Ceux qui luttent contre la culture, la pensée et la littérature ne sont pas moins dangereux que ceux qui dressent des drapeaux noirs et tuent sous prétexte qu’ils sont des moudjahidin. Et si le mot Daech est devenu le symbole du terrorisme armé le plus féroce, il convient également pour désigner le terrorisme culturel qui s’est propagé en Egypte menaçant le peu qui reste de créativité artistique, culturelle et intellectuelle. En effet, si le « Daech culturel » n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de Daech armé.
La réalité est que les « Daechiens » sont tous armés mais avec des outils différents. Car les accusations de la hisba (atteinte à la pudeur), qui tuent la créativité et font trembler les intellectuels, constituent une arme plus destructive que les bombes et les mitrailleuses. Ce genre d’accusation tue l’esprit de la société exprimé par l’art et les lettres. Le romancier Ahmad Naji n’est pas l’unique victime de cette arme et ne sera pas le dernier tant que ne nous mettons pas un terme à ce phénomène qui constitue une menace réelle pour la société.
Cette situation a empiré vu les restrictions imposées par certains responsables dans des syndicats artistiques. Chose tout à fait contradictoire avec leur responsabilité de protéger la créativité et d’ouvrir toutes les portes afin de la faciliter. Aujourd’hui, les restrictions imposées au domaine intellectuel ont atteint un stade alarmant à cause de la domination de superstitions qui n’ont rien à voir avec la logique. Et aussi parce que les activités artistiques sont soumises à l’emprise d’esprits qui n’ont rien à voir avec l’art. Cela ne peut se produire que dans un « Etat religieux ».
Par exemple, il y a quelques années, la musique Black Metal a été interdite sous prétexte qu’elle fait partie des rythmes de la croyance satanique. Et si les artistes eux-mêmes ne s’activent pas pour sauver leurs syndicats et leur oeuvres, il faut que chacun sache qu’un jour ou l’autre, il sera diffamé de la même manière.
Il est vraiment surprenant de constater que ces actions qui devraient appartenir à des époques révolues sont pratiquées alors que le gouvernement lance actuellement un projet nommé L’Egypte de 2030. Comment voulons-nous atteindre l’année 2030 avec des esprits qui veulent nous ramener des siècles en arrière ? Sans oublier que la nouvelle Constitution confirme clairement dans son article 67 la protection de la créativité contre les attaques culturelles de Daech
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