Les ports d'Alexandrie réalisent 80 % du commerce extérieur d'Egypte.
(Photo : Al-Sayed Abdel-Qader)
Bien qu’on l’appelle la deuxième capitale d’Egypte, Alexandrie souffre d’un manque de développement qui se fait sentir par ses habitants. Cette grande ville côtière ne semble pas être incluse dans les grands projets récemment adoptés par le gouvernement dans le but de relancer l’économie du pays. «
Les opportunités sont limitées ici, car c’est une ville littorale, et donc, il n’y a pas moyen de faire de larges expansions », avance Mohamad Abd- Rabbo, professeur d’économie à l’Université d’Alexandrie.
Le budget alloué à Alexandrie est de 4,075 milliards de livres d’un total de 81,4 milliards au niveau national, selon un rapport de développement humain 2015 élaboré par le ministère du Développement local en coopération avec d’autres organismes locaux. La moyenne calculée sur les trois dernières années donne 874 L.E. par an par habitant. Des chiffres qui permettent de dire qu’Alexandrie n’est pas une ville privilégiée.
« Nous avons signé un protocole avec la Chambre de commerce et l’Autorité de développement du commerce local afin de relancer certains projets de développement. Notre objectif est de réaliser une croissance économique, de lutter contre le chômage et d’assurer une égalité sociale », assurait le mois dernier le gouverneur démissionnaire d’Alexandrie, Hani Al-Messeiri.
« Mais ce n’est pas uniquement un problème de fond, et ce ne sont pas les accords qui manquent », lance Abdel-Khaleq Farouq, ancien économiste à l’Organisme central de l’administration. « Nous avons besoin d’une vision économique globale », réclame-t-il.
Ce qu’il conteste, ce sont les projets centrés sur les investissements qui n’encouragent pas le développement des petites entreprises. Et quand il parle de manque de vision, l’économiste donne l’exemple de plusieurs accords signés le mois dernier dont un protocole pour alléger les investisseurs de beaucoup de démarches administratives et un accord avec une compagnie chinoise de développement portuaire. Parce que si les ports d’Alexandrie et d’Al-Dékheila assurent aujourd’hui 80 % du commerce extérieur du pays, cette donne risque de changer. « Avec le développement des ports de Damiette et de Aïn Al-Sokhna, entre autres, le commerce extérieur ne sera plus axé, comme avant, sur les ports d’Alexandrie. Plutôt que de développer les ports d’Alexandrie, on aurait mieux fait d’investir dans l’infrastructure qui se trouve dans un état détérioré », ajoute Farouq. « Nous avons toujours un problème de planification. On attend que les problèmes nous tombent dessus pour commencer à réagir », poursuit-il.
Mais Alexandrie n’est pas qu’une ville portuaire. Selon le rapport susmentionné, elle représente 30 % de l’industrie égyptienne grâce à la vaste zone industrielle de Borg Al- Arab. Ceci sans compter le tourisme estimé à 2 millions de touristes par an.
Il reste que les habitants de la ville ne profitent pas des ressources diversifiées de leur ville. C’est que « ces ressources sont exploitées par ceux qui possèdent le capital », estime Farouq. Ainsi, la grande majorité des projets sont plutôt axés sur la consommation et le gain rapide aux dépens du développement à long terme qui pourra profiter aux habitants.
Alexandrie
Population : 4,8 millions d’habitants.
Superficie : 2 679 km2.
Ports : Alexandrie et Al-Dékheila. Ces ports ont reçu 2 204 navires étrangers au cours des 6 premiers mois de l’année 2015, selon l’Autorité des ports d’Alexandrie.
Commerce extérieur : 80 % du commerce international d’Egypte*.
Industries : Pétrochimique, pétrolière, manufacturière.
Bidonvilles : 26,4 % d’Alexandrie**.
Allocations gouvernementales : 4,075 milliards de L.E. (5 % des dépenses du gouvernement)**.
Produit brut d’Alexandrie : 169,8 milliards, soit près de 10 % du PIB d’Egypte**.
Dépenses gouvernementales/ personne : 874,9 L.E. par an sur les trois dernières années**.
Investissements locaux en 2014 : 147 millions de L.E.**
Tourisme : 2 millions de touristes par an*.
Sites touristiques : Bibliotheca Alexandrina, Citadelle de Qaïtbay, Théâtre romain, catacombes gréco-romaines et Musée gréco-romain.
Sources :
*Site officiel du gouvernorat d’Alexandrie.
**Rapport du développement humain local 2015.
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