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Energies vertes: 3 à 5 ans pour moins polluer

Caroline Odoz, Mardi, 12 février 2013

Le ministère du Tourisme lance un vaste plan de conversion en énergies renouvelables qui concernera l’ensemble du secteur. Il résulte à la fois d’une parade face à la suppression progressive des subventions et d’une volonté de développer l’écotourisme.

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Pour Hicham Zaazoue, ministre du Tourisme, il est temps de prendre le taureau par les cornes. Il lance un vaste plan de conversion de l’ensemble du secteur touristique vers les énergies renouvelables. Deux motivations essentielles sont à l’origine de ce projet : d’abord, la réduction des subventions à l’énergie voulue par le gouvernement affectera les prix des services touristiques, à l’instar des nuitées dans les hôtels ou des croisières sur le Nil. De même, l’Egypte souhaite développer l’écotourisme, une notion de plus en plus importante dans l’ensemble des pays touristiques de la planète. Les touristes semblent effectivement s’inquiéter de plus en plus par leur impact énergétique lors de leurs voyages. Mais le moment semble mal choisi. Le secteur du tourisme est en crise depuis deux ans et cette conversion entraînera d’importants coûts pour les acteurs touristiques. Pourquoi alors soumettre tout un secteur à un tel effort alors qu’il traverse l’une des pires phases de son histoire ? Pour Mahmoud Al-Qayssouni, assistant du ministre du Tourisme, c’est le seul moyen d’absorber la hausse du prix de l’électricité « sans mettre en péril la majorité des acteurs du secteur ». Alors que les factures de certains acteurs touristiques doubleront avec la hausse du coût de l’énergie, le passage aux énergies vertes permettra de consommer jusqu’à deux fois moins d’électricité. C’est la promesse d’importantes économies sur le long terme. « Le projet existe en réalité depuis 3 ans et j’y travaille moimême depuis 6 ans », indique Al-Qayssouni, en ajoutant : « Mais il n’avait jamais été possible de le mettre en place ».


Première phase jusqu’en 2018

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Une maquette d'un hôtel vert avec les cellules solaires au-dessus.
Le 22 janvier, M. Zaazoue a annoncé la mise en place de trois projets courant 2013. Il s’agit de la conversion des transports touristiques en gaz naturel, qui devrait être appliquée d’ici à 2 mois, de l’augmentation de l’usage de l’énergie solaire et du passage à un éclairage basse consommation intelligent (ampoules LED et détecteurs de présence). L’application devrait se faire sur une période de 3 à 5 ans. « Pour vous donner une idée, nous visons la conversion de 100 000 chambres en 2013 », indique Mahmoud El-Eithy, directeur général à la SEDA (Solar Energy Development Association). Le ministère du Tourisme a déjà consacré 6 millions de L.E. pour construire une station de gaz naturel à Hurghada et 23 millions pour le raccordement des hôtels à cette même station. « Les énergies vertes fourniront un environnement de développement stable pour les entreprises du secteur touristique », espère le ministre, résumant ainsi les objectifs de son mandat. Cependant, les économies devraient prendre du temps à se faire sentir et, comme le souligne Nagui Erian, vice-président de la Chambre d’hôtellerie égyptienne, « ce qu’il nous faut d’urgence ce sont des moyens d’économiser non seulement de l’énergie mais aussi de l’argent » Al-Qayssouni pr&´cise que des études avec chiffres à l’appui ont été réalisées pour déterminer le coût exact de ces changements.
« Nous avons travaillé d’arrachepied pour que le coût de l’investissement technique soit le plus raisonnable possible, et pour que l’on puisse trouver des solutions de financement nationales et internationales », rapporte l’assistant du ministre.

Partenariats internationaux

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Le tourisme vert représentera bientôt 50 % de la demande mondiale.

L’Allemagne est aujourd’hui le premier partenaire de l’Egypte dans ce projet, suivie de l’Union européenne, de l’Agence française de développement et de l’UNDP. Des ONG ont également été consultées et seront intégrées au projet. De grandes entreprises sont aussi partenaires, comme Philips, avec laquelle ont été conçus 3 packs dits argent, or et platine, offrant des solutions techniques pour chaque niveau d’investissement. Toutes les entreprises égyptiennes du secteur des énergies renouvelables et certifiées internationalement, « qui étaient invisibles jusqu’&` présent », précise Al-Qayssouni, sont également impliquées dans le projet. Des négociations sont en cours avec les banques nationales, comme Al-Ahly et celle du logement et de l’urbanisme, afin qu’elles accordent des facilités de crédit à des taux d’intérêt préférentiels à tout acteur du secteur qui en ferait la demande. « Nous attendons leur réponse », indique Al-Qayssouni. La Chambre d’hôtellerie « appuie toutes les démarches en cours : les négociations sur le prix, les discussions techniques et les négociations avec les banques », indique son vice-président. L’ONG SEDA pour l’énergie solaire sera l’un des principaux partenaires du projet. « Nous sommes une plateforme de conception de projets et d’expertise technique, à laquelle collaborent des institutions, des entreprises, des universitaires », indique le directeur de l’ONG. Les entreprises touristiques qui suivront ce plan de conversion se verront décerner le label égyptien Green Star. Ce label promeut les bonnes pratiques en termes d’énergie et de consommation en eau. Déjà appliqué en mer Rouge, il nécessite maintenant une adoption à l’échelle nationale.

Se mettre au diapason du tourisme mondial

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Le ministre du Tourisme espère par ces actions enraciner une culture de respect et de mise en valeur de l’environnement dans l’ensemble du secteur. En effet, les chiffres de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) indiquent que le tourisme vert représentera bientôt 50 % de la demande totale mondiale. Les experts s’accordent à dire que ce sont là autant de nouvelles niches lucratives pour l’industrie touristique. Il est aisé de comprendre les raisons de cette tendance : les touristes ne veulent pas voir des sites dont ils ont rêvé dégradés, ou ensevelis sous les ordures, ni des populations en souffrance ou exclues des apports bénéfiques des activités touristiques. La tendance est actuellement au spécifique et une approche inclusive est le meilleur moyen de conserver ces spécificités.

Accélérer les plans de développement

Il existe depuis longtemps en Egypte des initiatives relevant de l’écotourisme. L’écologie en est un des principes, tout comme le respect des communautés humaines et de leurs cultures. Le plus ancien projet est celui de Ras Mohamad, un vaste parc naturel sur la pointe du Sinaï. Le plus récent concerne le géotourisme dans la région de Wadi Al-Guedid. Mais le ministère du Tourisme souhaite désormais passer à la vitesse supérieure. Un autre volet du projet de conversion vise à développer spécifiquement le tourisme environnemental ainsi qu’à améliorer l’exploitation des réserves et parcs naturels, toujours en coordination avec le ministère de l’Environnement. Avec une richesse culturelle et historique presque sans égale, 2 600 kilomètres de plages, des déserts époustouflants et la mer Rouge qui compte parmi les plus beaux sites de plongée au monde, le tourisme est l’un des atouts les plus précieux de l’économie égyptienne. Les ministères de l’Environnement et du Tourisme ont décidé en concertation de faire du tourisme « le fer de lance de la conversion énergétique de l’Egypte », selon les termes d’Al-Qayssouni. Des propos qui viennent en écho à l’analyse de l’OMT, selon laquelle tourisme et durabilité énergétique seront les principaux moteurs du développement durable.

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