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Hani Guéneina : L’alternative était d’avoir une distorsion du dollar

Marwa Hussein, Mardi, 22 mars 2016

Hani Guéneina, directeur du département des recherches chez Beltone Financial, salue la dépréciation de la livre égyptienne et estime qu’elle favorisera la croissance.

Ahram Hebdo : Ne craignez-vous pas que la dépréciation de la livre égyptienne augmente la dette étran­gère et le service de la dette, entraî­nant une augmentation du déficit ?

Hani Guéneina : L’effet sur le déficit sera limité, le ministre des Finances a affirmé que la dépréciation élèverait de 10 milliards de L.E. les dépenses de l’Etat. La somme n’est pas importante par rapport à un déficit d’environ 250 milliards de L.E. La hausse présumée du déficit n’est donc pas inquiétante.

En tout cas, il n’y avait vraiment pas d’autres choix, la seule alternative était d’avoir une distorsion des prix du dollar. La décision est juste et il fallait la prendre avant l’épuisement des réserves de change et l’effondrement de la livre.

— S’agit-il d’un flottement de la livre égyptienne ?

— Il s’agit d’une phase temporaire de flottement. Le flottement total nécessite l’annulation des enchères sur le dollar par la Banque Centrale et permettre au taux de change de fluc­tuer librement.

— Au niveau de la politique moné­taire, quelles mesures devrait prendre la Banque Centrale pour équilibrer l’effet de la déprécia­tion ?

La Banque Centrale a augmenté le taux d’intérêt sur les dépôts ban­caires pour limiter les liquidités sur le marché et contrer l’inflation. Cela va de pair avec la décision, prise en jan­vier, d’imposer un plafond pour les prêts à 35 % des revenus mensuels.

— Quelle politique fiscale doit être adoptée ?

— Il s’agit plutôt d’une politique d’austérité qui visera à réduire le défi­cit budgétaire. Il est prévu que le gou­vernement impose la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), ce qui permettrait de réduire le déficit ainsi que les pres­sions sur la Banque Centrale pour imprimer de l’argent. Le tout devrait permettre d’alléger l’inflation en 2017.

— Qu’en est-il de l’inflation en 2016, sachant que toute dévaluation a été accompagnée d’une hausse des prix malgré les déclarations rassu­rantes des autorités ?

— En 2016, nous prévoyons une inflation entre 10 et 15 %. Cela est proche des niveaux atteints en 2007, mais cette fois, l’inflation est utile et vient redresser une structure des prix déformés. Elle s’accompagne d’une réforme structurelle, et n’est pas la conséquence d’une hausse des prix internationaux.

Le gouvernement a introduit un système de fixation des prix par un accord avec des chaînes de supermar­chés en vertu duquel celles-ci vont réduire entre 10 et 15 % les prix de certains produits pour une période de six mois.

— Quel sera l’effet sur la crois­sance ?

— L’agence de notation Moody’s vient de publier un rapport positif sur l’Egypte, estimant que le problème du dollar sera réglé avec la nouvelle poli­tique de taux de change.

La fin des distorsions du taux de change sur le dollar sera suivie par des fusions et acquisitions. Depuis la dévaluation, les investisseurs étran­gers sont devenus des acheteurs nets en Bourse.

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