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Yéhia Qallache : Le terrorisme offre une justification pour limiter les libertés

May Atta, Jeudi, 21 janvier 2016

Le syndicat des Journalistes a demandé une grâce présidentielle à 24 journalistes actuellement derrière les barreaux. Yéhia Qallache, président du syndicat, revient sur la liberté de la presse et le rôle du syndicat dans la protection de ses membres.

Yéhia Qallache
Yéhia Qallache

Al-Ahram hebdo : Le syn­dicat des Journalistes a déclaré avoir présenté cette semaine une demande de grâce présidentielle pour les 24 journalistes actuelle­ment détenus. Qu’est-ce qui s’est passé depuis ?

Yéhia Qallache : Nous avons pré­senté une demande de grâce au pré­sident Abdel-Fattah Al-Sissi. Nous avons aussi envoyé le dossier de chacun des journalistes concernés expliquant les conditions de son arrestation. Mais personne n’a répondu à notre demande jusqu’à présent. Parmi les détenus, certains ont été arrêtés dans la foulée des manifestations pro-Frères, alors qu’ils faisaient simplement leur tra­vail de reporters. Ceux-ci méritent d’être libérés sans délai. Il y a aussi ceux qui devaient être libérés pour des raisons de santé.

— Comment décrivez-vous la situation de la liberté de la presse aujourd’hui en Egypte ?

— Bien sûr, la liberté de la presse n’est pas à son mieux. Les articles de la nouvelle Constitution relatifs à la presse représentent des gains pour notre métier. Or, le gouverne­ment ne les a pas jusqu’à pré­sent concrétisés. Selon un récent rapport de Reporters sans frontières, l’Egypte est le deuxième pays au monde, juste après la Chine, en termes d’em­prisonnement de journalistes. Aujourd’hui, 24 journalistes égyptiens sont détenus parmi lesquels 14 sont membres du syndicat. Mais le problème est que l’atmosphère politique depuis le 30 juin 2013 a donné libre cours au gouvernement pour limiter les libertés en général.

— Que voulez-vous dire par l’atmosphère politique ?

— Yéhia Qallache : Au lendemain du 30 juin 2013, le pays a fait face à une vague d’attentats terroristes per­pétrés par divers groupes islamistes dans la plupart des gouvernorats. Les citoyens, la police, l’armée et, der­nièrement, les touristes ont été ciblés. Bien sûr, ce genre de situa­tions offre une justification au gou­vernement pour limiter les libertés dans tous les domaines, que ce soit au niveau des manifesta­tions, des sit-in ouvriers, ou de la liberté d’expression. Je dois dire que la confrérie des Frères musulmans, en optant pour le terrorisme après la chute du président islamiste Mohamad Morsi, ont beaucoup aidé à la régression, durant ces deux dernières années, des acquis de la révolution du 25 janvier 2011, surtout en matière de démocratie.

— Plusieurs journalistes arrêtés sont accusés d’appar­tenir à la confrérie des Frères musulmans, déclarée organi­sation terroriste. Le syndicat est-il en mesure de les défendre ?

— Notre priorité est de défendre les journalistes syndi­qués. Nous avons classifié les jour­nalistes détenus en 2 catégories : ceux détenus sans chef d’accusation et ceux qui font l’objet d’un procès. Parmi ces derniers, certains sont accusés d’appartenir à la confrérie des Frères musulmans, alors que d’autres sont accusés de délits de presse. Le syndicat est plus concerné par ces derniers même si nous défen­dons le droit de tous à un procès équitable.

— Le syndicat milite depuis des mois pour faire respecter le droit de visite ainsi que l’accès aux médicaments pour les journalistes détenus. Y a-t-il eu des progrès à ces niveaux ?

— Malheureusement, les adminis­trations pénitentiaires laissent par­fois les familles des détenus attendre des semaines afin de pouvoir les visiter. Après plusieurs tentatives et pressions, le syndicat a dernièrement réussi à reprendre les visites régu­lières aux journalistes détenus. Ces derniers ont aussi commencé à avoir accès aux médicaments et aux soins médicaux même en dehors des pri­sons, comme ce fut le cas du journa­liste Magdi Ahmad Hussein entre autres.

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