Le premier ministre israélien,
Benyamin Netanyahu, a promis de créer un gouvernement
d'union nationale.(Photo:AP)
« Le prochain gouvernement que je formerai se consacrera à la paix. J’appelle Abou Mazen (Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne) à revenir à la table des négociations. Chaque jour qui passe sans une discussion entre nous pour trouver un moyen de créer la paix entre nos peuples est un jour gâché ». Difficile de trouver un commentaire à cette déclaration faite par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, chef du Likoud, reconduit à son poste après les législatives du 22 janvier dernier. On ne sait plus si l’on doit en rire ou en pleurer. Sans doute, est-ce une plaisanterie. Entendre M. Netanyahu parler de paix avec les Palestiniens, c’est de l’ordre du surréalisme. Il suffit de voir ce que le premier ministre israélien a fait dans ce dossier durant son premier mandat, en l’occurrence rien du tout. Pire encore, en ce qui concerne le processus de paix, c’est marche arrière, notamment en raison de sa politique de colonisation. Pour preuve, selon un rapport d’experts du Conseil des droits de l’homme de l’Onu, rendu public jeudi dernier à Genève, « un nombre important de droits de l’homme des Palestiniens sont violés de manières et de façons diverses en raison de l’existence de ces colonies de peuplement ». « Conformément à l’article 49 de la quatrième Convention de Genève, Israël doit cesser toute activité de peuplement dans les colonies, et ce sans conditions préalables. Il doit immédiatement commencer un processus de retrait de tous les colons des territoires occupés », souligne le rapport dans ses recommandations.
Le rapport a été évidemment rejeté par Israël, qui poursuit sa politique de colonisation envers et contre tout. Faucon naturellement, toujours vague quant à ses intentions avec les Palestiniens, Benyamin Netanyahu est hostile à un retrait de Cisjordanie et rejette tout partage de Jérusalem ou encore l’idée d’un Etat palestinien jouissant des attributs de la souveraineté. Israël ne cédera jamais ni sur sa « sécurité », son maître mot, ni sur sa revendication d’être reconnu comme « l’Etat-nation du peuple juif », répète ce premier ministre ami des colons.
L’Iran en ligne de mire
Sur le dossier iranien, M. Netanyahu a été plus précis. « La tâche première du gouvernement que je formerai est d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire », a déclaré samedi dernier le chef du gouvernement sortant en acceptant la mission du chef de l’Etat, en ajoutant qu’« il faudrait aussi faire face à d’autres types d’armes létales qui s’accumulent autour de nous, menaçant nos villes et nos citoyens ». Benyamin Netanyahu a fait également allusion au danger posé pour Israël par le transfert d’armes de Syrie au mouvement pro-iranien libanais du Hezbollah, soupçonné par Israël de posséder des armes chimiques. « Nous devrons aussi traiter la question d’autres armes meurtrières massées autour de nous et qui menacent nos villes et nos citoyens », a-t-il dit sans nommer spécifiquement un pays. Ce processus post-électoral se déroule sur fond de nouvelles tensions régionales avec l’annonce d’un raid israélien mercredi en Syrie, pays allié de l’Iran et du mouvement chiite libanais Hezbollah, ennemis jurés de l’Etat hébreu. Une aubaine pour M. Netanyahu, qui, au cours de sa campagne électorale, avait déjà choisi le thème de la sécurité d’Israël comme cheval de bataille.
Sur le plan intérieur, le premier ministre israélien a promis de nouveau de créer « le gouvernement d’union nationale le plus large et stable possible ». Les tractations officielles en vue de la formation du gouvernement ont débuté dimanche dernier, au lendemain de sa nomination officielle. Lors de cette première journée, M. Netanyahu s’est entretenu avec Yaïr Lapid, chef de file du parti centriste Yesh Atid (il y a un avenir), surprenant deuxième aux élections (19 sièges), puis avec Naftali Bennett, le dirigeant du parti nationaliste religieux Foyer juif, qui a réalisé une percée (12 sièges). M. Lapid, qui a déjà rencontré M. Netanyahu jeudi dernier lors de négociations informelles, est au coeur des tractations pour constituer le futur cabinet. Le premier ministre va également tenter de faire entrer M. Bennett, le jeune dirigeant du Foyer juif, situé à la droite de la droite et très proche des colons dans la future coalition gouvernementale. Deux partis ultra-orthodoxes — le Shass (11) et Judaïsme unifié de la Torah (7) — pourraient également participer au gouvernement, ainsi que le centriste Kadima, premier parti au sein de l’assemblée sortante, mais qui s’est effondré le 22 janvier (2 élus). La loi stipule que le candidat désigné dispose d’une période de 28 jours pour présenter son gouvernement au Parlement. S’il échoue durant ce laps de temps, il peut obtenir un délai supplémentaire de 14 jours. En cas de nouvel échec, le président peut désigner un autre candidat .
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