit atteindre 11,5 % en 2015-16. Un chiffre que le FMI, lui-même, ainsi que plusieurs institutions monétaires ont jugé inquiétant et menaçant la croissance économique. La dévaluation de la L.E. face au dollar est l'un des points essentiels des négociations. Une source bancaire a sur ce point révélé à l’Hebdo un plan de dévaluation en 3 phases. « Nous parlons de 35 % de baisse de la L.E. vis-à-vis du dollar. Reste au gouvernement à présenter un calendrier précis pour la mise à exécution d’un tel plan », dit-il. Dans ce sens, le président Abdel-Fattah Al-Sissi s’est exprimé la semaine dernière pour affirmer que le citoyen égyptien pourra, très prochainement, aller à la banque pour acheter des dollars au même prix que le marché parallèle.
L’Egypte a fait face au cours des derniers mois à une sévère pénurie de dollars qui a poussé les banques à imposer des conditions sévères concernant la vente de dollars. Le prix du billet vert sur le marché noir a dépassé, la semaine dernière, et pour la première fois, les 13 L.E. C’est ainsi que le FMI tient fermement à ce que le gouvernement égyptien réussisse à aligner les deux cours du dollar.
Même chose pour les subventions à l’énergie, le FMI a souligné, selon la source, la nécessité de poursuivre, le plus vite possible, le plan de restructuration des subventions qui engloutit près de 140 milliards de L.E. du budget, alors que la classe aisée en profite le plus. « Les deux parties ont minutieusement étudié un plan détaillé de restructuration des subventions. Le gouvernement va le plus vite possible poursuivre le plan annoncé sous le cabinet Nazif qui imposait une libération complète sur 5 ans », dit-il. « Mais les négociations portent sur la précision du début et de la longueur du programme de libération sur 3 ans », avoue un responsable international.
Risques élevés
Financer la croissance économique est l’objectif du prêt du FMI. Or, le but sera-t-il atteint ? Selon l’agence de notation Fitch, l’obtention de l’Egypte du prêt du FMI pourrait affecter positivement sa notation, mais les risques liés à la mise en oeuvre du programme de réforme sont élevés et le pays pourrait affronter bien d’autres défis économiques.
Fitch a mentionné dans un rapport publié la semaine dernière que le gouvernement égyptien vise un total de 21 milliards de dollars pour le soutien de l’économie égyptienne au cours des 3 prochaines années, de la part du FMI, de la Banque mondiale et d’autres institutions internationales. Or, selon Fitch, cette somme reste insuffisante pour combler le fossé de financement du pays, qui atteint, toujours selon Fitch, 10 milliards de dollars par an.
Ainsi, une liste de mesures doit aller de pair avec l’endettement extérieur. C’est ainsi que le gouvernement a fait connaître son intention de dégager rapidement d’autres ressources financières. Le ministre des Finances, Amr Al-Garhi, a annoncé la semaine dernière, lors d’une conférence de presse, que le gouvernement vise à récolter entre 6 et 8 milliards de L.E. par an par des lancements d’actions d’entreprises publiques en Bourse. Le cabinet présidentiel a d’ailleurs annoncé, la semaine dernière, le lancement d’entre 20 et 25 % environ du capital de 18 entreprises publiques en Bourse. Le secteur pétrolier est principalement visé avec 8 entreprises, dont Mopco, Amoc et Midor. Des entreprises dans le domaine de l’électricité, de la pétrochimie et des banques seront également lancées en Bourse. A noter que le dernier lancement en Bourse d’entreprises publiques a eu lieu en 2005, et que le gouvernement avait annoncé à plusieurs reprises son intention d’entamer une telle étape. Mais l’instabilité économique a reporté cette décision jusqu’à maintenant.
