Plus vaste coalition avec 120 candidats, Fi Hob Misr (pour l’amour de l’Egypte) se présente dans les quatre circonscriptions consacrées aux listes électorales. La coalition est aujourd’hui menée par le général Sameh Seif Al-Yazal, ancien officier des renseignements. La coalition comprend les partis des Egyptiens libres (fondé par l’homme d’affaires Naguib Sawirès), du Congrès (fondé par l’ancien candidat à la présidence Amr Moussa) d’Al-Sadate démocratique, et du Néo-Wafd. La liste comprend aussi le mouvement Tamarrod (qui avait lancé la contestation contre l’ancien président Mohamad Morsi), ainsi que plusieurs personnalités publiques, comme l’ancien ministre de l’Information Ossama Heikal, l’ancien footballeur Taher Abou-Zeid, et le journaliste et ancien parlementaire Moustapha Bakri. Il était question que le Front nationaliste de l’ancien premier ministre et candidat à la présidence, Ahmad Chafiq, rejoigne la coalition, mais des divergences de dernière minute ont empêché ce scénario.
Avec sa composition actuelle, Fi Hob Misr est perçue comme la liste électorale pro-Sissi, malgré les déclarations d’Al-Yazal aux médias affirmant que le président Sissi « se tient à la même distance de toutes les forces politiques ». La coalition soutient en effet la révolution du 30 juin et la guerre contre le terrorisme. Dans un meeting électoral tenu récemment à Qéna, Al-Yazal et Moustapha Bakri, qui se présente en Haute-Egypte, ont déclaré que le parlement élu doit « soutenir le président Abdel-Fattah Al-Sissi ». Ils ont également réaffirmé leur opposition aux partis islamistes. C’est donc une coalition qui se veut pro-Sissi et anti-islamiste. Si son soutien à la révolution du 30 juin est clair, sa position par rapport à la révolution du 25 janvier reste ambiguë puisqu’elle comprend des candidats considérés comme proches de l’ancien régime, dont Al-Yazal lui-même, coordinateur général de la coalition.
Le programme électoral de la coalition, comme l’affirme l’ancien général Yéhia Al-Kedwani, membre de la coalition, comprend en premier lieu « la protection de la sécurité nationale, le rétablissement de la stabilité, et le soutien aux institutions de l’Etat, surtout l’armée et la police ». Le programme met l’accent sur le développement économique, notamment en Haute-Egypte, à travers la création d’un réseau routier liant Le Caire aux gouvernorats du Saïd, et d’une ligne ferroviaire liant le gouvernorat d’Assiout à celui de la mer Rouge.
Al-Nour
Seul représentant islamiste de ces législatives, Al-Nour entre en compétition avec deux listes, la première dans la circonscription de l’ouest du Delta (première phase des élections) où le parti jouit d’une grande popularité, notamment à Alexandrie, bastion du salafisme. Et la seconde dans la circonscription du Caire, du centre et du sud du Delta (deuxième phase).
Les listes d’Al-Nour comprennent Nader Bakkar, le porte-parole du parti, Achraf Sabet, membre du comité suprême du parti, Taalat Marzouq, vice-président du parti pour les affaires juridiques, et Hanan Allam, en charge des affaires de la femme au sein du parti. On note aussi la présence de deux coptes (Constitution oblige) : Hani Samir et Nader Al-Sérafi.
Al-Nour se dit partisan des deux révolutions du 25 janvier et du 30 juin. En fait, après une réticence initiale à participer aux événements du 25 janvier, Al-Nour a annoncé son soutien à la révolution. En dépit du fait que c’est un parti islamiste, Al-Nour s’est officiellement aligné sur la position de l’armée contre les Frères musulmans. Il était parmi les forces présentes lors de la déclaration du 3 juillet qui a écarté le président Morsi du pouvoir et a annoncé la feuille de route. Depuis, Al-Nour a essayé de montrer au nouveau pouvoir sa « bonne volonté » en réaffirmant son soutien au président Sissi dans la guerre contre le terrorisme. Le président du parti, Younès Makhioun, avait récemment affirmé que « la stabilité de l’Etat égyptien et la protection de l’armée font partie des priorités du parti ». La liste d’Al-Nour soutient donc le président Sissi, du moins officiellement. L’idéologie d’Al-Nour est centrée sur la charia islamique. Le parti a été accusé par ses détracteurs de suivre une politique « discriminatoire », notamment en raison des positions du parti qui interdit aux musulmans de souhaiter un joyeux Noël aux chrétiens. Une campagne appelant à interdire le parti a été lancée récemment par des activistes de tous bords. Al-Nour se défend et affirme être un parti comme les autres. D’ailleurs, son programme ne mentionne pas de manière explicite la charia, et se contente d’affirmer la nécessité de préserver « l’identité de l’Etat et l’article 2 de la Constitution ». Ce dernier stipule que la charia islamique est la source de législation en Egypte. La santé et l’éducation sont les points-clés du programme électoral d’Al-Nour. Le parti propose un développement de l’infrastructure des écoles, ainsi que l’utilisation de la nouvelle technologie et l’amélioration de la qualité des professeurs pour réformer le secteur éducatif.
