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Syrie : Bachar ne cédera pas

Maha Salem avec agences, Mardi, 19 février 2013

Alors que la communauté internationale tente de pousser les parties au dialogue, Bachar Al-Assad s’accroche bec et ongles au pouvoir.

Syrie
Les Syriens luttent toujours pour chuter leur régime. (Photo: AP)

Le médiateur de l’Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a appelé dimanche 17 février l’opposition et une délégation « acceptable » du régime de Damas à entamer un dialogue sous les auspices de l’Onu. « Si un dialogue est entamé dans l’un des sièges des Nations-Unies entre l’opposition et une délégation acceptable du gouvernement syrien, cela constituerait un début de sortie du tunnel obscur dans lequel se trouve la Syrie », a affirmé M. Brahimi.

Il s’exprimait aux côtés du chef de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, et n’a donné aucun détail sur le lieu ou la date de ces négociations. Il a estimé que l’offre de dialogue sous condition avec des représentants du régime lancée par le chef de l’opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, « était toujours sur la table et le restera ».

« L’initiative de M. Khatib de dialoguer avec le régime syrien a ouvert une porte et a défié le gouvernement syrien de mettre en oeuvre ce qu’il répète sans cesse : qu’il est prêt au dialogue et à une solution pacifique », a ajouté M. Brahimi.

Pour presser les deux côtés à venir à la table des négociations, la Russie a invité des responsables des deux camps à mettre à part leurs différends et à faire des pas positifs. A cet égard, Ahmed Moaz Al-Khatib, ainsi que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, vont effectuer des visites à Moscou la semaine prochaine. Selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, la date exacte n’a pas encore été fixée.

La Russie ne veut pas donner d’espoir à la communauté internationale. La télévision syrienne a, en effet, rapporté que le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, ne rencontrerait pas le chef de l’opposition syrienne et a insisté sur le fait que tout dialogue avec l’opposition n’aurait lieu que « sur le sol syrien ». Moaz Al-Khatib avait proposé que le dialogue se tienne en « zone libérée », dans le nord de la Syrie contrôlé par les rebelles.

Dans un communiqué publié au terme d’une réunion au Caire, la Coalition de l’opposition affirme : « Tout dialogue en vue d’une solution au conflit en Syrie doit exclure le président Bachar Al-Assad et les piliers de son régime ».

La coalition s’était réunie pour discuter de la proposition de son chef d’entamer des négociations avec des représentants du régime, une initiative qui avait suscité des critiques au sein de l’opposition. « Bachar Al-Assad et le commandement sécuritaire et militaire responsable des décisions qui ont mené le pays à la situation actuelle ne font pas partie du processus politique ni d’aucune solution en Syrie », indique le communiqué. En outre, l’opposition a appelé la Russie, principal soutien du régime d’Assad, et les Etats-Unis, qui appellent à son départ, à oeuvrer en vue de rendre cette solution possible.

Influence respective

Répondant à son appel, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a parlé dimanche par téléphone avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Sur la Syrie, ils ont évoqué la « nécessité que les Etats-Unis et la Russie usent de leur influence respective sur les parties pour promouvoir un processus de transition politique viable », a précisé dans un communiqué la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.

Les deux pays se sont opposés sur la question du conflit syrien, la Russie usant de son influence pour défendre son allié Bachar Al-Assad, dont Washington réclame le départ. Mais « pour faire réussir les négociations entre les Syriens, il faut les tenir en cachette sans que le président le sache. Une fois parvenus à un accord, ils doivent surprendre non seulement la communauté internationale mais aussi le président Bachar Al-Assad », a expliqué Dr Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Assad a cependant affirmé que son régime « ne céderait pas aux pressions dans le conflit qui oppose ses troupes aux rebelles ». Le chef de l’Etat syrien, qui depuis le début de la guerre dit vouloir écraser la rébellion à tout prix, a réaffirmé que la Syrie «renoncerait pas à ses principes », malgré les « pressions » et les « complots ».

Ces déclarations interviennent au moment où le chef de l’opposition, Moaz Al-Khatib, réclame une réponse claire de Damas à sa proposition de dialogue et que le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, presse le gouvernement syrien d’y « répondre positivement ». Fin janvier, Khatib a affirmé qu’en signe de bonne volonté, il était prêt à des discussions directes avec des représentants du régime qui n’ont pas de sang sur les mains, pour mettre fin à un conflit qui a fait 70 000 morts depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011. Ce bilan lourd a incité la haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’homme, Navi Pillay, à fustiger une nouvelle fois le Conseil de sécurité pour son incapacité à agir en Syrie.

« Le manque de consensus sur la Syrie et l’inaction qui en résulte ont été désastreux et les civils de tous les côtés en paient le prix », a affirmé Pillay. Cette dernière a aussi souhaité que la Cour Pénale Internationale (CPI) soit saisie des crimes de guerre commis en Syrie, ce qui nécessiterait une décision du Conseil. Une saisine de la CPI « enverrait un message clair au gouvernement (syrien) et à l’opposition en leur signalant qu’ils sont redevables de leurs actions, et pourrait avoir un effet dissuasif très important », a expliqué Pillay.

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