Le Caire est devenu membre du Fonds Monétaire International (FMI) en décembre 1945, avec une contribution d’environ 1,5 milliard de dollars. Dans sa longue histoire économique et ses efforts pour financer les réformes sociales et le redressement de son économie, l’Egypte cherchait le soutien de la Banque Mondiale (BM) et du FMI. Dès les années 1950, les autorités locales ont demandé des prêts à la BM pour construire des projets colossaux. «
L’histoire date de l’époque du président Gamal Abdel-Nasser qui avait demandé, en 1955, un prêt pour la construction du Haut-Barrage dont le pays avait besoin pour étendre son agriculture. La Banque mondiale était disposée à avancer 200 millions de dollars pour ce projet », rappelle Ahmad Abdel-Hafez, économiste et directeur du département d’économie à l’Université du 6 Octobre.
Le refus de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis de contribuer au financement du barrage était le prétexte de la BM pour refuser, elle aussi plus tard, de financer le projet colossal. C’est ainsi que Nasser riposta en annonçant, le 26 juillet 1956, dans un grand meeting populaire, la nationalisation de la Compagnie du Canal de Suez et l’utilisation de ses revenus dans la construction du Haut-Barrage. Et c’est finalement l’URSS qui a contribué au financement du projet. « A l’époque, les cinq grandes puissances du monde : Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne et Japon commandaient les décisions de la BM. Car les fonds monétaires internationaux ne sont pas des organisations de charité, mais des fondations dominées par les grands pays à économie colossale et aux intérêts illimités. C’est ainsi que leurs décisions servaient leurs intérêts », explique Fakhri Al-Fiqi, professeur d’économie à l’Université du Caire et conseiller au FMI.
A l’époque du président Anouar Al-Sadate, en 1976, l’Egypte s’est entretenue avec le FMI pour un prêt de 185,7 millions de dollars en vue de résoudre ses arriérés de remboursement. En janvier 1977, le gouvernement égyptien a donc annoncé — conformément au programme signé avec le FMI — la hausse des prix de certaines denrées alimentaires subventionnées et de produits de base, notamment le pain, ce qui avait provoqué une crise politique, entraîné la colère de la population et des émeutes violentes qui ont fait plus de 70 morts. Devant la colère populaire, le programme ne s’est pas poursuivi, le gouvernement a démissionné et les prix ont retrouvé la normale.
Politiquement sensible
Depuis, la question de la réduction des produits subventionnés est devenue politiquement sensible en Egypte. A l’époque du président Hosni Moubarak, dans sa recherche de partenariats économiques afin de relancer son économie, l’Egypte a demandé deux prêts au FMI. Le premier en 1987, mais le FMI a annulé l’accord. Et en 1991, le gouvernement de Atef Sedqi a renouvelé sa demande de prêt de 375,2 millions de dollars pour combler son déficit commercial, et cette fois, il l’a obtenu.
« Le gouvernement de Sedqi a présenté un excellent programme de réforme économique qui a fasciné le FMI. Au terme de ce programme, en 1997, la situation économique du pays était excellente. Le taux d’inflation a été réduit à 3,8 % et celui de croissance a atteint 6,7 %. Et les réserves de change ont aussi augmenté. Le rôle du FMI ne se limitait pas à fournir des prêts mais aussi à apporter des conseils et assistances techniques », indique Fakhri Al-Fiqi.
En 1996, l’Egypte a demandé auprès du FMI un prêt de 434,4 millions de dollars, mais elle ne l’a pas reçu en raison de son incapacité de remboursement et des difficultés internes. Après la destitution de Moubarak et la révolution du 25 janvier 2011, le gouvernement de Kamal Al-Ganzouri a annoncé son intention de s’adresser au FMI pour un nouvel emprunt, mais le Conseil des forces armées a rejeté cette démarche.
Et en 2012, à l’époque du président Mohamad Morsi, le gouvernement de Hicham Qandil a approuvé la demande d’un prêt d’une valeur de 3,2 milliards de dollars, revu à la hausse à 4,7 milliards de dollars. Cependant, la signature du prêt n’a pas eu lieu. Et depuis, sous le président Sissi, le gouvernement se dit disposé à recevoir un prêt d’un milliard de dollars de la Banque mondiale. Cette aide pourrait être suivie de deux autres prêts d’un milliard de dollars chacun.
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