
Les troubles géopolitiques et des prévisions d'augmentation de la consommation expliquent la hausse des prix. (Photo : Reuters)
Cinquante dollars le baril, c’est un niveau que n’avaient plus connu les cours du brut depuis novembre dernier. Le rebond se poursuit depuis le creux du mois de janvier, le baril ne valait plus que 26 dollars. Le lourd excédent mondial de pétrole semble se résorber peu à peu : aux Etats-Unis, la baisse des stocks de brut a même surpris par son ampleur. A cela s’ajoutent les perturbations de la production pétrolière au Canada, du fait des incendies géants dans l’Alberta, et surtout des sabotages des installations dans le Delta du Niger qui se poursuivent — ils ont amputé de 40 % les exportations nigérianes. Mais l’embellie des cours pourrait avoir un effet pervers : encourager le redémarrage des forages de pétrole de schiste aux Etats-Unis qui redeviennent rentables — leur nombre a d’ailleurs cessé de chuter la semaine dernière.
De leur côté, les producteurs de l’Opep, Iran et Arabie saoudite en tête, ne semblent pas décidés à limiter leurs exportations, on le verra à l’occasion de leur réunion à Vienne la semaine prochaine. Le rééquilibrage en cours entre l’offre et la demande de pétrole reste donc fragile. Et il n’est pas exclu que les cours du brut rechutent.
Progression de 80 %
Tombé sous la barre des 30 dollars au début de l’année, le prix du baril frôle actuellement les 50 dollars, soit une progression de 80 % en quatre mois. Plusieurs facteurs expliquent ce redressement des cours, notamment la chute de production dans différents pays. Il y a d’abord le chaos politique et économique qui touche le Venezuela.
En Libye, un accord de principe est intervenu le 17 mai entre les factions rivales (voir encadré), mais la production reste au plus bas et les exportations ne décollent pas. La reprise des attaques au Nigeria et les incendies dans l’Etat canadien d’Alberta complètent le tableau. Le Canada a été contraint à réduire d’un tiers sa production de sables bitumineux.
Mais les troubles géopolitiques n’expliquent pas tout. Le redressement des cours du pétrole semble avoir aussi été alimenté par des prévisions de certaines institutions, notamment de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). L’organisation basée à Paris anticipe une hausse de la consommation de 1,2 million de barils par jour, et ce, dès 2016. De quoi faire dire à certains experts que le rééquilibrage du marché a enfin commencé.
Bientôt la fin de l'anarchie pétrolière en Libye ?

(Photo : Reuters)
Les factions rivales libyennes se sont mises d’accord pour réunir les deux compagnies nationales de pétrole en une seule, selon le ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’union nationale, basé à Tripoli, qui s’exprimait la semaine dernière à Vienne. Cette réunification des institutions pétrolières était fortement encouragée par l’Onu.
Si l’accord de principe se concrétise entre le gouvernement libyen d’union nationale et le gouvernement de Tobrouk, il n’y aura bientôt plus qu’une seule compagnie nationale pétrolière en Libye, basée à Tripoli.
Depuis la chute de Kadhafi, une autre compagnie pétrolière nationale rivale, également baptisée NOC, avait été créée à l’est par le gouvernement de Tobrouk, issu du parlement élu. Mais la NOC « historique » de Tripoli conservait la faveur des acheteurs de pétrole et des compagnies étrangères, qui s’en tenaient à leurs contrats antérieurs.
L’Onu avait récemment condamné toute tentative d’exporter du pétrole par d’autres canaux, imposant même des sanctions à un tanker, le Distya Ameya, parti de Tobrouk fin avril. Une façon de soutenir économiquement le jeune gouvernement d’union nationale, toujours confronté à la menace djihadiste.
Tripoli pourrait être en mesure de contrôler à nouveau tous les revenus pétroliers. Gage de bonne volonté, le gouvernement rival de Tobrouk a repris les expéditions de pétrole vers les raffineries de Tripoli. Avec la réouverture des ports de Ras Lanouf, Es Sider et désormais Tobrouk, les exportations libyennes de pétrole pourraient reprendre à un bon rythme. Elles ont été divisées par quatre depuis 2011.
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