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Syrie : L’Europe divisée sur les sanctions

Maha Salem avec agences, Mardi, 19 février 2013

L’Union européenne doit se décider d’ici fin février sur la suite à donner aux sanctions imposées au régime syrien.

Tandis que la crise syrienne secoue toute la région, les Européens restent divisés sur la levée ou non de l’embargo sur les armes à destination de la Syrie. L’Union Européenne (UE) doit prendre d’ici la fin du mois une décision sur le paquet de sanctions en vigueur, qui vise des personnalités du régime de Bachar Al-Assad et comprend également des embargos sur les armes et le pétrole, ainsi qu’une série de sanctions commerciales et financières.

Certains Etats, emmenés par le Royaume-Uni, veulent une levée de l’embargo sur les armes afin de permettre des livraisons d’armes aux rebelles. Mais selon plusieurs sources européennes, la majorité des autres Etats membres sont très hésitants, voire fortement opposés à une levée de l’embargo.

Plusieurs options sont retenues, allant d’une levée totale de l’embargo, qui semble irréaliste, à son maintien pur et simple. La discussion, complexe, porte notamment sur les catégories de matériel, les destinataires éventuels de ces armes, de même que sur le type d’assistance nécessaire.

L’UE a pour mandat de soutenir l’opposition et de tenter de protéger les civils, mais aussi d’éviter les risques de dissémination des armes, en raison notamment de la présence de groupes djihadistes parmi les combattants, rappellent des sources européennes. Selon les analystes, l’UE cherche à renforcer l’aide humanitaire et le soutien à la population civile. Le président français, François Hollande, s’est prononcé le 8 février contre une levée par l’UE de l’embargo sur les armes à destination des opposants syriens, tant qu’il resterait la possibilité d’un dialogue politique pour régler le conflit.

Dr Moatez Salama, analyste au Centre des études politiques et stratégiques d’Al-Ahram, partage cet avis. Il explique que « les Européens ne vont pas lever l’embargo sur les armes alors qu’il y a des efforts pour faire avancer une solution politique. Ils ont peur que la fourniture des armes ne puisse aider leurs adversaires ».

Soutenant ce point de vue, la Maison Blanche a expliqué que le président Barack Obama avait refusé l’été dernier d’armer les rebelles syriens, afin de protéger les civils, mais aussi de s’assurer que les armes ne tombent pas dans de mauvaises mains et ne mettent pas davantage en danger les Etats-Unis ou Israël.

Tensions confessionnelles

Ces craintes se sont confirmées cette semaine après que le principal bloc de l’opposition syrienne eut accusé dimanche le Hezbollah libanais, allié de Damas, d’intervenir militairement dans le conflit en Syrie, soulignant que cela constituait un danger pour la paix et la sécurité dans la région.

Selon le Conseil National Syrien (CNS), des membres de la puissante formation ont lancé samedi une attaque armée sur trois villages, proches de la frontière libanaise, faisant des victimes parmi les civils, provoquant des tensions confessionnelles et poussant des centaines d’habitants à l’exode.

Le Hezbollah est un parti islamiste chiite tandis que la majorité de la population syrienne et des rebelles combattant le régime de Bachar Al-Assad sont des sunnites. Le CNS précise dans son communiqué que le parti a utilisé des armes lourdes au vu et au su de l’armée du régime syrien. Il s’agit d’une « grave menace pour les relations libano-syriennes et pour la paix et la sécurité dans la région », a jugé le CNS, estimant que le gouvernement libanais avait la responsabilité de mettre fin à cette « agression ». Samedi, des militants des Comités locaux de coordination (LCC, militants syriens) avaient rapporté des combats entre les rebelles et des membres du Hezbollah à Qousseir.

En octobre 2012, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait affirmé que des membres de son parti combattaient les rebelles syriens mais à titre individuel et sans mandat de sa formation.

Le parti publie de temps à autre des communiqués ou annonce la mort d’un de ses combattants dans « l’exercice de son devoir djihadiste », sans précisions, l’opposition libanaise affirmant qu’il s’agit bien de membres du parti ayant combattu en Syrie.

Le Hezbollah, bête noire d’Israël, est l’allié indéfectible de l’Iran, son parrain politique et militaire, et du régime syrien qui l’a aidé militairement durant de nombreuses années. Récemment, les Etats-Unis se sont inquiétés du fait que le chaos en Syrie permette au Hezbollah de mettre la main sur des armes du régime.

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