
Essam Al-Hadari, mythique gardien de but de l'Egypte.
AL-Ahram Hebdo : A 43 ans vous êtes toujours l’un des meilleurs gardiens de but en Egypte et vous venez d’être sélectionné en équipe nationale…
Essam Al-Hadari : C’est le fruit de ma persévérance. Je m’entraîne depuis 28 ans. J’aime le foot, c’est mon seul métier. Je me donne à fond, car c’est à la fois une vocation et mon gagne-pain. C’est grâce au football que je suis devenu le célèbre Essam Al-Hadari et que j’ai connu de belles choses dans la vie. Je suis toujours content d’aller aux entraînements. Je m’entraîne comme si j’étais un jeune joueur.
Mon mot d’ordre est la concentration. J’aime gagner. Je n’aime pas encaisser des buts. Je déploie autant d’efforts en finale de la Coupe d’Afrique que lors d’un match contre une petite équipe au Championnat national. Je ne sousestime aucun adversaire, quel que soit son niveau. C’est depuis que j’étais encore un jeune gardien au club de Damiette que je m’entraîne pour devenir un gardien de but, le meilleur gardien de but en Egypte et en Afrique. Et voilà que j’ai atteint mon but. Vouloir c’est pouvoir. Je ne porte aucune attention au fait que certains me reprochent de jouer dans un petit club comme Wadi Degla.
Ce qui compte pour moi c’est de jouer. Que ce soit avec l’équipe nationale ou avec un petit club, ça m’est égal. Dans le football moderne, nous jugeons un joueur selon son niveau technique et sa performance sur le terrain. Dans le passé, lorsqu’un joueur avait 30 ans, on lui posait la question : « Quand est-ce que tu vas raccrocher tes godasses ? ». Maintenant, cela a changé. Nous avons vu de grands joueurs, à l’instar de Hossam et d’Ibrahim Hassan en Egypte par exemple, qui ont continué à jouer à l’âge de 40 ans avec le même niveau. Ils étaient parmi les meilleurs joueurs de leur équipe. J’ai aujourd’hui 43 ans et je m’entraîne sérieusement comme si j’avais 20 ans.
— A votre âge, quels sont vos rêves en football ?
— Tout au long de ma carrière, j’ai réalisé de grands exploits. Avec la sélection, j’ai remporté 4 fois la CAN. J’étais une fois vainqueur des Jeux panarabes, une fois vainqueur des Jeux africains. J’ai participé 2 fois à la Coupe intercontinentale et une fois à la Coupe du monde militaire. Sur le plan des clubs, avec Ahli, j’ai été 8 fois champion de l’Egypte, 4 fois vainqueur de la Coupe d’Egypte et 4 fois vainqueur de la Supercoupe d’Egypte, 3 fois vainqueur de la Ligue des Champions d’Afrique, 3 fois vainqueur de la Supercoupe d’Afrique, 1 fois vainqueur de la Coupe arabe des clubs champions, et médaillé de bronze de la Coupe du monde des clubs. Avec le club suisse de Sion, j’ai remporté la Coupe de Suisse. Avec Al-Marrikh de Khartoum, j’ai remporté une fois le Championnat du Soudan, la Coupe du Soudan et la médaille de bronze de la Coupe de CECAFA. J’étais meilleur gardien de but en Afrique pendant trois éditions de la Ligue des Champions : 2001, 2005 et 2006, et meilleur gardien de la CAN trois fois : 2006, 2008 et 2010. Je souhaite participer à une Coupe du monde. Je rêve de garder la cage des Pharaons au Mondial 2018 en Russie. L’Egypte possède actuellement une génération de bons joueurs avec un staff technique capable de la qualifier en Coupe du monde après une longue absence.
— A supposer que l’Egypte se qualifie à la Coupe du monde de Russie en 2018, pensezvous que vous ayez une chance d’être titulaire à l’âge de 45 ans ?
— Je vais bien me concentrer lors des entraînements et fournir le maximum d’efforts pour être au top, et pour le reste, c’est Dieu qui en décidera. Je pense que le staff technique de la sélection égyptienne sous la direction d’Hector Cuper n’accorde pas de grande importance à l’âge ou aux noms des joueurs. C’est la performance qui compte pour lui. Si je parviens à maintenir mon niveau actuel, j’aurai la chance de participer au Mondial même si j’aurai 45 ans à ce moment-là.
— Certains considèrent que le fait de jouer dans un club peu populaire comme Wadi Degla à la fin de votre carrière est une mauvaise décision. La majorité des footballeurs préfèrent terminer leur carrière dans de grands clubs, afin de pouvoir y travailler après la retraite …
— Je suis différent. Je porte les couleurs du club qui me plaît. Qu’il soit petit ou grand, cela m’importe peu. J’ai joué avec Damiette puis Ahli, Sion (Suisse), Al-Marrikh (Soudan), Ittihad d’Alexandrie, Ismaïli, Zamalek, Wadi Degla, puis Ismaïli et Wadi Degla de nouveau. Je n’ai aucun problème à changer de club chaque saison, à condition que je me sente à l’aise et que je joue le football à ma façon, sans stress ni problème avec la direction du club. Ce qui compte pour moi, c’est de jouer du foot. Quant à l’histoire de travailler dans un grand club après ma retraite, j’ai déjà fait mon choix. Je préfère travailler dans l’administration plutôt que dans le domaine technique. Je rêve de devenir un bon administrateur dans le domaine du football, comme je fus un bon gardien de but.
— A 43 ans, vous êtes sélectionné en équipe nationale car en ce moment, aucun gardien de but ne semble avoir votre niveau. Qu’en pensezvous ?
— La mentalité a changé. La plupart des clubs ne s’intéressent pas à la formation des gardiens. Ils préfèrent les recruter.
— D’après vous, qui est le gardien de but de la jeune génération qui a votre style de jeu et qui serait votre successeur ?
— Aucun. Chaque joueur a son propre style. Al-Hadari n’a pas de pareil, comme Abou-Treika et Mohamad Barakat qui restent inimitables. Tout comme Messi et Cristiano Ronaldo. Peutêtre qu’un jour, un gardien aura le même niveau, mais il ne sera pas comme moi et ne sera pas mon successeur .
Lien court: