Ramadan a bâti sa légende personnelle.
Sur les planches du théâtre Al-Haram, archi-plein, Mohamad Ramadan est acclamé par un public venu exprès pour le voir dans sa nouvelle pièce de théâtre Ahlan Ramdan (bienvenue Ramadan). La pièce est donnée au théâtre où le grand Adel Imam jouait ses pièces devant un public sympathisant. Des familles entières de 10 personnes ou plus avec leurs enfants ont payé des billets qui ne sont pas donnés pour voir ce comédien, devenu la coqueluche de cette classe moyenne, ravie de le voir s’activer sur scène. Dans un moment de plénitude, les spectateurs remplissent la salle où l’on a ajouté des sièges supplémentaires. Ils sont prêts à rire et à suivre ce comédien en pleine ascension depuis 2004, année de ses débuts. De plus, ils s’alignent en rangées, vers la fin de la pièce qui se termine aux petites heures du matin, avec un numéro qu’ils ont pris en achetant leurs billets et qui leur donne le droit de prendre des photos avec la star après le spectacle. Tout un système rentable et bien huilé qui rentabilise la popularité et la production de la pièce qui a été très généreuse sur les dépenses.
Déjà, durant le mois du Ramadan dernier, le jeune comédien n’avait que 28 ans, au moment de la diffusion de son feuilleton Al-Ostoura (la légende), les terrasses des cafés se remplissaient et les gens étaient cloués devant leurs écrans de télévision. Il en est de même au théâtre Al-Haram où le public réagit, faisant constamment allusion à ses rôles précédents.
Mohamad Ramadan répond à leurs attentes et leur offre un nouveau rôle dans une pièce bien ficelée, écrite par Walid Mounir et mise en scène par Khaled Galal. Ce dernier, ayant une longue histoire avec le théâtre privé et public, a su faire perdurer le charme, mélangeant les ingrédients du théâtre privé et public. Cela dit, les danses et les chansons du privé, avec le sérieux du public.
Comme d’habitude, Ramadan incarne l’homme simple et honnête qui appartient à la classe populaire. Mais au lieu d’être la victime des circonstances, voulant à tout prix reprendre ses droits que la société lui a volés, il tient ici un nouveau visage, celui du héros qui défend les valeurs stables de la société. Il se fait une mission de redresser les enfants de la famille aisée, chez qui il travaille, en tant que domestique ou homme à tout faire. Les enfants sont laissés à eux-mêmes car le père est préoccupé par sa fortune, alors ils se perdent dans la drogue, s’associent à des mouvements islamistes et vivent dans le monde virtuel. Ramadan parvient à les sauver et revient aux gens simples auxquels il appartient, en faisant fi de la fortune.
Dans ce mélodrame, Mohamad Ramadan se meut sur scène avec agilité, danse, chante et surtout fait rire un public qui passe une soirée mémorable. Il annonce, vers la fin de la pièce, qu’il se contente du peu qui lui est offert et que l’essentiel est de ne pas déplaire à Dieu. De quoi inciter les gens à le confondre avec ses rôles. Car il déclare souvent : « Ce qui me sauve dans la vie c’est d’avoir confiance en Dieu et en moi-même ». Pourtant, il déplore souvent : « Je fais des rôles différents. J’essaye de me fondre dans le personnage et de m’y identifier avec compétence ».
L’autre facette du comédien
Originaire de Qéna, la province la plus reculée de Haute-Egypte, Ramadan est arrivé premier au concours de théâtre à trois reprises dans son école. Lorsqu’il a voulu rejoindre l’Institut supérieur du théâtre, il a été refoulé. Mais grâce à sa confiance en lui-même et à son ambition, il persévère dans son chemin et détient plusieurs rôles au cinéma dont le film de Yousri Nasrallah, Raconte Shéhérazade, et dans d’autres rôles à la télévision dont le feuilleton de Omar Sharif, Hana et Hanin. D’ailleurs, Omar Sharif lui avait prédit beaucoup de succès.
Rêvant d’aller toujours de l’avant, il déclare qu’il n’est qu’à ses débuts et qu’il faut attendre longtemps avant de juger ce qu’il a présenté. Très simple, il se confond facilement à l’homme de la rue de qui il détient la simplicité et la gentillesse d’un citoyen ordinaire. D’ailleurs, c’est l’un des facteurs de son succès.
Pourtant, le comédien a une autre facette, aimant les autos de luxe, il vient d’acheter une Rolls Royce et une Lamborghini dont il se flatte sur Facebook et Twitter, en disant qu’il voudrait partager sa joie avec son public. Lors d’une randonnée avec sa voiture dans la rue Gaméat Al-Déwal à Mohandessine, à l’aube, la rue se ferme complètement à cause de l’affluence de la foule qui l’acclame. Les critiques, elles aussi, affluent, mais Mohamad Ramadan, satisfait de sa notoriété, poursuit son chemin réchauffé par un public qui l’a élu pour devenir sa star. Phénomène éphémère ou qui durera ? L’avenir le démontrera .
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