Pour la première fois de l’histoire du tennis égyptien, 4 jeunes ont intégré le classement mondial junior. La saison 2012 a ainsi été fructueuse pour Mazen Ossama (17 ans), classé 34e ATP junior, Mayar Chérif (16 ans), classée 61e WTA junior, Sandra Sameh (15 ans), classée 88e WTA junior, et Hana Mortagui (15 ans), classée 163e WTA junior. « De tels résultats sont inédits, explique Esraa Al-Sanhouri, présidente de la Fédération égyptienne de tennis. Cela montre que cette nouvelle génération est pleine de talents. L’intérêt porté à cette discipline depuis quelques années a commencé à porter ses fruits. Grâce à ses bons classements, la Fédération internationale de tennis a choisi de faire participer Sandra Sameh et Mazen Ossama à l’Open d’Australie, l’un des grands tournois de tennis qui s’est achevé le 25 janvier dernier ». Selon la présidente, l’Egypte possède un nombre insoupçonnable de joueurs talentueux et prometteurs. Le problème : ils souffrent de lacunes à cause de l’absence d’un programme déterminé à long terme. Par conséquent, depuis son arrivée à la tête de la Fédération en 2009, Esraa Al-Sanhouri s’est attelée à donner une priorité aux plus jeunes, afin de créer une sélection junior forte et prometteuse. Pour ce faire, en collaboration avec le conseil d’administration et le cadre technique de la Fédération, elle a élaboré un programme échelonné sur 5 ans. « On a commencé à sélectionner avec beaucoup de sérieux les joueurs de différents clubs qui ont réalisé de bonnes performances au Championnat national. Ainsi, depuis 2009, la Fédération organise annuellement 10 tournois pour les juniors, avec 20 000 L.E. à la clef pour les encourager. On a également permis aux meilleurs d’entre eux de participer à un bon nombre de tournois internationaux, afin qu’ils gravissent le classement mondial », indique Hani Nasser, directeur technique de la sélection junior. Cette génération a bénéficié aussi de l’organisation annuelle de matchs d’exhibition avec des sélections étrangères pour que les Egyptiens puissent être en contact avec des stars de très haut niveau. « C’est une expérience extraordinaire, car les joueurs égyptiens assistent à l’entraînement de ces sélections et disputent des matchs contre elles. Cela leur permet d’être remarqués par les grands entraîneurs. Ceux qui font preuve d’un bon niveau sont invités à passer trois mois dans l’une des académies de formation des jeunes joueurs. Par exemple, Mayar Chérif, championne d’Afrique junior en 2009, a passé 3 mois à l’Académie Carlos Rodriguez en Belgique », ajoute Nasser.
Encadrer la formation
En parallèle aux efforts de la Fédération pour la promotion de la nouvelle génération, cinq écoles privées ont été créées, à savoir les clubs Smash, Wadi Degla, Palm Hills, Star et Ahmad Al-Gamal Camp. Ces écoles ont beaucoup contribué à l’émergence de cette talentueuse génération. « La Fédération a collaboré avec ces écoles pour entraîner les jeunes joueurs de la sélection. Les joueurs y bénéficient d’un entraînement professionnel sous la houlette des anciens joueurs professionnels. Ils s’entraînent au rythme de 2 séances par jour pendant cinq jours », déclare la présidente Esraa Al-Sanhouri.
Malgré tous ces efforts publics ou privés, de nombreux problèmes continuent d’entraver la progression de ces jeunes. Ces derniers ont besoin de plus de financement, que ce soit au niveau de leur formation ou de l’acquisition de l’expérience. « Lorsque l’expert suisse Heinz Guenthardt nous a rendu visite en 2010, il a remarqué que les jeunes joueurs égyptiens étaient très talentueux mais que leur état physique n’était pas au beau fixe. La Fédération a demandé au Comité national du sport de désigner un entraîneur physique, mais il a refusé pour manque de moyens financiers. C’est pour cela que le tennis a besoin de sponsor », assure Esraa Al-Sanhouri, tout en ajoutant qu’aucune des 5 académies privées ne sponsorise de jeunes tennismen. Résultat : la majorité s’entraîne à ses propres frais dans des académies étrangères ou participent à des tournois à l’étranger en déboursant leur propre argent. Par exemple, Sandra Sameh a réussi à se classer 55e car elle s’entraîne aux Etats-Unis depuis 2010 dans l’académie de l’Américain William Armeson. Elle a pu également participer à un bon nombre de tournois en 2012 comme l’Open Junior au Canada et le tournoi international de Hard Court aux Etats-Unis à ses propres frais. « Ces tournois internationaux sont d’une grande importance pour améliorer le niveau et la technique de jeu. Lors de ces tournois, j’ai disputé des matchs contre des joueuses talentueuses du Canada et des Etats- Unis, ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience », assure la jeune prodige. Pour continuer à grappiller des places dans le classement mondial, cette génération a besoin d’un soutien de la part des responsables, qu’ils appartiennent au service public ou privé. Désormais, la balle est dans leur camp.
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