Latifa, sous son meilleur jour, loin du rôle de la diva.
A sa première expérience à la télévision,
Kalemat Ser (mot de passe), le réalisateur Saad Hindawi parvient à croiser les mondes de deux genres bien distincts : la fiction à suspense et la comédie musicale stylisée, avec Latifa en principale vedette.
D’un style bien soigné, le téléfeuilleton de production égypto-koweïtienne se distingue de par l’éloquence de son traitement dramatique et sa richesse visuelle, sans oublier l’intelligence du récit.
D’habitude, dans les drames musicaux interprétés par des chanteurs, tout va au service de la musique, tout le monde est consacré à travers différents motifs. Mais ceci ne s’applique guère à Kalemat Ser. Il s’agit plutôt là d’un drame au ton musical, où le chant n’est pas tiré par les cheveux et où la cantatrice tunisienne Latifa apparaît complètement sous la casquette de la comédienne professionnelle. Elle a réussi à rentrer dans la peau d’un personnage loin d’être celui d’une chanteuse, comme de coutume dans les cas pareils. Et incarne le rôle de Rahma, une professeure de français dans un collège privé, qui souffre de la jalousie et des doutes de son mari, campé par Hicham Sélim. De quoi rendre ce feuilleton plus sophistiqué que ne le laissaient entendre certains critiques.
Cette descente aux enfers d’une femme face aux soupçons maladifs de son mari est, par sa simplicité naturelle, saisissante.
Le mélange de comédie musicale et drame poignant offre à Latifa une occasion exceptionnelle, tant au niveau de sa prestation que sa carrière.
La comédienne Riham Abdel-Ghafour excelle dans le rôle de la peintre et amante, assez jalouse. Ahmad Salah Hosni colle parfaitement au personnage de coureur de jupons et ami du couple. Et Emy se prête bien au rôle de la jeune mère de famille souffrant d’infidélité conjugale.
L’équilibre bien dosé d’effets dramatiques et scéniques dans Kalemat Ser en fait un drame télévisé salutaire, surtout par l’interprétation assez surprenante de Latifa. Celle-ci a beaucoup mûri en tant que comédienne et s’est montrée beaucoup plus crédible que dans son dernier film Silence ... On tourne de Youssef Chahine, ou même dans la pièce de théâtre Hokm Al-Räyane (règne des parrains) des Rahbanis, présentée en 2004 au Liban.
Reste à saluer la finesse des paroles d’Ayman Bahgat Qamar et de la musique de Khaled Ezz, notamment dans la chanson Asrar (secrets), interprétée par Latifa.
Au final, il faut le souligner : l’enjeu était de taille pour Latifa, mais l’audace de son choix reste la cerise sur le gâteau.
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