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CAN 2013: Une succession d'inattendus

Mohamad Mosselhi, Lundi, 11 février 2013

Le rideau est tombé dimanche sur la 29e édition avec la victoire du Nigeria, qui a décroché son troisième titre continental. Bilan d’une compétition pauvre en technique, mais riche en surprises.

Côte d
L'éliminition rapide de la Côte d'Ivoire et la performance decevante de Didier Drogba figurent parmi les grandes surprises de la CAN. (Photo: AP)

La clôture de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2013 a eu lieu au stade de Soccer City à Johannesburg (Afrique du Sud), après 23 jours de suspense sur la scène africaine. Cette CAN a créé une joie immense au Nigeria, qui a décroché un titre mérité aux dépens du Burkina Faso, surprise de cette 29e édition de la compétition africaine. Cette CAN qui a attiré l’attention de tous les observateurs pendant plus de 3 semaines a connu de nombreuses surprises et plusieurs révélations. Le niveau technique pauvre de cette édition était la plus grande lacune de cette CAN. Ainsi, le spectacle était presque absent des stades. On a dû attendre les demi-finales pour voir des rencontres de niveau élevé lorsque le Nigeria a écrasé le Mali 4-1, avant que le Burkina Faso ne crée la surprise en se qualifiant pour la première finale de son histoire aux dépens du Ghana, favori. En effet, selon les observateurs, le niveau technique des autres rencontres a été vraiment décevant, d’autant plus que 13 rencontres des 24 disputées (plus de la moitié) au premier tour se sont achevées sur un nul. Ce niveau technique est dû en grande partie aux décevantes performances des grandes stars qui ont participé à cette CAN. L’attaquant ivoirien Didier Drogba et son homologue ghanéen Asamoah Gyan n’ont pas convaincu durant cette édition, en se contentant de marquer un seul but pour chacun d’eux. De même, la sélection marocaine garnie de stars, à l’image de Younes Belhanda, Abdel-Aziz Barrada et autres, a quitté la compétition dès le premier tour. Pire, ces stars étaient à l’origine de l’élimination du Maroc dès le premier tour à cause de leur jeu individuel qui ne profite pas au groupe.

Hiérarchie pas respectée

Même si le vainqueur de cette CAN figure parmi les grandes puissances continentales, à savoir le Nigeria, cette CAN tout comme l’édition dernière n’a pas respecté la hiérarchie sur le continent noir. La Zambie, tenant du titre, a été rapidement détrônée de son titre après son élimination au premier tour, devenant ainsi le premier champion à quitter la compétition dès le premier tour depuis 1992 quand l’Algérie, championne en 1990, a été éliminée du premier tour de l’édition suivante. Les pays du Maghreb, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ont continué leur parcours négatif lors de la CAN depuis 2004 lorsque le Maroc et la Tunisie, ont disputé la finale remportée par cette dernière. Depuis, les équipes du Maghreb n’ont convaincu dans la compétition continentale qu’une seule fois lorsque l’Algérie a pu décrocher une place dans les demi-finales en 2010. Un résultat assez décevant, surtout pour le Maroc qui dispose d’un effectif capable de décrocher le titre, mais le manque de travail collectif lui a coûté cher. L’Algérie a été la première sélection à quitter la CAN, mais malgré cette élimination rapide, cette jeune équipe a un bon avenir devant elle grâce à ses bonnes performances lors de cette édition. Mais son manque d’expérience lui a coûté deux défaites successives qui étaient à l’origine de son élimination. Quant à la Tunisie, elle est appelée à trouver une solution rapide à cette sélection qui ne dispose pas de stars afin de retrouver les années de gloire des Aigles de Carthage. Avec sa 4e place, le Ghana a complètement déçu d’autant plus qu’il était l’un des grands favoris pour le titre, mais son élimination des demi-finales par l’équipe surprise de la CAN, le Burkina Faso, a dévoilé que la charte du football africain a complètement changé. « Il n’y a plus d’équipes faibles en Afrique actuellement. Les équipes qui étaient jugées faibles ont créé la surprise. Ainsi, certaines grandes équipes ont quitté la CAN, et d’autres, non favorites, sont allées jusqu’au bout », explique Kwessi Appiah, directeur technique de la sélection ghanéenne.

