La Libye dévastée par la guerre depuis la chute de Muammar Kadhafi.
(Photo:AP)
C’est pour soutenir la Libye dans sa lutte contre l’Etat Islamique (EI) que les ministres des Affaires étrangères européens, des Etats-Unis et des pays voisins de la Libye se sont réunis lundi dernier à Vienne. Présidé par le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, et le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, le sommet avait pour objectif principal de soutenir le processus de stabilisation en Libye. La réunion a porté sur les efforts que mène la communauté internationale pour favoriser le retour de la stabilité en Libye. Gentiloni a affirmé qu’un « effort commun est nécessaire pour aider le processus de stabilisation en Libye ». Les participants ont discuté du soutien international au nouveau gouvernement et les questions sécuritaires. « Le sommet n’est qu’un point de départ pour aider la Libye, pour lui fournir un soutien modeste en prélude à des aides en armes et en financement. D’ailleurs, le plus important est que l’on se dirige vers une sorte de levée des sanctions contre ce pays. Il est certes trop tôt de parler de levée de l’embargo, car ceci nécessite une stabilité et un rétablissement de la paix », explique Dr Mohamad Abdallah, analyste au Centre des études arabes et africaines au Caire. Selon l’analyste, « pour le moment, la présence de groupes armés sur le terrain inquiète la communauté internationale et l’empêche de changer son attitude envers la Libye. Ce sommet vise juste à desserrer un peu l’étau imposé au pays ».
Assouplir l’embargo
En effet, juste avant ce sommet, le gouvernement américain a déclaré être prêt à assouplir l’embargo des Nations-Unies sur les armes en Libye. « Si le gouvernement libyen prépare une liste détaillée et cohérente des choses qu’il veut utiliser pour combattre l’EI et répond à toutes les exigences de l’exemption, je pense que les membres du Conseil (de sécurité de l’Onu) vont examiner très sérieusement cette demande », a déclaré un haut responsable de l’administration, sans préciser quel type d’armes la Libye pourrait solliciter. Un embargo sur les armes avait été décidé par les Nations-Unies en 2011, mais a été violé à maintes reprises. Par ailleurs, les Etats-Unis ont annoncé avoir adopté des sanctions contre Aguila Saleh, président du parlement de Tobrouk (est), une assemblée qui n’a jamais formellement voté la confiance au gouvernement d’union de Fayez Al-Sarraj. L’Union européenne a pris une décision similaire le 1er avril dénonçant son attitude d’obstruction vis-à-vis du gouvernement d’union nationale, qui essaie d’installer son pouvoir à Tripoli malgré l’opposition des autorités gouvernant la capitale. L’Italie a également indiqué qu’elle était favorable à une levée de cet embargo, afin de consolider et stabiliser le gouvernement de Fayez Al-Sarraj.
Deux défis majeurs
En outre, les participants ont tenté d’apporter un soutien supplémentaire au nouvel exécutif libyen dirigé par Fayez Al-Sarraj et qui a lancé la semaine dernière une initiative visant à lutter contre Daech. En effet, cette réunion se déroule à un moment crucial : d’une part, le gouvernement d’union nationale parrainé par l’Onu peine à asseoir son autorité, plus d’un mois et demi après avoir pris ses fonctions à Tripoli. Depuis son arrivée à Tripoli fin mars, le gouvernement Sarraj essaye à rallier à sa cause les milices armées de l’ouest du pays. Il espère encore gagner l’adhésion du gouvernement parallèle installé dans l’est, une autorité parallèle est encore en place avec des forces armées qui lui sont loyales, notamment sous le commandement du général Khalifa Haftar et qui refuse de céder le pouvoir avant un vote de confiance du parlement, maintes fois reporté. D'autre part, les djihadistes du groupe Etat Islamique (EI) ont récemment étendu leur influence à l’ouest de la ville libyenne de Syrte qu’ils contrôlent depuis juin 2015.
Les combattants de l’EI se sont emparés la semaine dernière de la localité d’Abou-Grein, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Syrte, après une série d’attaques contre les forces militaires du gouvernement d’union. C’est la première fois que le groupe extrémiste réussit à étendre son contrôle à l’ouest de cette ville.
Dissensions politiques et vide sécuritaire ont facilité depuis 2014 l’implantation de l’EI en Libye, constituant une menace directe pour ses voisins et l’Europe. Ainsi, la communauté internationale mise sur un gouvernement d’union plus fort, seul à même de lutter contre la menace djihadiste et d’endiguer le flux migratoire depuis la Libye, à 300 km seulement des côtes italiennes.
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