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Anouar Magued Echqqi : Nous voulons que l’Iran arrête son interventionnisme

Osman Fekri, Mercredi, 13 janvier 2016

Le major-général Anouar Magued Echqqi, ancien conseiller du divan royal saoudien et chef du Centre des études stratégiques du Moyen-Orient à Djedda, accuse l’Iran de chercher l’escalade.

Anouar Magued Echqqi
Anouar Magued Echqqi, ancien conseiller du divan royal saoudien et chef du Centre des études stratégiques du Moyen-Orient à Djedda.

Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les vraies raisons derrière la crise entre l’Arabie saoudite et l’Iran ? Est-ce une question de domination régionale ?

Anouar Magued Echqqi : La décision du tribunal Al-Qasas vise un groupe de terroristes arrêtés l’un après l’autre depuis 2003, et dont les cas sont passés par différents degrés de tribunaux. Suite aux dispositions de la charia appliquées contre les terroristes dans le Royaume, 47 condamnés dans des actes terroristes ont été exécutés pour adoption d’une approche « takfiriste », bombardement de lieux peuplés, assaut contre des sociétés pétrolières, sièges sécuritaires et militaires, nuisance aux intérêts des pays voisins et amis, et enfin meurtre de dizaines de citoyens et d’hommes de sécurité. Le verdict a été appliqué, et c’est un droit réservé au Royaume. Personne n’a le droit de se mêler des affaires internes qui sont de la souveraineté de l’Etat, et c’est ce que l’Iran essaie de faire pour enflammer la situation. Ainsi, avec l’aide de membres de la garde révolutionnaire iranienne, les bâtiments de l’ambassade saoudienne à Téhéran et du consulat ont été attaqués, ce qui est une violation des conventions diplomatiques et internationales qui les considèrent comme « territoires souverains ».

Les médias et responsables iraniens ont protesté et accusé l’Arabie saoudite de soutenir le terrorisme. Ahmed Khatémi, membre de l’Assemblée des experts et imam à Téhéran, a dénoncé l’exécution de Nimr Al-Nimr, prévoyant des répercussions importantes. De plus, le chef du conseil de sécurité nationale et de politique externe au parlement iranien, Alaa El-Din Borujerdi, a considéré l’exécution comme un crime. Et dans un message envoyé par le conseil des relations extérieures du parlement au ministère des Affaires étrangères, il demande de revoir les relations avec l’Arabie saoudite. Le Royaume ne pouvait pas rester silencieux et devait réagir fermement contre la position iranienne et la crise artificielle initiée par Téhéran. Ainsi, le Royaume a tenu le gouvernement iranien responsable de l’ambassade saoudienne à Téhéran, et le consulat du Royaume dans la ville de Machhad, et du fait de protéger la sécurité de tous ses membres. Cela a mené à la rupture des relations, les délégations diplomatiques saoudiennes ont été rappelées d’Iran, et les diplomates iraniens ont été expulsés de Riyad.

L’Iran veut créer une crise, et il est derrière les tensions au Moyen-Orient, car il intervient dans les affaires des pays arabes.

— Quel est l’impact de cette crise sur les questions syrienne et yéménite ?

— Le rôle de l’Iran recule. En Syrie, il n’a plus de rôle tangible, surtout après que la Russie s’était vastement et clairement intervenue militairement. Au contraire, l’Iran transporte maintenant ses forces de Syrie vers l’Iraq. Il n’a aucune présence réelle en Syrie, sauf à travers les milices du Hezbollah, qui ont déjà leurs problèmes au Liban.

Quant au Yémen, l’Iran a été la raison de la destruction du pays à travers son soutien aux Houthis et au président déchu Ali Abdallah Saleh, et la raison de la dégradation des conditions humanitaires, surtout à cause de l’encerclement par les Houthis des villes qui fait que les aides humanitaires n’y parviennent pas.

Les menaces de l’Ayatollah sont, en effet, vaines, vu que l’armée iranienne dispose de beaucoup de points de faiblesse, en plus de points forts, qui sont ses missiles, et la densité de sa population (75 millions de personnes). Pourtant, la force militaire iranienne est ancienne et ne peut permettre à l’Iran de parvenir aux côtés yéménites. Et l’armée de l’air ne représente absolument pas de menace pour nous. Même leurs alliés, les Houthis, affirment que l’Iran les a entraînés dans une situation difficile.

— Quel est le sort des coalitions que l’Arabie saoudite cherche à former ? Ne semblent-elles pas en peine à voir le jour ?

— Au contraire. En effet, de nombreux pays ont annoncé des positions fermes contre l’Iran et ont affiché leur soutien au Royaume. Et la plupart ont appelé l’ambassadeur iranien chez eux pour protester contre les actes de l’Iran. Il y a des mesures et des pourparlers continus entre le président Sissi et l’adjoint du prince héritier et ministre de la Défense, le prince Mohamed Bin Salman, autour de la formation d’une force arabe commune. Et il y a eu une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères arabes, dimanche au Caire.

— Vers où cette crise peut-elle mener ?

— Nous voulons que l’Iran arrête d’intervenir dans les dossiers des pays de la région, et qu’il arrête ses politiques d’agression. La nature des relations entre les Iraniens et les peuples arabes est bonne ; les Iraniens sont nos voisins et amis, mais sans intervention dans les affaires des pays du Golfe. Nous voulons que l’Iran cesse de semer les troubles à Bahreïn, aux Emirats, au Liban et en Syrie. Ce qu’il fait en Iraq est suffisant. De même, Téhéran contribue à la formation de groupes extrémistes, et les utilise dans la destruction des pays arabes. Ce pays cherche l’escalade avec l’Arabie, mais il est toujours perdant face aux Arabes.

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