Le scénario de la dévaluation de la Livre Egyptienne (L.E.) face au dollar n’est pas tout nouveau. L’histoire de la L.E. a témoigné de plusieurs faux pas mais celui datant de l’année 2003 a été l’un des plus célèbres, voire des plus graves.
A l’époque de Hosni Moubarak, et dans le cadre du processus de réforme économique, le gouvernement de Atef Ebeid a décreté le flottement total de la L.E. qui a perdu, en ce temps, près de 17 % de sa valeur. Le taux de change est passé de 4,60 à 5,5 L.E. Le 31 janvier 2003, le quotidien officiel Al-Ahram publiait que cette étape cruciale était l’idée du secrétariat politique du Parti National Démocrate (PND), dirigé par Gamal Moubarak, le fils du président. La décision a été critiquée de la part des économistes et des analystes financiers qui l’ont qualifiée de politique et décrétée de façon hâtive.
Selon le gouvernement, cette mesure économique était nécessaire pour adapter le marché égyptien à un plus haut degré de compétitivité. Elle était aussi très nécessaire à la poursuite de ses efforts déployés pour introduire des réformes structurelles visant à dynamiser l’économie égyptienne et encourager le commerce interne, les exportations et les investissements notamment étrangers. « En 2003, les contextes politiques et économiques étaient favorables à l’exécution de cette décision malgré son instantanéité : on possédait des importations suffisantes pour plus de 6 mois, un essor touristique et des réserves de devises étrangères presque suffisantes, 13 milliards de dollars », explique Dr Fouad Abou-Steit, professeur d’économie à l’Université de Hélouan, au Caire.
Cependant, les effets du flottement de la L.E. de 2003 sont apparus. Avec entre autres une folle augmentation des prix des produits et des services, et l’inflation au point où le gouvernement a dû réintroduire, en septembre de la même année, des subventions sur certaines denrées alimentaires de base. Selon Fouad Abou-Steit, le flottement de la L.E. avait aussi des avantages : « Le flottement de la L.E. en 2003 a encouragé les exportations et les investissements étrangers. Il a aussi contrôlé le marché noir et stabilisé le taux de change jusqu’en 2010. La L.E. n’a témoigné que d’une légère perte, pendant 7 ans », reprend Abou-Steit. Selon lui, il est difficile de comparer les circonstances de 2003 à celles d’aujourd’hui pour justifier l’actuel flottement de la L.E.
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