La moitié des revenus de Daech provient du commerce du pétrole.
(Photo : AP)
Depuis près de deux ans, l’offensive militaire menée par la coalition internationale antiterroriste et dirigée par les Etats-Unis pour la lutte contre l’organisation terroriste de l’Etat Islamique (EI) multiplie ses efforts pour assécher les ressources financières du groupe terroriste présent en Syrie et en Iraq.
En trois ans, le groupe a occupé environ 90 000 kilomètres carrés, a employé entre 50 000 et 200 000 hommes et a été classé parmi les organisations terroristes les plus riches au monde. Selon le département du Trésor des Etats-Unis, les revenus du groupe djihadiste ont été estimés à près d’un milliard de dollars à la fin de l’année dernière. Sachant que la moitié de ces revenus proviennent du commerce du pétrole.
Mais ce n’est pas son unique source de revenu. « L’organisation terroriste tire en effet une part importante de ses revenus du commerce des hydrocarbures (de gaz et de pétrole), puisqu’elle occupe une région très riche en or noir, mais elle compte aussi sur des dons extérieurs, le commerce illégal d’antiquités, la traite des êtres humains et les vols de comptes bancaires », précise Mamdouh Al-Cheikh, spécialiste des groupes islamistes.
Le chercheur explique en effet que le travail de collecte de fonds du groupe « s’apparente à celui des organisations mafieuses. Un travail méthodique, bien organisé, qui repose sur l’intimidation et la violence ».
Aujourd’hui, plusieurs indices révèlent que la guerre économique contre l’EI a déjà porté ses fruits. D’après des analystes économiques, le groupe se trouve confronté à des problèmes financiers sans précédent. Une étude publiée par le Centre européen d’Analyse du Terrorisme (CAT) enregistre entre autres un effondrement de 45 % de la production pétrolière de Daech. « Après le déclenchement de la guerre contre l’EI, la capacité du groupe terroriste à produire, vendre du pétrole et à en retirer les bénéfices a été fortement limitée. Notammant grâce aux nombreuses frappes de la coalition internationale contre des puits et des infrastructures pétrolières contrôlées par le groupe. Leur situation économique n’est plus celle qu’ils ont connue », souligne Mamdouh Al-Cheikh.
L’organisation a même dû remanier le salaire de ses combattants locaux et étrangers. « En raison des circonstances exceptionnelles auxquelles l’Etat islamique fait face, il a été décidé que les salaires des moudjahidine seraient divisés par deux. Personne ne sera exempté de cette décision, quel que soit son statut, mais la distribution de nourriture deux fois par mois sera néanmoins maintenue », indique un document officiel du groupe détaillant les coupes budgétaires. Selon Rami Abdel-Rahman, chef de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), qui lutte à la fois contre Daech et contre le régime syrien de Bachar Al-Assad, le salaire mensuel moyen d’un combattant non étranger de l’organisation atteint les 400 dollars en temps normal. Tandis que celui des combattants étrangers, lui, était de 800 dollars. Les salaires de ces deux catégories ont donc été divisés par deux.
De leur côté, les forces gouvernementales iraqiennes et syriennes ont repris d’importants territoires occupés par le groupe terroriste comprenant des sites de production de pétrole. Ses sources de revenus ainsi diminuées, le groupe a été obligé d’augmenter les impôts et les taxes auxquels sont soumises les populations et les entreprises des territoires sous son contrôle.
Pourtant de l’avis des experts, les frappes de la coalition internationale — avec un coût moyen de 8,1 millions de dollars par jour, selon le porte-parole du département de la Défense américaine — semblent ne pas être suffisantes pour assécher ou contrôler totalement les ressources financières du groupe qui possède d’immenses sommes en liquide dans différentes banques à travers le monde. Des analystes affirment que le groupe terroriste continue de tirer d’immenses profits du trafic d’hydrocarbures qui lui rapporte plus de 500 millions de dollars par an.
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