Qaëmat Misr (la liste de l’Egypte)
Après que sa candidature eut été acceptée par la Haute commission électorale le 7 octobre, Qaëmat Misr est finalement en lice dans les trois grandes circonscriptions, à savoir la circonscription du Caire, du centre et du sud du Delta, celle de la Haute-Egypte et celle de l’ouest du Delta. Il s’agit d’une alliance entre le Front nationaliste de l’ancien premier ministre et candidat à la présidence Ahmad Chafiq, et le Courant de l’indépendance présidé par le juge Ahmad Al-Fadali, qui est aussi coordinateur général de la coalition. Le Front nationaliste comprend surtout des figures de l’ancien régime de Moubarak, dont des membres de l’ancien Parti National Démocrate (PND), ainsi que les partis Misr Baladi, Al-Guil, et l’Egypte moderne. Quant au Courant de l’indépendance, il comprend plusieurs partis politiques, et est dirigé par le parti Al-Salam Al-Démocrati (la paix démocratique) et son chef Ahmad Al-Fadali. Parmi les candidats de cette liste, on peut mentionner entre autres Ahmad Al-Fadali, Qadri Abou-Hussein, ancien gouverneur de Hélouan, Mohamad Nasr Allam, ancien ministre de l’Irrigation, le général Hamdi Sarhan, et le général Samir Sallam, ancien gouverneur de Minya.
Alors que des rumeurs au sujet de désaccords entre le Front nationaliste et le président Sissi circulent dans les médias, Qaëmat Misr n’a fait aucune déclaration qui s’oppose au régime actuel. La coalition a plutôt confirmé son « engagement à la révolution du 30 juin, à soutenir l’Etat dans sa guerre contre le terrorisme, et à combattre l’extrémisme religieux ». Il s’agit donc d’une coalition pro-Sissi. La coalition ne semble pas très favorable à la révolution du 25 janvier.
Le programme électoral de Qaëmat Misr est basé sur la nécessité d’amender la Constitution pour élargir les pouvoirs du président. D’ailleurs, Qaëmat Misr fait campagne sous le slogan « Changeons la Constitution ».
Al-Tahalof Al-Gomhouri lil Qowa Al-Egtimaïya (l’Alliance républicaine des forces sociales)
Dirigée par Tahani Al-Guébali, ancienne vice-présidente de la Cour suprême constitutionnelle, cette alliance comprend plusieurs forces civiles, notamment l’Union des syndicats professionnels et la Fédération des femmes égyptiennes, ainsi qu’un certain nombre de syndicats ouvriers. On trouve également des personnalités, comme la présidente du syndicat des Infirmières, Kawsar Mahmoud, l’ancien candidat à la présidence Hossam Khaïrallah, la journaliste Samia Zein Al-Abidine, le président du syndicat des Paysans à Kafr Al-Cheikh, Réda Gharabawi, le président du syndicat des Agriculteurs à Daqahliya, Hassan Kamel.
En lice uniquement dans la circonscription du Caire, du centre et du sud du Delta, cette coalition ne participe pas à la première phase des élections. Elle devrait annoncer son pro gramme électoral et commencer sa campagne dans les semaines qui viennent, selon Tahani Al-Guébali.
Nidaä Misr (l’Appel de l’Egypte)
Cette liste, comme l’assure son porte-parole Tareq Zidan, se présente dans deux régions seulement : la Haute-Egypte et dans la circonscription du Caire, du centre et du sud du Delta. Parmi ses candidats, on trouve des noms comme Adel Abdel-Hamid, ancien ministre de la Justice, le général Abdel-Hadi Rachwan, vice-président du parti Homat Misr (les protecteurs de l’Egypte). Cette coalition comprend aussi le mouvement Ana Masri (je suis égyptien) ainsi que le parti d’Al-Mostaqélloune (les indépendants).
Le programme électoral de cette coalition repose principalement sur la justice sociale, comme l’a confirmé Hicham Anani, président du parti Al-Moustaqélloun, et membre de la coalition pendant un meeting électoral du parti à Minya. Combattre la pauvreté, le chômage et la corruption pour garantir les droits des moins privilégiés figure parmi les priorités de la coalition. Ses membres sont connus pour avoir soutenu la révolution du 30 juin et le président Sissi, et ne se sont jamais opposés à celle du 25 janvi er. Comme le confirme le porte-parole Tareq Zidan, la coalition promet de contrecarrer la corruption si elle est élue au parlement.
Forsan Misr (les cavaliers de l’Egypte)
Cette liste est issue du parti Forsan Misr présidé par le général Abdel-Rafie Darwich. Elle comprend des anciens généraux des forces armées soutenant le président Abdel-Fattah Al-Sissi. La liste se présente uniquement dans la circonscription de l’ouest du Delta.
Tout comme les autres coalitions, Forsan Misr a annoncé son soutien à la révolution du 30 juin et à Sissi. Pourtant, sa position vis-à-vis de la révolution du 25 janvier n’a jamais été évoquée.
Le programme de cette liste est centré sur l’enseignement technique, la justice sociale et le développement agricole. Le programme réclame l’augmentation des pensions, surtout celle des militaires à la retraite. Darwich a affirmé que pour faire face au terrorisme il faut absolument changer le discours et corriger les concepts religieux à travers Al-Azhar.
Kotlet Al-Sahwa Al-Wataniya Al-Mostaqélla (bloc du réveil national indépendant)
Cette coalition, formée par le cheikh Mohamad Al-Assouani, est en lice en Haute-Egypte uniquement. Elle est composée de membres des tribus arabes et de courants soufis. La liste est soutenue par l’Association du réveil azharite soufie. Le coordinateur général de la liste, Ahmad Hassan, a nié que la coalition soit liée d’une façon ou d’une autre aux Frères musulmans, affirmant que les soufis ont toujours été opposés aux Frères, même avant la révolution du 30 juin.
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