Progrès mesurés dans une ambiance tendue.
(Photo : AFP)
Les pourparlers intersyriens, qui devraient durer une dizaine de jours, ont repris cette semaine à Genève dans une ambiance tendue comme cela a toujours été le cas lors des précédents pourparlers
, mais à peine les négociations commencées, l'opposition a demandé de les reporter. La dernière rencontre s’était tenue du 14 au 23 mars au Palais des Nations de Genève, siège de l’Onu, mais n’avait pas permis d’avancée majeure. Mais en dépit de ces tensions, de nouvelles perspectives sont apparues. Alors que les points de désaccords de fond persistent, l’émissaire spécial de l’Onu, Staffan de Mistura, a commencé à mettre sur la table des idées qui pourront servir de base à des négociations sérieuses.
Ce nouveau round a commencé par une rencontre entre Staffan de Mistura et une délégation du Haut Comité des Négociations (HCN), qui rassemble les principaux groupes d’opposants au régime de Damas.
Le fossé reste toutefois énorme entre régime et opposition sur la transition : le HCN exige le départ de Bachar Al-Assad, tandis que Damas se dit prêt à envisager un gouvernement de coalition avec l’opposition, mais considère que le sort du président est une ligne rouge. Pour Moscou, qui soutient politiquement et militairement le régime de Damas, les discussions doivent se concentrer sur la rédaction d’une nouvelle Constitution. « Il est clair que le résultat du processus politique doit être une nouvelle Constitution sur laquelle se fonderont des élections anticipées », a dit le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. A Washington, le président américain, Barack Obama, a insisté sur la détermination des Etats-Unis à poursuivre les efforts diplomatiques engagés pour mettre fin à cet horrible conflit.
La feuille de route, fixée par la résolution 2 254 du Conseil de sécurité de l’Onu, prévoit une période de 6 mois pour mettre en place un organe de gouvernement et rédiger une nouvelle Constitution, puis une période de 12 mois pour organiser des élections présidentielle et législatives. Le compte à rebours des 18 mois a officiellement démarré le 14 mars dernier. Staffan de Mistura a proposé une solution avec le maintien du président Bachar Al-Assad, mais l’opposition l’a rejetée catégoriquement, a déclaré samedi à l’AFP un représentant de la délégation d’opposants présents à Genève pour les pourparlers de paix. « L’émissaire de l’Onu a proposé que le président Assad approuve la nomination de trois vice-présidents choisis par nous et qu’il leur transfère ses pouvoirs militaires et politiques, en ne conservant qu’une position protocolaire », a indiqué sous couvert d’anonymat ce responsable, membre du HCN, qui regroupe les principales factions opposées à Damas.
Le HCN insiste sur la formation d’un organe gouvernemental de transition, mais sans la présence du président syrien, dont il exige le départ préalable. « Nous ne pouvons pas accepter la participation dans le (futur) organe de transition de responsables qui ont commis des crimes contre le peuple syrien », a affirmé vendredi Salem Al-Meslet, porte-parole du HCN.
Or, les demandes de l’opposition ne semblent pas correspondre à la réalité sur le terrain, où l’armée régulière avance depuis l’intervention russe. « L’opposition a perdu beaucoup de son influence au sol, cependant, elle cherche à compenser cela par le soutien saoudien et turc ainsi que la diplomatie américaine », explique un diplomate qui a requis l’anonymat.
Dissensions
L’opposition se dit prête à former un gouvernement de transition avec des diplomates et des technocrates du régime de Damas. « Les noms jugés acceptables par l’opposition n’ont pas encore été discutés. La distribution des sièges au sein de l’organe de transition fera l’objet d’un long débat et il est encore prématuré d’en parler », ajoute le porte-parole du HCN. L’opposition envisage de suspendre sa participation aux négociations de Genève si le régime de Damas continue à refuser de parler du sort du président Bachar Al-Assad, a-t-on appris dimanche auprès d’opposants. « Les négociations sont presque arrivées à une impasse en raison de l’entêtement du régime à refuser de discuter du sort d’Assad », a déclaré à l’AFP un membre de la délégation du HCN, qui regroupe les principaux représentants de l’opposition au régime et de la rébellion.
Avec un désaccord fondamental qui se cristallise autour du sort de Bachar Al-Assad, les protagonistes semblent omettre le reste des questions dont le règlement est essentiel pour l’avenir de la Syrie. « Le départ de Bachar ne représente pas la baguette magique qui mettrait fin à tous les maux de la Syrie. L’alternative doit être bien préparée afin d’éviter que le chaos ne se généralise. L’expérience en Libye a démontré les conséquences néfastes du vide causé par la chute de la tête du pouvoir », prévient le diplomate qui a requis l’anonymat. Et de conclure : « Mais surtout, les différentes parties syriennes présentes à Genève ne seront jamais capables à elles seules d’aboutir à un accord. Un accord ne peut se faire sans une entente russo-américaine conjuguée à la bénédiction de l’Arabie saoudite et de l’Iran, ainsi que de la Turquie. Russes et Américains sont d’ailleurs en train de mener des consultations bilatérales parallèles pour trouver un accord qui serait proposé, voire imposé à toutes les parties. Cet accord tiendra sans doute compte des rapports de force au sol ainsi que des intérêts régionaux et internationaux ».
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