La stratégie de domination et d’expansion territoriale de Daech est, désormais, accompagnée d’attaques terroristes sur les territoires d’autres pays de la région et bien au-delà. Daech semble avoir entamé un nouveau chapitre dans sa «
guerre sainte ». Le groupe terroriste a commandité des attentats au Liban, en Egypte, et plus récemment en France. Ainsi, le groupe essaye de porter le combat sur les territoires de pays impliqués dans la coalition, destinée à le combattre en Syrie ou en Iraq.
Ce tournant évoque les attaques d’Al-Qaëda dans les années 2000, notamment celles du 11 septembre ; des attaques bien planifiées, coordonnées et destinées à faire un maximum de victimes civiles. « Les attaques de Paris, le 13 novembre, perpétrées par Daech sont les premières de cette envergure en dehors des zones de combats. Il s’agit de l’attaque la plus sanglante, après le bombardement en mars 2004 du train de Madrid, revendiqué par Al-Qaëda, qui a coûté la vie à 190 passagers. Aujourd’hui, l’organisation terroriste, basée en Syrie et en Iraq, semble adopter les méthodes d’Al-Qaëda », explique Diaa Rachwan, directeur du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.
Le renforcement du contrôle des frontières est susceptible d’amener le groupe à intensifier l’activité de ses recrues en Occident. L’un des moyens de frapper à l’extérieur c’est de recruter des éléments résidant en Eurorpe. Les combattants de Daech multiplient les appels sur les réseaux sociaux, où ils enjoignent leurs soutiens présents dans les pays européens à ne plus essayer de les rejoindre au Moyen-Orient. « Pour compenser les effets du renforcement du contrôle des frontières, que ce soit de la part de la Turquie ou des pays européens, Daech semble avoir choisi de semer la terreur partout où il peut. Les attaques de Paris ne seront sans doute pas les dernières », prévoit Rachwan.
Daech adopte ce que l’on appelle les « frappes obliques », qui consistent à attaquer un pays par des recrues provenant d’un pays voisin, et ce, afin d’échapper aux services de renseignements du pays natal. Le groupe mise sur les lacunes et la lenteur des procédures en matière d’échange d’information entre les pays de l’Union européenne.
« La sophistication des attaques montre qu’elles ont été très bien préparées et coordonnées. Cela ne vient qu’après entraînement. Je pense que les ordres proviennent du sommet de la hiérarchie de l’Etat islamique, mais personne ne sait l’échelle et les moyens de communication utilisés », dit à l’AFP Charlie Winter, expert du centre britannique Quilliam pour la lutte contre l’extrémisme.
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