« Le gouvernement compte sur le prêt du FMI pour regagner la crédibilité des investisseurs. Une fois le prêt approuvé, les investisseurs reviendront sur le marché égyptien », dit Réham Al-Dessouqi, analyste économique auprès de la banque d’investissement Arqam Capital. Et « c’est un pari gagnant. Les investisseurs attendent une telle étape et le gouvernement en est bien conscient », poursuit-elle. Le gouvernement avait annoncé fin 2015 son intention de lancer des bons du Trésor en dollars ou en euros, mais avait décidé de remettre une telle décision en attendant une relance de l’économie nationale. Désormais, le gouvernement, pariant sur le prêt du FMI, a prévu cette mesure pour octobre prochain. Il s’agit d’une somme de 3 milliards de dollars, ou plus, en fonction de l’accord avec le FMI, selon un responsable au ministère des Finances. Cette ambition verra-t-elle le jour ?
Comment agit le Fonds?
Comment le FMI agit : Le Fonds Monétaire International (FMI) encourage la stabilité financière et la coopération monétaire internationale, et s’efforce aussi de faciliter le commerce international, d’oeuvrer en faveur d’un emploi élevé et d’une croissance économique durable et de faire reculer la pauvreté dans le monde.
Le FMI a été créé en juillet 1944, lors d’une conférence des Nations-Unies à Bretton Woods dans le New Hampshire (Etats-Unis). Les quarante-quatre pays représentés à la conférence voulaient établir un cadre de coopération économique pour éviter que ne se reproduisent les dévaluations compétitives qui avaient contribué à la grande crise des années 1930.
Champ d’action du FMI : L’objectif premier du FMI est de veiller à la stabilité du système monétaire international, en d’autres termes, le système international de paiements et de change qui permet aux pays (et à leurs citoyens) de procéder à des échanges entre eux.
Surveillance : Afin de maintenir la stabilité et de prévenir les crises du système monétaire international, le FMI examine les politiques économiques des pays, et l’évolution économique et financière à l’échelle nationale, régionale et mondiale, dans le cadre formel de sa mission de surveillance. Le FMI conseille ses 189 Etats membres, encourage des politiques visant à assurer leur stabilité économique, à réduire la vulnérabilité aux crises économiques et financières et à améliorer les niveaux de vie. Le FMI évalue régulièrement les perspectives économiques dans les Perspectives de l’économie mondiale, les marchés financiers dans le Rapport sur la stabilité financière dans le monde et l’évolution des finances publiques dans le Fiscal Monitor (Moniteur des finances publiques).
Assistance financière : Les financements du FMI donnent à ses pays membres l’appui nécessaire pour remédier à leurs problèmes de balance des paiements. Les autorités nationales élaborent, en étroite collaboration avec les services du FMI, des programmes d’ajustement qui bénéficient du financement de l’institution, ces concours financiers restant subordonnés à la réalisation effective de ces programmes. Après l’entrée en vigueur de l’augmentation des quotes-parts dans le cadre de la quatorzième révision générale, les limites d’accès aux mécanismes de prêts concessionnels du FMI ont été examinées et relevées début 2016. Pour accroître le soutien financier accordé aux pays les plus pauvres, les ressources concessionnelles mises à la disposition des pays à faible revenu au moyen du fonds fiduciaire pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (RPC) ont été sensiblement accrues en 2009, tandis qu’en moyenne, les limites d’accès aux mécanismes de prêts concessionnels du FMI ont, quant à elles, doublé. En outre, les normes et les limites d’accès ont augmenté de 50 % en 2015. Les taux d’intérêt de ces prêts sont nuls jusqu’à la fin 2016 et le taux d’intérêt des mécanismes de financement d’urgence est de manière permanente établi à zéro. Enfin, des initiatives sont en cours pour obtenir des ressources supplémentaires d’environ 15 milliards de dollars (11 milliards de DTS) dans le but de renforcer les activités de prêts concessionnels du FMI.
Assistance technique : Le FMI offre de l’assistance technique et des formations pour aider les pays membres à renforcer leur capacité d’élaboration et d’exécution de la politique économique, notamment dans les domaines de la politique et l’administration fiscales, la gestion des dépenses, les politiques monétaires et de change, le contrôle et la réglementation des systèmes bancaire et financier, la législation et les statistiques.
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