Selon les analystes, Ki-moon a été plus actif en Afrique qu'en Asie.
Ses deux mandats (2007 et 2011) se sont déroulés dans un monde agité, entre terrorisme international, Printemps arabe et divers conflits dans le monde. «
Je suis arrivé à New York pour restaurer la crédibilité et réformer l’Onu en lui donnant des normes d’éthique élevées. (...) Je suis un homme d’action. Ce n’est pas mon genre de faire un discours pour dire plus jamais ça et susciter des applaudissements », disait le Sud-Coréen Ban Ki-moon, au début de son mandat. Cependant, depuis sa prise de fonction le 1er janvier 2007, Ban Ki-moon, né en 1944, n’a guère fait de vagues. Le diplomate s’est distingué par son «
silence » ou par ses simples expressions d’«
inquiétude ».
Il a même été peu présent sur les dossiers asiatiques alors que ce continent s’attendait à ce qu’il joue un rôle de premier plan, notamment dans le dossier de la crise nucléaire vu sa nationalité coréenne. « L’actuel secrétaire général de l’Onu s’inquiète et s’étonne 30 ou 40 fois par jour et ne prend aucune décision après son inquiétude », s’indigne Gamal Bayoumi, ex-ministre égyptien adjoint des Affaires étrangères. Et d’ajouter : « Après un premier mandat, le diplomate sud-coréen était connu pour son silence complice. Il ne disait pas un mot sur de grands événements et incidents politiques mais aussi humanitaires dans plusieurs pays du monde, notamment arabes ». Pourtant, Ki-moon a touché au but et a été réélu par l’Assemblée générale, en 2011, sans aucune difficulté, pour un deuxième mandat à la tête de l’institution internationale, par le soutien des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (la Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie). C’est ainsi que Pékin l’a qualifié d’« homme d’action » et de « fort leadership », en juin 2011. « Le premier mandat de Ban Ki-moon et la moitié du deuxième représentent la diplomatie calme et très traditionnelle qui ne donne ni réactions ni initiatives. Oui le secrétaire général de l’Onu doit être neutre mais certains événements politiques et humanitaires exigent des réactions plus profondes que l’inquiétude. « Les réactions de Ki-moon n’ont été claires qu’au cours des deux dernières années », estime l’Egyptien Rakha Ahmad Hassan, ancien ministre-adjoint des Affaires étrangères. Il a réussi, selon lui, à varier son inquiétude entre « forte, grande et profonde ».
Parmi les récentes réactions qui ont marqué l’hésitation de Ki-moon, celle en juin dernier, lorsqu’il a accusé la coalition arabe menant la guerre contre les Houthis au Yémen et dirigée par l’Arabie saoudite, d’être responsable de la mort de centaines d’enfants, tués dans les bombardements. Finalement, sous la pression de Riyad, le secrétaire général a retiré la mention, créant un tollé contre lui.Dans l'une des rares réactions « fortes », après une visite des territoires palestiniens occupés, il a qualifié le blocus israélien de Gaza de punition collective alimentant l’escalade des violences, étouffant les habitants, détruisant l’économie et entravant la reconstruction de la petite langue de terre côtière ravagée par trois offensives israéliennes depuis 2008. « C’est une punition collective dont les responsables devraient rendre des comptes », indique Ki-moon. « Il s’agit de l’une des plus importantes déclarations de Ban Ki-moon », estime Rakha Ahmad.
« Plus un secrétaire qu’un général »
Néanmoins, des analystes affirment qu’ils n’ont jamais vu une nullité pareille à la tête de l’organisation onusienne. Il a été beaucoup critiqué et qualifié de « faible », de « malléable », et parfois de « marionnette des Américains » en raison de ses origines, puisque la Corée du Sud est un allié stratégique des Etats-Unis en Asie. Ils lui reprochaient d’être « plus un secrétaire qu’un général ». En 2009, la presse américaine le surnommait « l’homme invisible des Nations-Unies ». Il a été aussi critiqué pour ses timides réactions, notamment lors de la crise sri lankaise avec son bilan catastrophique de 40 000 morts, le conflit israélo-palestinien et le régime répressif en Chine. Dans le monde arabe, le bilan de Ban Ki-moon est contrasté. Il était audible lors des révolutions arabes, et on a dit voir un tournant dans son approche internationale.
Paradoxalement, il a été plus actif en Afrique, selon les analystes. On peut surtout citer ses positions envers les affrontements en République démocratique du Congo, et le dossier de Darfour au Soudan.Selon le magazine hebdomadaire britannique The Economist, Ban Ki-moon est l’un des pires secrétaires généraux de l’Onu de l’histoire de l’organisation, à cause de son défaut criant d’éloquence, son attachement au protocole, ainsi que son manque de spontanéité et de profondeur. « Ban Ki-moon incarne la défaite de l’Onu : l’impossibilité pour les membres permanents d’élire un représentant fort et capable d’action. Chacun d’entre eux souhaitant un candidat ne leur causant aucun problème dans leurs domaines d’intérêt respectifs », cite The Economist. Pour Rakha, il ne faut pas aller si loin. « Même si le secrétaire général n’a eu que peu d’impact sur certaines affaires internationales, certains de ses prédécesseurs étaient encore plus muets et plus attachés aux grandes puissances comme l’Asiatique U Thant. Et il existe des secrétaires généraux plus actifs comme Hammarskjold et Boutros-Ghali », explique Rakha. Selon des statistiques publiées par la presse, Ban Ki-moon aurait exprimé son inquiétude 48 fois en 2015, contre 180 fois en 2014, soit une inquiétude tous les deux jours.
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