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Les médias dans la crise

Dimanche, 29 mai 2016

La restriction des libertés n’est pas le seul danger qui menace la presse aujourd’hui. L’incapacité à suivre la révolution des télécommunications n’est en effet pas moins dangereuse. Car nombreux sont ceux qui ont commencé à s’éloigner des médias écrits et audiovisuels pour se diriger vers les nouveaux médias digitaux, ou ce que l’on appelle « la presse du citoyen ».

Le phénomène Trump aux Etats-Unis n’est que le résultat de plusieurs phénomènes dont le plus important est sa maîtrise de l’usage des nouveaux médias dans les campagnes électorales. Trump, surnommé le roi des réseaux, a devancé ses adversaires dont certains jouissent pourtant du soutien de grandes chaînes de télévision et de grands journaux.

L’Egypte est encore loin de ces évolutions. Elle demeure l’un des rares pays où apparaissent de nouveaux journaux papier dans les kiosques et où sont créées de nouvelles chaînes de télé malgré les énormes difficultés qu’affrontent les médias devenus désuets à l’époque actuelle des médias digitaux.

C’est une situation fort étrange à une époque qui connaît une propagation des médias digitaux, même dans la région arabe. Selon le rapport publié il y a quelques jours par le Forum des médias arabes, intitulé « Un regard sur les médias arabes 2016-2018 », le nombre de personnes qui suivent désormais les informations sur Internet dépasse de loin le nombre de celles fidèles aux médias écrits et audiovisuels. Le même rapport prévoit que le chiffre d’affaires des médias arabes digitaux atteindra près d’un milliard de dollars en 2018. Ceci revient à plusieurs facteurs, dont le plus important est que les jeunes préfèrent les médias digitaux avec leurs nouveaux outils et leurs nouvelles notions tout à fait différents de ceux qui ont régi les médias traditionnels pendant de longues décennies.

La structure démographique de la majorité des pays arabes basée sur une pyramide à la base très large nous permet de comprendre la raison de la préférence pour les médias digitaux qui donnent des possibilités illimitées d’interactions, abstraction faite de leur qualité. Malgré la médiocrité présente sur les réseaux sociaux, le plus important est qu’ils permettent à n’importe qui de couvrir instantanément tout événement et de le filmer sur téléphone portable. C’est ainsi que les nouveaux médias sont devenus la source de ce que publient et diffusent les médias traditionnels sans avoir les moyens de s’assurer de leur véracité.

Ceci accroît la crise des médias traditionnels qui dépendent de plus en plus des nouveaux médias qui ont la capacité de couvrir immédiatement un événement et de produire un contenu médiatique à une vitesse inouïe.

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