Netanyahu à l'AIPAC, le plus puissant lobby juif des Etats-Unis. (Photo : Reuters)
«
Je vais vous dire quelque chose de très clair. Ne vous inquiétez pas de la pression américaine sur Israël, nous, le peuple juif, contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent », dit Ariel Sharon, ancien premier ministre israélien, à son cabinet le 3 octobre 2001. Pour beaucoup d’analystes, ce contrôle n’est pas basé seulement sur des raisons morales ou stratégiques mais s’explique essentiellement par la pression qu’exercent les groupes de pression juif ou lesdits lobbies pro-israéliens, qui ont une prise importante sur l’économie et les médias et tirent les ficelles de plusieurs institutions politiques américaines. «
Ces lobbies jouent un rôle majeur et déterminant dans le choix du nouveau locataire de la Maison Blanche », explique Amr Abdel-Atty, spécialiste des affaires américaines à la revue
Al-Siyassa Al-Dawliya (politique étrangère) d’
Al-Ahram.
Dans la course vers la Maison Blanche, « la sécurité d’Israël » est depuis des décennies un thème central dans les programmes électoraux des candidats, qu’ils soient républicains ou démocrates. Ces derniers affichent souvent un soutien inconditionnel pour l’Etat hébreu, en lançant en contrepartie des déclarations plus rigoristes envers les Arabes. Le sénateur du Texas et candidat à la présidence, Ted Cruz, a par exemple promis de déplacer l’ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Pour lui, « ceux qui détestent Israël détestent les Etats-Unis ». Marc Rubio, sénateur de Floride, dont les positions sont clairement pro-israéliennes, a vivement critiqué le président Barack Obama pour n’avoir pas suffisamment soutenu Israël, et a promis que son premier voyage officiel à l’étranger serait en Israël. Pour Marc Rubio, Israël est le seul îlot de démocratie dans toute cette région, et donc de ce fait, les Etats-Unis doivent continuer avec fierté leur politique de soutien à cet allié naturel. Hillary Clinton, candidate démocrate, promet de « faire en sorte qu’Israël puisse maintenir son avantage militaire qualitatif ».
Electorat juif le plus organisé
Selon Abdel-Atty, les candidats américains rivalisent d’ardeur pour attirer les voix juifs et le soutien des méga-donateurs juifs.
Bien que le pourcentage des juifs américains ne dépasse pas 3 % de la population, comme l’explique Abdel-Atty, ils sont considérés comme l’électorat le plus organisé et qui enregistre le taux de participation le plus élevé par rapport aux autres Américains. « Ils sont actifs dans les Swings States, ou Etats charnières, dont on compte une dizaine, et où aucun des deux partis politiques, démocrate et républicain, ne domine le vote populaire et qui peut alterner, d’un scrutin à l’autre. Le vote juif détermine le sort de ces Etats cruciaux dans le choix du futur président américain », analyse Abdel-Atty. Le politologue ajoute que ce lobby s’active également dans le financement des campagnes électorales américaines qui sont les plus coûteuses au monde et finance environ 60 % des campagnes électorales des candidats, mobilisé par l’AIPAC, le plus puissant lobby juif. Selon le magazine Forbes, 20 % des millionnaires américains sont d’origine juive.
A ceci s’ajoute le contrôle des médias par le lobby juif, qui les met au service de leur candidat préféré, comme l’indique Ekram Badreddine, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.
Les méga-donateurs
Selon le site, opensecret.org, Hillary Clinton est le candidat qui a reçu le plus de donations de la part des juifs. Ses sept plus gros donateurs financiers sont des juifs américains. Le plus important est Haim Saban, magnat de Hollywood, qui a donné 5 millions de dollars. Clinton semble être, selon Abdel-Atty, la candidate favorite de l’éléctorat juif, tandis que Trump perd du terrain chez cette même communauté après avoir annoncé qu’il entend garder la « neutralité » entre les Israéliens et les Palestiniens.
Dans un article intitulé « Trump est le plus dangereux pour Netanyahu », publié dans le quotidien israélien Haaretz, Chemi Shalev, écrivain israélien, estime que « Trump est un missile sans cible qui représente un réel danger pour Netanyahu. Ce billionnaire de New York évolue entre le centre modéré et la droite radicale avec une certaine liberté de ton concernant les questions du Moyen-Orient. Il est vrai qu’il a affiché son soutien absolu à Israël, mais il lui impute la responsabilité de l’absence de paix. Il condamne l’accord nucléaire avec l’Iran, mais ne promet pas son abolition dès le premier jour à la Maison Blanche ».
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