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Cinéma : La mort comme point de retour

Yasser Moheb, Mardi, 29 janvier 2013

Dans son nouveau film Aala gosséti (sur mon cadavre), le jeune comédien Ahmad Helmi signe le dernier volet de sa trilogie de comédies fantastiques. Un long métrage qui se laisse regarder à condition de ne pas s’attendre à un chef-d’oeuvre ...

Cinema
Deux fantômes, dans un terrain de sport.

Il y a des films dont il ne vaut mieux pas trop parler sous peine d’en divulguer l’histoire. Aala gosséti (sur mon cadavre) est de ceux-là.

Il s’agit d’un homme, Raouf — interprété par Ahmad Helmi — qui, entouré de sa femme Souad — Ghada Adel — et de son fils unique Raafat, mène une vie routinière. Il s’impose des règles très strictes, obligeant sa famille à vivre selon un style classique et démodé. Même au travail, ses employés souffrent de son despotisme. Mais un jour, il a un accident de voiture et frôle la mort. Son âme va alors flâner parmi ses proches et découvrir leurs véritables sentiments.

Le film est un va-et-vient entre le fantastique et le réel plongé dans un cadre d’humour philosophique. Il appartient aux comédies fantastiques, dont le principe est de mettre le monde réel face à des phénomènes incompatibles avec les lois de la nature. D’où la relation entre le personnage principal et son fantôme, et l’approche de la mort qui lui fait revoir ses fautes jusqu’à lui redonner une joie de vivre.

L’un des autres aspects propres au cinéma fantastique est la critique et la caricature sociale. Aala gosséti n’échappe pas à la règle. L’ironie porte sur plusieurs aspects de la société. Il offre une série de critiques directes et indirectes sur les relations familiales, le pouvoir, le chaos parlementaire ...

Le film aborde surtout des thèmes chers à Ahmad Helmi, comme la religion, la citoyenneté et la vie après la mort. Des ingrédients qui ont fait le succès de ses deux autres longs métrages : Assef aala al-izeag (désolé pour le dérangement) et Alf mabrouk (Félicitations). Le jeune acteur qui rayonne de sensibilité et de douleur a aussi choisi de participer à la production du film. Mais a-t-il réussi à compléter sa trilogie ? Pas tout à fait.

Rater son chemin dramatique

Bien que l’idée ne soit pas inintéressante, le scénario de Tamer Ibrahim, qui signe là son premier film, ne l’exploite pas à fond comme le prouve la platitude de nombreux éléments de l’histoire. Le scénariste s’est inspiré du film américain Just like Heaven (comme au paradis) de Mark Waters, produit en 2005 et joué par Reese Witherspoon, Mark Ruffalo et Donal Logue. Mais la version égyptienne met l’accent sur la volonté de vivre et d’exprimer ce que l’on ne peut pas formuler au quotidien.

L’idée est attirante, mais le film sonne malheureusement creux. Faire reposer tout l’intérêt d’une fiction sur son final est un gros risque. Tout au long des 120 minutes du film, on est face à une oeuvre qui se laisse regarder sans chercher plus loin. L’histoire n’est pas très drôle, pas très captivante, mais reste toutefois originale par son idée de base, peu fréquente dans le cinéma égyptien.

Côté réalisation, c’est aussi une première pour Mohamad Bakir qui réussit là un travail soigné. La bande musicale signée par le jeune Mohamad Hédaya offre à l’intrigue un certain goût classy, et réussit à ne pas trahir l’harmonie et l’espace temporel instable des événements.

Quant à la direction d’acteurs, elle est pour le moins étonnante. Le réalisateur semble s’être volontairement concentré sur la prestation d’Ahmad Helmi, un peu au détriment de certains autres personnages, trop caricaturaux. Ghada Adel dans le rôle de l’épouse du protagoniste autoritaire signe l’un des rôles les plus simples de sa récente filmographie. Et le comédien Hassan Hosni reste fidèle à son talent et à sa belle allure, surtout dans le rôle d’un fantôme. Alors que le film n’a rien d’un chef-d’oeuvre, il aurait pu en être un.

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