Al-Ahram Hebdo : Quelle est l’importance de la COP21 et du nouvel accord sur le climat ?
Stéphane Gompertz : La COP21 est particulièrement importante dans la mesure où les états doivent arriver à un accord sur un nouvel instrument légal, qui prendra le relais du protocole de Kyoto, prolongé jusqu’en 2020. Nous avons progressé dans les négociations, mais il reste toujours beaucoup à faire. Un accord à Paris aurait pour ambition de limiter la hausse des températures à 2 degrés, d’ici la fin du siècle. Une fois adopté, il s’agirait du premier texte susceptible d’engager l’ensemble des pays à réduire leurs émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), en incluant la Chine et les Etats-Unis qui sont responsables de 38 % des émissions mondiales (23,43 % et 14,69 % respectivement).
— Un brouillon de l’accord a été rédigé à Bonn. Comment ce texte pourrait-il garantir le succès de la conférence de Paris ?
— Le texte de Bonn est raisonnable et équilibré par rapport à la version qui l’a précédé. Il représente une bonne base pour commencer. Pour que l’accord soit un succès, la France a assuré aux pays industrialisés que l’adaptation aux changements climatiques doit s’accompagner par l’atténuation des émissions de GES. Toutes les économies du monde doivent s’orienter vers le développement durable et l’énergie renouvelable, cela est coûteux et parfois dure, mais nécessaire. En même temps, on ne peut pas demander à certains pays et populations de faire des efforts pareils sans les aider.
— Est-ce que l’accord de Paris imposera aux pays signataires les mêmes responsabilités ?
— Le nouveau texte imposera une « responsabilité commune mais différenciée ». Tous les pays sont actuellement convaincus qu’ils ont chacun une part de responsabilité, et cela est bien clair dans les Contributions Prévues Déterminées au niveau National (CPDN), qui détaillent les engagements que s’est fixé chaque pays (ou groupe de pays). 183 pays sur 195 ont déjà présenté leurs CPDNs. Certains pays savent bien qu’ils ne sont pas les pollueurs principaux, d’où le principe de responsabilité commune, mais différenciée. On ne peut pas demander à la Zambie par exemple de déployer des efforts pour combattre les changements climatiques comme ceux que déploie l’Union européenne ou la Chine.
— Cela veut dire que les pays en développement auront la permission de continuer à polluer ?
— Il est évident que la communauté internationale ne peut pas demander aux pays en développement d’arrêter leur croissance. Certains d’entre eux produiront plus de GES dans les années qui viennent, car leurs économies doivent évoluer, on leur demandera toutefois de s’imposer des limites. L’Inde par exemple est responsable de 5 % des émissions mondiales, mais elle a encore besoin de se développer. En visitant Paris dernièrement, le premier ministre indien a affirmé que 30 % de sa population vivent en dessous du seuil de la pauvreté, alors sans doute, ils seront obligés d’augmenter leurs émissions. La Chine, pour prendre un autre exemple, a déclaré que ses émissions atteindraient leur pic en 2030. Cela veut dire que les émissions produites par ce pays vont continuer à augmenter, mais beaucoup moins vite qu’auparavant. Parallèlement, la Chine continuera à investir dans les énergies renouvelables pour pouvoir diminuer leurs émissions après 2030.
— Est-ce que l’accord de Paris sera doté d’un « mécanisme pour le développement propre » comme celui du protocole de Kyoto ?
— En fait, l’accord de Paris devrait chercher un mécanisme, permettant à tous les pays d’en profiter de manière équitable. Sous le protocole de Kyoto, l’Afrique n’a profité que de 3 % des fonds consacrés au développement propre. C’est une erreur qu’il faut éviter.
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