
Pour Al-Arian, l'Egypte doit remobiliser ses ressources pour redresser l'économie.
(Photo:Ahmad Abdel-Ghaffar)
L’Egypte a certes fait face à une série de chocs économiques, mais le pays est encore loin d’une récession économique », a déclaré l’expert économique mondial et conseiller de l’entreprise internationale Allianz, Mohamad Al-Arian, lors d’une conférence de presse organisée la semaine dernière par la Chambre américaine de commerce. « L’Egypte a réussi, malgré les turbulences économiques de ces dernières années, à réaliser une croissance. Il est vrai que le taux de croissance est encore limité, mais l’Egypte est dans une position plus favorable que d’autres pays arabes dans la région », a affirmé Al-Arian. Et d’ajouter : « Il est temps de prendre des décisions économiques susceptibles de sortir le pays de ce tunnel sombre ».
La croissance relancée
L’Egypte, depuis la révolution du 25 janvier 2011, a connu plusieurs chocs économiques qui ont eu de mauvaises répercussions sur la croissance du pays. Le taux de croissance était d’environ 7 % en 2010. Il a chuté à quelque 3 % en 2011. Pourtant, l’économie s’est redressée et a réalisé, fin 2015, un taux de croissance de 4 %. Ce taux est prévu à la hausse en 2016 par le gouvernement. « Des mesures ont été prises au cours des deux dernières années, pour redresser l’économie, mais le rythme doit être plus rapide », a affirmé l’expert économique mondial. Pour sortir de l’ornière, la recette la plus efficace, selon Al-Arian, est de mobiliser les jeunes et d’exploiter leurs capacités. « Tous les projets dont les jeunes étaient le moteur ont tous réalisé un grand succès », a-t-il dit, en faisant référence à la toute récente expérience d’Uber. Uber a mobilisé de nombreux jeunes qui ont créé leur entreprise. Il s’agit en fait d’un service de transport qui a réalisé en Egypte, et dans un bon nombre de pays dans le monde, un grand succès. Cette initiative a réussi à concurrencer les taxis, qui ont organisé plusieurs grèves en guise de protestation. « Les grands pôles économiques comme les Etats-Unis, la Russie, l’Europe et même la Chine, ont connu récemment des turbulences économiques, et cela a eu des répercussions négatives sur les pays en voie de développement, dont l’Egypte », a affirmé Al-Arian. « Même la Chine, qui était créditée de performances économiques positives, a dû récemment prendre des décisions négatives », ajoute-t-il. Ces 4 pôles industriels dans le monde ont connu, au cours des précédentes années, des vagues de récession qui ont eu un impact sur leurs économies. Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit une croissance à la baisse pour 2016. « Le monde est au seuil d’une nouvelle étape économique. Et tous les pays du monde doivent à présent faire des choix pour cette nouvelle étape », a affirmé Al-Arian.
Deux alternatives
Selon lui, les gouvernements aujourd’hui ont deux alternatives. La première est d’adopter une politique économique qui s’appuie sur les jeunes et les ressources du pays et qui est capable de générer un taux de croissance élevé. « Ce choix peut réduire le taux de chômage, faire reculer la pauvreté et réaliser la justice sociale ». La deuxième alternative est, selon Al-Arian, la plus mauvaise, et consiste à accepter les turbulences économiques et un taux de croissance bas incapable de réaliser une relance réelle de l’économie. « Chaque pays va faire un choix. Et l’Egypte, avec ses atouts économiques, peut facilement se redresser et reprendre la voie de la relance », dit-il. Et d’ajouter : « Le gouvernement égyptien doit remobiliser ses ressources et relancer le tourisme et l’investissement ». Il critique le rôle de la Banque Centrale d’Egypte (BCE) au cours de la dernière période. « La BCE, qui est la seule entité économique indépendante, est devenue le principal acteur sur la scène en Egypte. Et cela a mené à des décisions qui ont troublé l’économie. La BCE ne possède pas les outils nécessaires pour relancer la croissance. Son rôle doit se limiter à superviser la politique monétaire », dit-il. Et d’affirmer que le gouvernement doit commencer à jouer son rôle dans la direction de l’économie. « C’est là le défi. Celui qui le réussit, réussira dans sa mission », conclut-il.
Al-Arian en quelques lignes
en PDG de PIMCO, il est aujourd’hui conseiller économique chez Allianz. En 2015, le président Abdel-Fattah Al-Sissi l’a nommé membre du conseil de coordination de la BCE. Et le 21 décembre 2012, le président Obama l’avait nommé comme président du conseil de développement global relevant de la présidence américaine. Al-Arian a obtenu une maîtrise ès arts en économie de l’Université de Cambridge, ainsi qu’un doctorat et une maîtrise en économie de l’Université d’Oxford. Il a travaillé pendant 15 ans au FMI, pour ensuite passer au secteur privé, où il a occupé un poste de directeur général chez Salomon Smith Barney/Citigroup à Londres, avant de joindre
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