La Syrie a besoin de milliards de dollars pour réparer les dégâts causés par la guerre.
(Photo:AP)
Le 15 novembre prochain sera une date importante pour les Syriens. 17 pays, qui ont tenu la dernière réunion à Vienne consacrée à résoudre la crise syrienne, se réuniront à nouveau pour de nouvelles discussions. Des discussions qui visent à compléter celles de Vienne, vendredi dernier, qui ont achoppé sur de nombreux points, dont le principal est le sort du président Bachar Al-Assad. Un point critique parce qu'il est considéré comme la clé de la crise. « Nous avons abordé tous les sujets, même les plus difficiles. Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions, dans la même configuration, dans deux semaines », a affirmé Laurent Fabius, chef de la diplomatie française, en ajoutant que « le principal point de désaccord est le rôle futur de M. Bachar Al-Assad ». Partageant le même avis le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a annoncé que son pays, la Russie et l’Iran s’étaient mis d’accord pour ne pas être d’accord sur le sort à réserver au président Assad, qui va certainement constituer dans les semaines, et sans doute les mois, à venir le point de divergence numéro un dans ces négociations internationales. « Si les négociateurs trouvent une issue à ce point, 90 % de la crise sera réglée », explique Dr Mohamad Gomaa, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, au Caire.
La tâche n’est donc pas mince, et en attendant de se mettre d’accord sur cette question, les différentes parties tentent de focaliser sur les aspects positifs. « Mais il y a un certain nombre de points sur lesquels nous nous sommes mis d’accord, notamment sur le processus de transition, sur la perspective d’élections et la façon dont tout cela devait être organisé et sur le rôle des Nations-Unies », a ainsi déclaré John Kerry. Et même si personne ne s’attendait à Vienne à une avancée diplomatique majeure, notamment sur le rôle futur du président Assad, soutenu par Moscou et Téhéran, la simple présence de protagonistes aux positions encore très divergentes a été perçue comme un progrès et un point positif. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, s’était félicité : « Nous avons enfin réussi à rassembler autour d’une même table tout le monde sans exception », tout en ajoutant que le processus politique devrait désormais conduire à un accord entre les parties syriennes afin de parvenir à la création d’une structure inclusive, qui permet de régler les questions vitales pour le pays, de préparer une nouvelle Constitution et d’organiser des élections générales.
Téhéran incontournable
Mais en attendant que ces détails voient le jour, si avancée il y a, c’est juste sur le fait que les parties en question, y compris l’Iran, se mettent autour d’une table de négociations. Depuis le début du conflit, la Russie insiste sur la participation de l’Iran à un règlement politique. Mais les Etats-Unis s’y opposaient fermement, avant d’amorcer cette fois à la surprise générale une inflexion de leur position. Il s’agit donc d’une première pour Téhéran. En 2012, l’Iran n’avait pas participé à la conférence de Genève-1 sur la Syrie, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, en raison de l’opposition des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite.
Or, cette fois, les choses sont différentes en raison de l’entrée en jeu directe de Moscou, qui a commencé ses opérations militaires en Syrie il y a un peu plus d’un mois. De quoi renforcer à la fois Damas et Téhéran. Une nouvelle donne qui semble pousser l’Occident à prendre au sérieux les tentatives de règlement. « C’est la première fois que la communauté internationale présente de bonnes intentions et prouve qu’elle veut vraiment régler la crise syrienne. Si la communauté internationale veut rétablir la paix et régler la crise syrienne, il faut intervenir non seulement la Russie mais aussi l’Iran. Ce dernier joue un grand rôle dans la scène syrienne et négliger son influence est une grave faute. Ainsi, la réunion de Vienne était importante, car elle a groupé tous les acteurs effectifs de cette crise », explique Dr Gomaa. En effet, selon l’analyste, auparavant, « il n’y avait pas de volonté réelle de la part des Etats-Unis et de l’Occident en général de mettre fin à la crise. Ils voulaient plutôt la poursuite du conflit, afin d’épuiser les forces présentes à l’intérieur mais aussi celles de l’extérieur. Autrement dit, ils voulaient épuiser l’Iran et le Hezboallah d’une part, et l’Arabie saoudite et les pays du Golfe de l’autre. Aujourd’hui, ce qui a changé la donne, c’est l’intervention de la Russie. Si Moscou n’avait pas commencé à frapper, il n’y aurait pas eu de tentatives réelles de trouver une issue politique » .
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