Après plusieurs mois d’interruption, l’Iran et les grandes puissances ont repris contact à la mi-décembre pour relancer les négociations nucléaires. La prochaine rencontre doit avoir lieu le 25 février au Kazakhstan, a indiqué dimanche dernier le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, alors qu’un premier rendez-vous, annoncé pour les 27 et 28 janvier, a été raté sans que la moindre explication soit donnée ni d’un côté, ni de l’autre. M. Salehi a également demandé aux Etats-Unis de prouver leur « sincérité » avant d’entamer des négociations directes proposées par le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, dans un entretien diffusé dimanche par Euronews. « Les négociations auront lieu seulement lorsque nous aurons suffisamment confiance dans la sincérité des Américains » qui, selon lui, ne se sont pas montrés sincères par le passé, a déclaré M. Salehi, présent à la conférence internationale sur la sécurité de Munich (sud de l’Allemagne).
La veille, Joe Biden avait qualifié d’« offre sérieuse » l’appel lancé à Téhéran à reprendre les négociations sur le dossier nucléaire controversé de l’Iran. « Nous sommes prêts à avoir des discussions bilatérales avec la direction iranienne (...). Ce ne sera pas en secret et nous en informerons nos partenaires », avait déclaré M. Biden, qui participe également à la conférence de Munich. Rappelant les lourdes sanctions internationales qui pèsent aujourd’hui sur l’Iran, Joe Biden a lancé un appel aux dirigeants de la République islamique. « Nous avons clairement dit que les dirigeants iraniens ne devaient pas condamner leur peuple aux privations et à l’isolement international », a-t-il dit. « Il est encore temps, il y a encore de la place pour la diplomatie qui, appuyée par les pressions, peut aboutir. La balle est dans le camp du gouvernement iranien ». Des contacts directs pourraient être pris si le chef suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, est prêt à engager des discussions « sérieuses », a poursuivi Joe Biden. « C’est une offre qui tient, mais elle doit reposer sur du solide et du tangible, avec un calendrier. Il ne s’agit pas de faire cela pour la galerie », a souligné le vice-président américain. Présent également à Munich, le sénateur républicain John McCain a déclaré qu’il n’était pas hostile à des entretiens bilatéraux directs avec l’Iran, tout en faisant part de son scepticisme sur leur issue.
Lors de cette conférence dans la capitale bavaroise, le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, a déclaré que 2013 serait « une année décisive » sur ce dossier iranien. « Nous avons eu des élections aux Etats-Unis et en Israël, il y en aura en juin en Iran ... Nous voyons que l’Iran avance (dans son programme nucléaire), notamment dans le domaine de l’enrichissement (de l’uranium). Soyons francs : il n’y a pas eu de progrès ces douze derniers mois, il faut donc que nous tirions parti de cette année », a dit le ministre allemand, qui a souhaité « une solution politique et diplomatique ». La Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a elle aussi redit la nécessité de trouver une solution diplomatique à ce dossier nucléaire iranien. Jeudi, la secrétaire d’Etat américaine sortante, Hillary Clinton, a déclaré que la fenêtre de négociations avec l’Iran ne pouvait pas rester ouverte « trop longtemps ».
En attendant, l’Iran multiplie les annonces fracassantes, malgré les sanctions et avant la reprise envisagée des négociations sur son programme nucléaire controversé : envoi d’un singe dans l’espace, capacité accrue d’enrichissement d’uranium, avion de combat futuriste, projets de satellites. Le président Mahmoud Ahmadinejad a dévoilé samedi un avion de combat furtif aux formes futuristes, affirmant que l’Iran avait réalisé avec ses seuls moyens l’un des appareils « les plus modernes du monde ». Cette présentation coïncide avec les célébrations de l’anniversaire de la révolution islamique de 1979, que l’Iran utilise traditionnellement pour faire des annonces fracassantes sur l’accroissement de ses capacités scientifiques et militaires.
Ces démonstrations de puissance se sont intensifiées ces dernières années, Téhéran s’acharnant à prouver que l’embargo technologique, militaire et économique sévère de la communauté internationale contre la République islamique est sans effet. Le 28 janvier, l’Iran a affirmé avoir envoyé un singe dans l’espace pour un vol suborbital à 120 km d’altitude, après avoir annoncé quelques jours plus tôt à l’Agence internationale de l’énergie atomique l’installation de nouvelles centrifugeuses plus performantes pour enrichir l’uranium. Ces deux annonces ont fait figure de défi, l’Iran étant sous le coup de six résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, dont quatre assorties de sanctions, lui enjoignant de cesser l’enrichissement d’uranium et le développement de son programme balistique .
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