La grande déception de la Côte d’Ivoire

Suite à l’élimination surprenante de la Côte d’Ivoire des quarts de finale de la CAN, tous les observateurs ont posé la même question : Quand est-ce que la Côte d’Ivoire parviendra-t-elle à remporter la CAN ? Depuis l’apparition de cette génération dorée en 2006, les Eléphants, à la surprise générale, laissent échapper le titre de leur main. C’est incroyable qu’une sélection, possédant des joueurs du calibre de Didier Drogba, Yaya Touré, meilleur joueur en Afrique pour la deuxième année successive, Kolo Toure et Didier Zokora, n’arrive pas à soulever le trophée de la CAN durant ses cinq dernières apparitions à la CAN. Si la Côte d’Ivoire n’a pas réussi à briser le monopole de l’Egypte lors des trois CAN en 2006, 2008 et 2010, elle avait une grande chance lors des deux dernières CAN (2012 et 2013), vu l’absence de l’Egypte. Mais comme elle a déçu en 2012, elle l’a fait aussi en 2013, alors que les Eléphants étaient les favoris numéro 1 pour le titre, mais leurs rêves se sont arrêtés aux quarts de finale après leur défaite de 1-2 contre le Nigeria. Théoriquement, la Côte d’Ivoire possède tous les moyens nécessaires pour remporter le titre, mais en pratique, il y a un certain problème au sein de cette sélection. « C’est vrai qu’on sent une amertume suite à cette défaite. Mais le sport est le domaine par excellence de la perte et de la victoire. On a tous fait notre possible pour remporter le titre, joueurs, cadre technique et responsables de la Fédération. Mais on a raté le titre. On doit accepter cette défaite et en tirer les enseignements », affirme Sidy Diallo, président de la Fédération ivoirienne de football. Le problème c’est qu’il y a 8 ans que les Ivoiriens apprennent des leçons, mais en vain !

Les outsiders ont surpris

Le Burkina Faso, le Togo et le Cap-Vert ont été classés comme des outsiders dans leur groupe. Ils n’étaient même pas favoris pour franchir le cap du premier tour. Mais à la surprise générale, ce trio a beaucoup séduit lors de la CAN. A commencer par le Cap-Vert. Cette sélection, qui a participé à la CAN pour la première fois de son histoire, était classée comme l’équipe la plus modeste du groupe A. Mais elle a créé la surprise une autre fois en se qualifiant aux quarts de finale de la CAN en tant que deuxième du groupe A, derrière l’Afrique du Sud et aux dépens du Maroc et de l’Angola. Son parcours s’est finalement achevé à cause de sa défaite de 0-2 contre le Ghana aux quarts de finale. Mais il faut dire que le Cap-Vert est sorti la tête haute. Le Togo a aussi surpris en se hissant jusqu’aux quarts de finale de la CAN pour la première fois de son histoire. C’est vrai que le Burkina Faso, l’étalon noir de la compétition, à mis un terme aux ambitions de l’attaquant togolais de Tottenham et ses coéquipiers, mais une place aux quarts de finale reste un exploit pour le Togo. « On a réalisé une bonne CAN. Atteindre les quarts de finale représente un grand succès et nous étions à un doigt de réaliser un exploit en nous qualifiant pour les demi-finales. Mais le facteur chance a joué contre nous face au Burkina Faso qui nous a éliminés », explique Didier Six, directeur technique français de la sélection togolaise. « Franchement, je suis très satisfait de nos résultats lors de la CAN », ajoute-t-il. Quant au Burkina Faso, qui a réalisé un exploit historique en terminant à la deuxième place, il a prouvé que le football ne connaît que les efforts déployés sur le terrain. Cette sélection a attiré l’admiration de tous ceux qui ont suivi la CAN par son jeu collectif et sa détermination sur le terrain. Même s’ils ont perdu le titre, les Burkinabés doivent être fiers de leur exploit. « On a perdu le titre. Ce n’est pas une surprise, mais on a gagné beaucoup de choses, dont la plus importante est notre place parmi les grands de l’Afrique », a déclaré Paul Put, directeur technique belge de la sélection burkinabée. Et il a parfaitement raison.

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