Al-Ahram Hebdo : Qui sont les membres de ce nouveau mouvement et quel est son objectif ?
Mohamad Kantar : Notre mouvement vient de voir le jour ici au Caire. A l’origine, un comité sous l’égide, entre autres, d’Ahmad Al-Jarba, le président du mouvement, Zakaria Alsakal, Ammar Kourabi et Qassem Al-Khatib a lancé un appel à tous les Syriens pour s’unifier et se rassembler en un seul mouvement, avec pour objectif de faire chuter le régime. Notre but est de former un groupe qui unit les Syriens, indépendamment de leur appartenance religieuse ou communautaire. Autrement dit, notre mouvement est composé de sunnites, de chiites, d’alaouites, de kurdes, de politiciens, d’intellectuels et d’activistes. Il s’agit tout simplement de Syriens. Notre but est d’oeuvrer pour un meilleur avenir pour notre pays et notre peuple.
— Vous venez de tenir votre premier congrès vendredi et samedi derniers au Caire, qu’en est-il ?
— Nous avons discuté de la situation actuelle. Nous nous sommes mis d’accord sur nos priorités, nos principes et sur l’esprit de notre formation, loin des tendances politiques et des appartenances religieuses. Nous tenons à représenter tous les Syriens et non pas une seule catégorie de Syriens. Nous voulons un pays libre où chaque syrien aura tous ses droits. Notre but est la chute du régime qui a commis beaucoup de crimes et de massacres contre son peuple. Aussi, nous sommes contre tous les groupes armés qui détruisent notre pays. Nous estimons que, et le régime et les groupes armés nuisent à la Syrie. Nous refusons la violence et ne croyons qu’à la voie politique. En effet, il est clair que les Syriens doivent se mettre d’accord pour sauver le pays et en finir avec le chaos qui plane sur la Syrie. D’ailleurs, nous avons décidé de mettre à part nos divergences et d’en discuter ultérieurement, par exemple au moment où nous préparerons une nouvelle Constitution, au parlement, à travers des partis politiques. Aujourd’hui, l’important est de sauver la Syrie.
— Oui, mais tout cela reste parfait, mais très hypothétique. Comment comptez-vous rallier les Syriens de tous bords à votre cause ?
— Tout d’abord, on ne veut avoir aucun lien avec le régime. Cela ne sert à rien à lui imposer nos avis ou nos solutions. Le régime est un ennemi non seulement pour notre mouvement mais pour tous les Syriens. Quant au peuple syrien, nos portes sont ouvertes à tous. Aujourd’hui, la rue syrienne est plus consciente, personne ne peut rien lui imposer. Ce qu’on présente, c’est une solution pacifique pour finir la guerre et reconstruire le pays. On tend nos mains à tout le monde. Plus on aura le soutien de partis, de mouvements et de forces politiques, plus on garantira notre succès. C’est là notre enjeu.
— Comment vous positionnez-vous par rapport aux conférences de Genève 1 et 2 et au plan de paix onusien ?
— Nous sommes d’accord avec toutes les résolutions onusiennes et arabes, toutes les conférences organisées par la communauté internationale. Nous acceptons le plan onusien, l’idée d’une période de transition et d’une passation pacifique du pouvoir. Une solution sans le régime de Bachar Al-Assad. Mais l’important est l’application de ces résolutions et du plan de paix. Pour cela, il faut exercer plus de pressions et doubler les efforts. Dans notre mouvement, il y aura un comité chargé de contacter les pays amis et tous ceux qui sont concernés par la Syrie et leur expliquer nos buts et nos plans pour trouver une issue satisfaisante et applicable.
— On accuse souvent l’opposition syrienne d’être désunie et incapable de faire front commun contre le régime. Qu’en pensez-vous ?
— Tout d’abord, ces accusations sont complètement fausses, la communauté internationale essaye de trouver des excuses pour justifier son impuissance face à la crise syrienne. Ce qui est vrai en revanche, c’est que la communauté internationale est incapable de faire quoi que ce soit contre le régime syrien, et elle doit présenter des excuses pour cet échec.
Toute l’opposition est d’accord sur les grandes lignes : la chute du régime, une transition politique et la construction d’un pays démocratique. Faut-il que toute l’opposition soit unie dans un seul parti ? Y a-t-il une opposition unifiée dans n’importe quel pays ? En plus, en 2012, toute l’opposition était unifiée au sein du Conseil national de l’opposition syrienne et elle était bien organisée. Pourquoi la communauté internationale ne l’avait-elle pas soutenue à cette époque, pendant qu’elle restait les bras croisés face aux exactions du régime ?
— Justement, depuis 2012, la situation s’est bien compliquée avec l’entrée en jeu de nombreux acteurs ...
— En effet, chaque pays cherche ses propres intérêts. La Syrie a une situation géostratégique particulière, elle est au centre des intérêts, souvent contradictoires, de plusieurs pays, notamment les grandes puissances. Ce conflit d’intérêts entrave la promulgation de décisions définitives. Autre problème, l’apparition de Daech et du Front Al-Nosra qui inquiètent la communauté internationale. A travers notre mouvement, nous déclarons notre refus à ces terroristes.
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