Les Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN), promettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, sont déjà «
un succès considérable », a déclaré samedi Laurent Fabius, président de la COP21. «
Ces engagements couvrent près de 95 % des émissions mondiales. C’est inédit, c’est un des premiers éléments du succès de Paris », a ajouté le ministre français des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse. Celui-ci venait de remettre à Christiana Figueres, principale responsable de l’Onu sur le climat, la clé du centre de conférence, où se tiendra la COP, au Bourget, près de Paris.
« Ces contributions ne sont pas encore parfaites car elles ne permettent pas encore d’aller vers un réchauffement limité à 2 ou 1,5 degrés. Cependant, elles nous éloignent du risque des 5 ou 6 degrés de hausse, qu’entraînerait l’inaction », a souligné Laurent Fabius. « Ce sera l’un des éléments de cette négociation de voir comment nous pouvons combler l’écart », a-t-il ajouté.
Lors de la COP, les représentants de 195 pays vont tenter de parvenir à un accord mondial permettant de limiter à 2°C le réchauffement de la planète. Selon les scientifiques, une hausse de la température au-delà de cette limite entraînerait une aggravation des dérèglements déjà constatés (montée des eaux, fonte des glaciers, disparition d’espèces, ... etc.)
« Les négociateurs devront reconnaître que les contributions ne sont pas suffisantes et que l’accord devra mettre en place un processus d’améliorations continues et d’augmentation des efforts, avec des étapes éventuellement tous les cinq ans », a déclaré Mme Figueres. Elle prône « un protocole de vérification qui serait suivi par tous les pays ».
Interrogée sur le caractère contraignant ou non de l’accord espéré à Paris, elle a affirmé qu’il renfermerait « différents éléments, de natures contraignantes différentes ». La nature juridique du futur accord de Paris est l’un des points en discussion.
Lourde facture
Le coût de l'adaptation aux changements climatiques des pays en développement risque d'être élevé.
La facture liée au dérèglement climatique sera fortement alourdie pour les pays en développement en 2050 si le réchauffement atteint 3°C, par rapport à l’ère préindustrielle, indique un rapport d’Oxfam publié la semaine dernière. « Les pays en développement vont devoir faire face à la fois à des coûts d’adaptation de presque 800 milliards de dollars par an et à des pertes économiques, deux fois plus importantes, si les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas revus à la hausse », alerte l’organisation dans un communiqué.
Dans la perspective de la conférence climat de Paris, les pays ont promis de réduire leurs émissions : ces engagements devraient permettre de ramener le réchauffement autour de +3°C seulement. L’objectif de la communauté internationale est de rester sous les 2°C, au-delà desquels des impacts graves et irréversibles sont redoutés.
D’après Oxfam, entre +2° et +3°C, les coûts d’adaptation (infrastructures, relocalisations d’habitats, systèmes d’alerte météorologiques, etc.) passeraient de 520 milliards à 790 milliards de dollars par an en 2050 pour les pays en voie de développement. A +3°C, les pertes que subiraient leurs économies sont estimées à 1 700 milliards par an contre 1 100 milliards. Oxfam estime aussi que de nouveaux pays — Singapour, Corée du Sud, Arabie saoudite notamment — devraient aider les plus pauvres.
L’urgence d’agir
Depuis 1995, les catastrophes climatiques ont pris plus de 600 000 vies.
A une semaine de l’ouverture de la grande conférence de Paris sur le climat, un nouveau rapport du Bureau des Nations-Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) illustre l’urgence d’agir contre le réchauffement en mettant l’accent sur le fait qu’au cours des 20 dernières années, les catastrophes climatiques ont fait plus de 600 000 morts. Depuis 1995, date de la première conférence de l’Onu sur le climat (COP1), les catastrophes provoquées par des phénomènes météorologiques comme les inondations, tempêtes, vagues de chaleur, sécheresses, « ont pris 606 0000 vies. Cela représente en moyenne 30 000 vies par an, avec en plus 4,1 milliards de personnes blessées, devenues sans-abri ou ayant eu besoin d’une aide d’urgence », précise l’Onu.
La très grande majorité des victimes (89 %) vivaient dans des pays pauvres.
Les deux principaux émetteurs de Gaz à Effet de Serre (GES), responsables du réchauffement, la Chine et les Etats-Unis, ont subi le plus grand nombre de catastrophes, du fait notamment de l’étendue de leurs territoires. Mais ce sont les populations de la Chine et de l’Inde, (3e pays le plus émetteur de GES), qui sont les plus touchées. Viennent ensuite le Bangladesh, les Philippines et la Thaïlande. En Amérique, le Brésil est le pays dont la population a été la plus affectée. En Afrique, ce sont le Kenya et l’Ethiopie.
Les inondations ont représenté à elles seules 47 % des catastrophes. Elles ont touché 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité (95 %) en Asie, et fait 157 000 morts. Bien que moins fréquentes, les tempêtes ont été les catastrophes les plus meurtrières, avec 242 000 morts. Quant aux températures extrêmes, elles ont provoqué 164 000 décès.
Ces catastrophes, « de plus en plus fréquentes », ont entraîné des pertes financières évaluées à 1,9 milliard de dollars (1,8 milliard d’euros), selon l’Onu.
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